Internet n'est qu'un reflet de la population qui l'utilise, selon Vinton Cerf, considéré comme l'un des fondateurs du Web et, depuis 1996, chef évangéliste chez Google. Le créateur du protocole TCP/IP estime ainsi que les maux dont souffre Internet - vol d'identité, escroquerie, épidémies virales, etc. - sont simplement liés à la nature de la société, et ne dépendent pas de la technologie sur laquelle ils reposent. « Si vous vous placez en face d'un miroir et que vous n'aimez pas ce que vous y voyez, ça ne vous aidera pas à corriger le miroir », a-t-il expliqué lors d'une conférence tenue à Bangalore. Selon Vinton Cerf, les entreprises oeuvrant sur Internet déploient maints efforts pour prévenir les dérives du Web, mais ces problèmes relèvent davantage des sphères sociales et économiques que de la seule technologie. Et de citer l'exemple d'Orkut, le site de réseau social de Google, mis en cause en Inde après que des utilisateurs eurent critiqué le sous-continent et des personnages historiques vénérés. De même, le système des castes se retrouverait sur ce même Orkut. Autant de phénomènes illustrant la reproduction sur le Web des faits sociaux. Le spam est un autre exemple, explique Vinton Cerf. Il n'est qu'un effet de la gratuité prégnante, en l'occurrence celle des services d'emails. Par ailleurs, le concepteur du TCP/IP, également président du directoire de l'Icann, estime que la prochaine vague de croissance du nombre d'internautes sera issue des applications mobiles. Les téléphones portables, explique-t-il, constituent un vecteur important de la révolution Internet. Aujourd'hui, 2,5 milliards de personnes utilisent un mobile, un chiffre en augmentation permanente en grande partie en raison de la croissance rapide observable dans les pays émergents comme l'Inde et la Chine. Pour le seul sous-continent, ce sont sept millions d'utilisateurs supplémentaires qu'il faut compter chaque mois.