La sécurité, la conformité réglementaire et la transparence des opérations et des systèmes font partie des grands défis à relever pour accélérer l'adoption du cloud, que ce soit pour les déploiements en interne, et davantage encore pour les solutions externalisées. Dans le cloud, la simple requête d'un utilisateur final peut parcourir le réseau local d'une entreprise, des serveurs externes, des cloud publics, et solliciter un certain nombre d'autres ressources avant d'être traitée. Pour beaucoup, ce parcours rend la lecture et la compréhension des logs relatifs aux opérations qui traversent les systèmes cloud hautement virtualisés, assez difficile. D'où la demande, par certains, d'une nouvelle norme pour les logs dans le Cloud. Mais celle-ci ne fait pas l'unanimité.

La question des logs au sein du Cloud mobilise depuis un certain temps l'entreprise de Misha Govshteyn, vice-président de la technologie et des solutions pour fournisseurs de service chez Alert Logic. L'entreprise, qui propose des services de sécurité et de management de logs, est encore plus concernée par le problème depuis qu'elle a pour client des fournisseurs de services d'hébergement. « Les états que nous recevons ne nous permettent pas vraiment de vérifier ce qui se passe chez eux, » explique-t-il. « Cette masse d'informations, déversée par la plupart des matériels et des logiciels, ne permet pas de savoir quelles ressources ont été sollicitées, qui a demandé le service, en quoi d'autres services ont contribué à la transaction, ou même ce qui a effectivement été utilisé par le demandeur, » ajoute t-il. C'est pourquoi, Alert Logic - avec le soutien de DataPipe, Eucalyptus Systems, Hosting.com, Mezeo Software, et Perimeter E-Security - a récemment proposé une norme, CloudLog, qui vise à simplifier la gestion des états de log pour les plates-formes Cloud et chez les fournisseurs de services.

Une meilleure visibilité et traçabilité


Actuellement en cours d'étude auprès de l'Internet Engineering Task Force (IETF) en vue de la rédaction d'un document informel Request For Comments (RFC), le CloudLog permettrait de savoir plus simplement sur quel matériel tournait telle ou telle machine virtuelle, ou à quelles ressources les utilisateurs, et leurs rôles associés, ont eu accès. « Les machines virtuelles bougent en permanence, et tournent sur différentes machines physiques. Si vous vous retrouvez avec une machine physique qui a été endommagée, c'est un vrai défi de savoir quelle machine virtuelle tournait sur cette machine physique à un moment donné, » explique John Eastman, CTO de Mezeo Software, une entreprise qui vend des services de stockage aux fournisseurs. « La seule information dont on dispose, c'est que le système tournait dans le Cloud, »  ajoute-t-il. En l'état actuel, Mezeo a intégré CloudLog dans sa plate-forme Cloud Storage pour simplifier l'enregistrement des données essentielles. « Avant d'utiliser le format CloudLog, nous avons dû comprendre comment rendre cette information intelligible, parce que même si nous disposions des logs, il restait difficile d'associer un système avec les machines virtuelles, » explique le patron de Mezeo. « CloudLog nous a aidé à résoudre certaines questions de sécurité, relatives à la transparence notamment, et à identifier exactement qui utilisait telle ou telle machine virtuelle, » indique John Eastman.

Quelques réfractaires


Mais tout le monde n'est pas convaincu de la nécessité d'une standardisation. C'est notamment l'avis de Raffael Marty, fondateur et directeur de Loggly qui fournit des services de log pour le cloud. « Je tiens à souligner que le cloud, que ce soit le SaaS, PaaS, ou IaaS, n'a pas besoin d'une nouvelle norme de log ! Depuis des années, nous travaillons avec des architectures multi-niveaux et virtualisées qui sont à la base de la construction du Cloud. Aucun des attributs spécifiques du Cloud, comme l'élasticité, le paiement à l'usage, etc... n'exigent une gestion de log particulière, » écrit-il sur son blog dans un article intitulé « Pourquoi une norme de log pour le Cloud n'a pas de sens. » Selon lui, s'il y a un effort à faire en matière de log dans le Cloud, pour des architectures virtualisées, asynchrones, et distribuées, c'est plutôt du côté du standard Common Event Expression (CEE) qu'il faudrait regarder. Mais, selon Misha Govshteyn, il n'existe encore aucune implémentation du standard CEE, ni aucun projet de publication d'une quelconque spécification à l'étude. « Nous devons avancer dans cette direction,» estime-t-il.