Ni la grève des transports, ni les frimas hivernaux n’ont eu raison de la première Kubernetes Community Days (KDC) en France. Les participants (environ 1 000 personnes) ont en effet répondu présents à Paris ce 7 mars au centre Georges Pompidou à Paris pour assister aux conférences et échanger avec les partenaires (OVHCloud, Red Hat, Scaleway, Mirantis, etc…) de cette première édition. Pour son baptême, les organisateurs ont choisi un invité de référence dans la communauté des conteneurs : Solomon Hykes, co-fondateur de Docker et créateur de la start-up Dagger.
Solomon Hykes en guest star
Interrogé sur Kubernetes, il a indiqué qu’aujourd’hui, « l’orchestrateur de cluster de conteneurs est dans la phase haute du hype cycle, le projet est plus mature et il est dominant dans le développement du cloud ». Il observe que Kubernetes se fragmente et que cela sera « de pire en pire ». Pour autant, « les mainteneurs du projet gardent à l’esprit que K8's a un rôle très précis, c’est-à-dire l’orchestration », glisse-t-il et c’est ce qui fait que « Kubernetes ne disparaîtra pas » pour ceux qui s’inquiétaient. Il ne pouvait pas échapper à la question sur les IA génératives et constate que « cela bouge vite dans ce domaine. C’est le début d’une guerre monstrueuse entre Microsoft et Google qui peut être une opportunité pour les start-ups ». Il se rappelle qu’il y a quelques années OpenAI venait chez Docker pour entraîner ses modèles et tester des conteneurs sur des GPU.
Solomon Hykes, co-fondateur de Docker et créateur de Dagger, était l'invité de marque de la KCD Paris. (Crédit Photo: JC)
Solomon Hykes est revenu ensuite sur sa vie après Docker en évoquant sa nouvelle aventure Dagger. La société (comprenant des anciens de Docker) s’intéresse ainsi aux pipelines CI/CD et à l’automatisation de certaines tâches. La solution fournit un moteur (basé sur buildkit de Docker), une API et des SDK pour différents langages (Go, Java, Rust,…). Elle est capable d’agréger via des scripts plusieurs micro-pipeline sur certains workflows comme du test, de l’intégration, des modèles de machine learning. « Il s’agit d’un jeu de lego avec de l’automatisation », indique le dirigeant. Il compte maintenant développer Dagger Cloud, pour avoir une visualisation de l’ensemble de ces « daggs ». Une beta privée est en cours de déploiement.
Du Kubernetes derrière la numérisation de la correction du bac
En dehors du co-fondateur de Docker, les organisateurs du KDC Paris ont invité des clients à témoigner. Dans la keynote d’ouverture, c’est le ministère de l’Education nationale qui est venu s’exprimer sur différents projets. Parmi eux, il y a « Santorin », acronyme de système d’aide à la notation et à la correction. Dans le cadre du baccalauréat, les copies sont numérisées et indexées en fonction du nom du candidat (une solution de reconnaissance de caractères et de deep learning a été mise en place), les correcteurs peuvent ensuite évaluer les copies depuis leur ordinateur. Le projet a débuté en 2017 pour gérer la réforme du bac. En 2018, Kubernetes a été déployé sur un cluster hébergé à Rennes puis en 2019 les premières expérimentations ont eu lieu avant le grand bain en 2022 (année du bac complet). La plateforme de CI/CD repose sur du Jenkins, Groovy, SonarKube.
Présentation du projet Santorin de l'Education nationale. (Crédit Photo: JC)
Aujourd’hui, les chiffres sont éloquents avec « 5,7 millions de feuilles numérisées, 17 To de copies, 112 nodes, 896 vCPU, 1 792 Go de RAM », précise un responsable du projet. Bien évidemment la sécurité est de mise notamment sur la gestion des secrets avec des audits internes et externes ainsi que l’utilisation de solutions de type Ansible Vault ou Hashicorp Vault. L’équipe derrière ce projet travaille déjà à son extension auprès des BTS et de bac pro, rajouter des GPU pour le traitement des images. Interrogé sur les difficultés rencontrées avec Kubernetes, les intervenants de l’Education nationale constatent que la complexité vient de la partie infrastructure, « gérer les volumes de stockage, les montées de versions sur les clusters, le support du legacy ». Mais les bénéfices sont au rendez-vous surtout sur un plan budgétaire de plus en plus contraint.
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