Pour répondre à ses multiples projets (cerveau, climatologie, systèmes moléculaires...), le Centre de recherche des Laboratoires Jülich en Allemagne a décuplé la puissance de son supercalculateur. Atteignant une capacité de calcul de 10 pétaflops, ce dernier va ainsi passer à 70 pétaflops grâce au nouveau modèle Juwels embarquant plusieurs centaines de lames BullSequana X215 couplées à des GPU Nvidia A100 interconnectés NvLink. Actuellement en phase de fabrication, Juwels commencera à être déployé cet été pour une mise en oeuvre en septembre 2020.
« Ce projet intègre les tous derniers accélérateurs NVidia qui sont intégrés de manière la plus efficace dans l'architecture BullSequana refroidie à l'eau chaude pour obtenir la meilleure efficacité énergétique avec une puissance pas égalée sur le marché qui permet d'avoir la meilleure densification au niveau des applications scientifiques », nous a expliqué Agnes Boudot, vice-présidente de l'activité HPC et Quantum chez Atos. AtoS travaillait déjà depuis deux ans avec le Centre de recherche des Laboratoires Jülich pour lequel il avait fourni une solution HPC à base de lames de calcul dotées de processeurs Intel. Aujourd'hui, le projet a été conclu pour une durée de 5 ans. « Il y a une interconnexion entre le projet précédent et ce nouveau module sur la partie accélératrice qui donne les prémisses d'une architecture exascale que le Centre veut promouvoir », poursuit Agnès Boudot.
Chaque lame BullSequana X215 au format 1U comprend 1 noeud d’accélération comprenant chacun une carte CPU intégrant 2 processeurs AMD EPYC/Milan, 16 modules de mémoire DDR4 32GB 3200MTs, ainsi qu'une carte GPU HGX-A100 comprenant 4 GPU Nvidia A100 et un système d'interconnexion Mezzanine BXI or HDR200. (crédit : Atos)
La technologie accélératrice Intel XE an menu pour 2021/2022
Le supercalculateur Juwels embarque plusieurs centaines de lames de calculs, chacune étant équipée de 4 processeurs graphiques NVidia GPU A100 - dont le fabricant américain a donné les détails techniques lors de sa dernière conférence - interconnectés avec NVLink et couplés à des processeurs AMD. « En termes de design, nous voulions avoir des processeurs qui accèdent à la partie GPU et ensuite une connexion Mellanox HCR avec 4 liens Infiniband HCR dont chaque lame de calcule est reliée à une topologie Dragonfly », explique Agnès Boudot. « C'est la meilleure intégration possible que l'on pouvait faire au niveau architecture avec les processeurs AMD Epyc, le meilleur critère prix-performance ». Pour Atos, Juwels constitue un point de départ. En effet, 7 déclinaisons de ses cartes BullSequana X215 sont prévues à destination de fermes de calculs. « Ce que l'on veut faire c'est transformer un projet en déclinaison commerciale pour tirer partie de la R&D avec Nvidia et Mellanox », indique Agnès Boudot. En termes d'évolution, le groupe prévoit par ailleurs d'intégrer également d'autres technologies accélératrices comme Intel XE d'ici 2021/2022. « Il peut y avoir pour nous à la fois une approche stratégique et opportuniste ».
En termes de positionnement marché, Atos est bien positionné face à d'autres sociétés comme IBM et Dell. « Ils sont sortis plus tôt en Europe et ont une part de marché qui progresse très rapidement », nous a indiqué Steve Conway, analyste chez Hyperion. « Atos a fait de très gros progrès, ils continuent de progresser sur un marché qui n'est pas facile mais où il existe une grosse demande en termes d'usage lié aujourd'hui à la lutte contre le Covid-19. Le supercalculateur est juste un outil, un marteau, dans les mains des scientifiques ». Sur un marché du HPC estimé à 12,6 milliards de dollars dans le monde, en progression de 40% en 2019 et qui devrait atteindre 19,2 milliards en 2024, Atos progresse fortement. Après des revenus de 270 millions de dollars en 2019, le groupe revendique 400 millions de dollars de chiffre d'affaires pour son activité HPC et une présence marché au niveau européen de 35% avec de beaux projets glanés avec Météo France, ECMWF et le centre de climatologie allemand.
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