Le Monde Informatique : Vous avez eu le temps de prendre vos marques depuis votre élection en tant que président d'ADN Ouest en mars dernier. Quels changements allez-vous impulser tout au long de votre mandature ?
Jean-Pierre Moreau : ADN Ouest a changé en termes de gouvernance. Avant, son fonctionnement était basé uniquement sur 3 collèges, prestataires, utilisateurs et établissements d'enseignement et de recherche. Désormais, l'organisation est aussi plus transversale, par activités, projets, innovation et responsabilité sociale et environnementale avec 4 vice-présidents qui ont été nommés. ADN Ouest, c'est aujourd'hui en 25 ans d'existence 525 adhérents et un poids économique de 45 à 50 000 emplois dans le numérique, et plus de 130 événements organisés par an.
Comment allez-vous vous positionner par rapport à votre prédécesseur, Christophe Chapet ?
Beaucoup de projets ont été initiés sous l'influence de Christophe. Il a eu de très bonnes idées dont l'accélérateur ADN booster. Grâce à lui, 19 start-ups ont déjà été accélérées. On ne cherche pas à faire de la quantité mais de la qualité, car la finalité c'est que cela serve à créer de la valeur sur le territoire et à créer de l'emploi.
Ce que je veux faire, c'est asseoir et transformer ces projets naissants en réussite. Il reste encore beaucoup à faire. ADN Ouest est une association en pleine croissance. Une de nos ambitions c'est de pérenniser les emplois qui sont aujourd'hui au nombre de 6.
Pensez-vous qu'ADN Ouest est bien positionnée par rapport à d'autres associations locales pour prendre le lead sur la question du numérique ?
Je crois beaucoup aux synergies, il n'y a pas de concurrence. On parle avec les présidents des DRO (dirigeants responsables de l'Ouest), de la fête des Lauréats du Réseau Entreprendre. On parle aussi beaucoup avec La Cantine. On a tout à gagner en travaillant en synergie. Si on prend des activités comme les accélérateurs Village by CA et celui de La Cantine, on pourrait penser à de la concurrence mais ce n'est pas le cas car on n'est pas sur les mêmes modèles.
Ce qui est important pour moi c'est le développement régional. On a déjà une très belle dynamique en Bretagne. L'idée c'est de mieux organiser les échanges entre des villes comme Brest et Rennes ou cela ne communique pas forcément bien. Mais nous voulons aller jusqu'au Mans, Angers et la Vendée en s'appuyant sur La Loco Numérique ainsi que des partenariats historiques avec la CCI. Yann Trichard, président de la CCI Nantes St-Nazaire [où se rendra l'IT Tour auquel Jean-Pierre Moreau participera le 16 novembre prochain, NDLR] s'est d'ailleurs associé à nous sur le dernier événement Digital Change. La prochaine édition aura une portée plus large, on est dans une phase de conception et de réflexion pour cet événement qui devrait normalement se dérouler à la salle XXL de la Beaujoire avec beaucoup plus de personnes.
Quels sont les principaux projets numériques menés dans les entreprises en région Pays de Loire ?
En tant que DSI, je peux d'abord vous dire que la transition numérique dans les entreprises est à considérer sous deux axes. La conduite du changement et la responsabilité sociale et environnementale d'une part, et un axe technologique avec l'émergence des objets connectés, la cobotique, mais aussi la dimension de bien-être au travail. Dans les séminaires ADN Ouest, comme le dernier sur la santé numérique ou encore le prochain en décembre sur l'intelligence artificielle, on suit ces évolutions numériques.
L'intelligence artificielle tout le monde en parle justement...
L'IA devient un gros thème. Ce qui est sous-jacent aussi, c'est la sécurité. On est de plus en plus menacé. Cela ne suffit pas de mettre un firewall pour être protégé, le problème c'est l'acculturation du collaborateur qui devient un casse-tête. L'autre problème en ligne de fond, c'est le big data. La data devient très importante dans l'industrie du futur et reste un thème central pour moi.
Qu'est-ce qui vous a marqué le plus dans l'évolution technologique de ces dernières années ?
Ce qui me marque fondamentalement, c'est la prise de conscience par les entreprises que le numérique va les transformer. Dans les entreprises de 250 personnes, les dirigeants aussi ont compris qu'il fallait aller vers ça. Ce n'était pas le cas avant. Tout va aujourd'hui très vite. On a visité Armor dernièrement, ils sont très en avance sur la robotique, l'analyse prédictive des pannes... Ce qui est encore plus fort aussi c'est la prise de conscience par nos jeunes start-ups du fail to learn. Elles n'ont plus peur de faire des pivots. La peur de l'échec n'existe plus, je le constate chez les jeunes start-ups.
Jean-Pierre Moreau est Directeur des Systèmes d'Information, Groupe Bouhyer & Président, ADN Ouest.
Avec l'argent des autres (BCE, BEI, BPI, CDC, etc) la peur d'entreprendre est un vague souvenir jusqu'au jour où il faudra réaliser du résultat pour trouver un équilibre financier. En réalité la french tech n'est qu'un argument fallacieux pour rincer le contribuable par un mille-feuille administratif (de plus) aussi inutile que l'essaim de parasites de la formation professionnelle.
Signaler un abusIl faut aussi comprendre que les français sont allergiques au risque tout en désirant rester à la pointe de la modernité, càd la culture du beurre et de l'argent du beurre (sans oubler la crémière). Il n'y a malheureusement qu'à travers l'impôt et la sécurité usurpée de l'épargne sans risque que la France puisse investir dans son développement économique.