Dans son rapport d’activité annuel, l’autorité de régulation des communications électroniques et de la Poste dévoile aujourd’hui la partie liée à l’état de l’Internet en France. Elle revient sur les actions du régulateur pour veiller au bon fonctionnement de l’Internet et à son développement. Ce document donne plusieurs chiffres et tendances notamment sur l’interconnexion des réseaux et sur la transition vers IPv6.

Sur le premier point, l’Arcep constate que le trafic Internet entrant continue sa progression. Il a atteint 46,5 Tbit/s à la fin 2023 soit une hausse de 7,6% par rapport à 2022. Le régulateur observe que cette augmentation est plus légère que la période précédente (+21% entre 2021 et 2022). Le top des acteurs qui sont à l’origine de plus gros trafic est Netflix (15,3%), Google (9,8%), Meta (6,8%) et Amazon (6,4%). On peut ajouter les fournisseurs de CDN comme Akamai (12,3% du trafic). L’Arcep estime à 20% le trafic acheminé par ces CDN. On notera que le trafic d’Apple (1,2%) et au coude à coude avec Bytedance, maison-mère de TikTok (1,1%).

IPv6, une progression très disparate

Le deuxième point traité par le gendarme des télécoms est l’adoption d’IPv6. Cette migration est rendue inévitable avec l’épuisement en 2019 des adresses IPv4 en Europe. Pour mémoire, ce protocole permettait la création de 4,3 milliards d’adresses IP, pour IPv6 ce sont 340 undécillions (340 suivi de 66 zéros) d’allocations qui sont attribuables. Mais ce changement nécessite des investissements dans les réseaux des opérateurs et du temps.

Dans son baromètre, l’Arcep constate qu’à la mi-2023 la transition vers IPv6 progresse chez les opérateurs fixes (FTTH, câble, ADSL) pour atteindre 81% de leur réseau. Cette migration devrait être complète en 2030 estime l’autorité, tout en ajoutant que pour les offres Internet à destination des professionnels « la transition pendra quelques années de plus ». Elle constate par ailleurs une disparité en fonction des opérateurs. Le moins bon est SFR, car il termine le renouvellement des équipements réseau qui étaient incompatibles avec l’IPv6 sur FTTH. La plupart des autres acteurs ont déjà activé cette possibilité, mais pas pour les clients ADSL et VDSL. Sur le réseau mobile, le taux d’adoption s’élève à 66% avec là encore des disparités en fonction des opérateurs et des OS mobiles. Enfin, côté fournisseurs de contenu et hébergeurs, 31 % des sites web sont disponibles en IPv6 (19 % pour les emails).