Tous les ans, les Rencontres du risk management, organisées par l'Amrae (Association pour le management des risques et des assurances de l'entreprise), constituent un événement de référence européen sur la gestion des risques. La 28ème édition aura lieu du 5 au 7 Février 2020 à Deauville sur le thème « Le(s) risque(s) en puissance ». Comme chaque année, les conférences en plénières, des ateliers et un espace d'exposition. L'an dernier, les cyber-risques étaient en tête des thèmes d'ateliers où les inscriptions culminaient. Mais, cette année, ils sont passés d'une part dans le peloton et, d'autre part, en sous-jacent à d'autres thématiques. « Chaque entreprise a une vision autocentrée des risques et le but des Rencontres est de donner une vision plus macro » a expliqué Brigitte Bouquot, président de l'Amrea lors de la présentation de l'événement.
Mais pourquoi ce titre « Le(s) risque(s) en puissance » ? La vraie évolution à prendre en compte dans la gestion des risques est une inversion des rôles entre les états et les entreprises. Brigitte Bouquot a relevé : « là où les entreprises avancent vers plus de responsabilité, les états génèrent des risques ». Du coup, les risques deviennent plus amples et nombreux. Les risques majeurs sont ainsi liés au réchauffement climatique, au contrôle de la technologie comme par la technologie et la crise de confiance envers les institutions ou les autres pays. Ainsi, les modèles économiques et politiques sont remis en cause. Mais aussi les modèles diplomatiques des dernières années. Les exemples sont nombreux : guerre commerciale Chine/Etats-Unis, conflit Etats-Unis/Iran, Brexit, Gilets Jaunes, crise à Hong-Kong... « Si la chose politique est taboue en entreprise, elle doit être étudiée d'un point de vue des risques » a jugé Brigitte Bouquot. Sur les prochaines Rencontres, une table ronde de plénière concernera d'ailleurs les « nouveaux équilibres » où une intervention de l'ancien Premier Ministre Bernard Cazeneuve est attendue.
« Les gestionnaires de risques ont le sentiment de mieux maîtriser les cyber-risques »
Les risques doivent aussi être vus d'un point de vue financier. Les actuels taux bas constituent sans doute aussi une manifestation de la crise de confiance. Or ces taux bas sont des facteurs de risques sur la solidité certes des banques mais aussi des assureurs. Au-delà du risque de crise économique, il pourrait y avoir un impact sur le marché de l'assurance et sa capacité à répondre aux besoins de couverture des risques. Et ce d'autant plus que les risques sont de plus en plus corrélés et systémiques. La matinée du vendredi des Rencontres sera ainsi consacrée à l'évolution du marché de l'assurance.
Préparés par le Comité Scientifique de l'Amrae, les ateliers rencontrent toujours un succès certain. Ceux qui suscitent le plus d'inscriptions marquent ainsi les préoccupations majeures actuelles des gestionnaires de risques. Si, l'an dernier, les cyber-risques étaient en tête, ils ont aujourd'hui fortement rétrogradés. Il faut y voir l'effet de la multiplication des actions relatives à cette famille de risques ces derniers temps. « Les gestionnaires de risques ont tendance à aller sur les ateliers concernant des questions qu'ils ne maîtrisent pas mais ils ont aujourd'hui le sentiment de mieux comprendre ces risques » a expliqué Brigitte Bouquot. Il en résulte un retour à certains fondamentaux qui ont subi des évolutions majeurs. Les ateliers suscitant le plus d'inscription sont ainsi ceux sur la perte d'exploitation sans dommage, l'évolution des risques et celle des assurances, les incendies majeurs (comme ceux de Notre-Dame ou de Lubrizol), la gestion des risques et la performance, l'affectation de l'indemnité d'assurance... et ce que l'intelligence artificielle peut apporter à la gestion des risques (mais pas l'intelligence artificielle comme facteur de risque).
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