Depuis quelques temps, l’intelligence artificielle est devenue pour beaucoup synonyme de machine learning. Une série d’actions marketing bien menées y sont sans doute pour quelque chose. Pourtant, l’intelligence artificielle est un domaine bien plus vaste. En effet, le machine learning n’est qu’une des approches de cette matière, approche que l’on appelle également « approche statistique ». Dans le domaine de l’IA, il existe deux grandes familles : d’un côté l’approche statistique (parfois aussi appelée probabiliste), et de l’autre l’approche déterministe. Aucune de ces deux approches n’est supérieure à l’autre, elles font chacune appel à des procédés différents et sont simplement plus ou moins adaptées selon les différents cas d’usage. Fondamentalement, les systèmes d’intelligence artificielle ont en commun d’être conçus pour imiter des comportements propres aux humains. Nous allons prendre ici l’exemple d’une banque pour détailler les avantages et inconvénients de chacune des solutions.
Imiter le comportement humain
Imaginons donc que vous mettiez en place un tel système au sein d’une banque dans le but d’augmenter vos ventes. Le système pourrait ainsi être déployé sur des tablettes pour guider chaque conseiller bancaire dans sa tâche. L’objectif est de modéliser les meilleures pratiques spécifiques à la banque et de les implémenter dans le système. C’est dans ce processus de modélisation des meilleures pratiques que l’on peut comprendre la différence entre l’approche statistique et celle déterministe, et où l’on perçoit la valeur finale de telle ou telle approche.
L’approche statistique
Comme son nom l’indique, cette approche est basée sur des méthodes statistiques. Cela signifie que ce type d’IA établit une moyenne et apprend à partir de cette moyenne de façon autonome pour faire évoluer le système. Dans notre cas de la banque, comment cela fonctionnerait-il ? Le système automatiserait sur la base d’une moyenne ce que font les conseillers bancaires et ce dans tous les scénarios. Et en ce qui concerne la conformité, sujet capital dans le domaine bancaire, la machine automatiserait également la compréhension qu’un employé moyen en a.
Un tel système associe donc corrélation et causalité de façon aléatoire. Pour prendre un exemple simple, aux Etats-Unis, les cas de noyade dans les piscines corrèlent exactement avec le nombre de films dans lesquels Nicolas Cage est apparu. Un système d’IA probabiliste pourra potentiellement vous dire que la meilleure façon d’éviter le risque de noyade est d’empêcher Nicolas Cage d’apparaître dans des films ! Nous sommes pourtant tous d’accord pour convenir que ne plus avoir Nicolas Cage apparaitre dans des films n’aurait aucune incidence sur les risques de noyade. Ce que fait un système d’IA basé sur une approche statistique, c’est d’automatiser 100% d’une activité, mais avec seulement 70% de précision. Il sera toujours en mesure de vous fournir une réponse, mais 30% du temps, la réponse apportée sera fausse ou inexacte. Cette méthode ne peut donc pas convenir à la plupart des activités d’une banque, d’une assurance, ou encore de la grande distribution. Dans bon nombre d’activités de service, fournir 30% de réponses erronées aurait un impact majeur. En revanche, cette approche est très adaptée et utile dans d’autres domaines, tels que notamment les réseaux sociaux, la publicité, etc., où le machine learning peut obtenir des résultats très intéressants face à l’immense quantité de données analysées et où un taux de 30% d’erreurs reste relativement indolore.
L’approche déterministe
L’autre courant de l’IA est appelée « déterministe ». Cette technologie repose sur des moteurs d’inférence qui sont programmés en fonction des meilleures pratiques de l’entreprise. Cela correspond à ce qui existe en matière de pilotage automatique d’avion ou encore de robotique dans l’industrie automobile. Ils automatisent 70% du processus et sont programmés par un expert dans le domaine. Ils sont également capables de prévenir les utilisateurs lorsqu’ils rencontrent un scénario pour lequel ils n’ont pas été programmés. Le principe de ces systèmes est d’automatiser les tâches répétitives et fastidieuses pour les humains et ainsi de pouvoir dégager du temps aux travailleurs pour d’autres tâches à plus forte valeur ajoutée.
Toujours dans le cas de la banque, comment pourrait-on utiliser cette approche déterministe dans un tel cas de figure ? De façon simple, vous souhaitez programmer ce système expert en vous basant sur vos meilleures pratiques. Le système prendrait alors en charge 70% du processus métier (l’automatisation de l’analyse d’actions en bourse par exemple) et il le ferait avec 100% de précision, allant même jusqu’à vous fournir une traçabilité grâce à « des pistes de vérification » pour toutes les conclusions fournies. Dans des secteurs d’activité comme la banque, l’assurance, la grande distribution et beaucoup d’autres, l’approche déterministe permet déjà de booster les ventes et d’améliorer les performances, tout en réduisant les coûts.
L’intelligence artificielle dépasse donc largement le machine learning. Ce dernier fait beaucoup parler de lui parce qu’il correspond aux fantasmes positifs et négatifs des Hommes par rapport à la machine : le rêve et la crainte d’une machine capable d’apprendre toute seule. L’IA déterministe est certes moins glamour, mais elle a déjà fait ses preuves et répond de manière très précise à bon nombre de besoins des entreprises.
Bonjour;
Signaler un abusJ'ai lu votre article (lors d'un partiel).
Ayant fait des concours de prediction (image ...) j'ai été plutôt deçu par la partie correspondant à l'approche statistique : dire que le machine learning ML est une approche statistique est faux, le ML regroupe different modèle, et il y a entre autres des models et certains types d'évaluation du taux d'erreurs (et non pas de moyenne) qui peut être statistique. Mais les modèles statistiques datent, ils sont par contre plus simples à mettre en place que des réseaux de neurones par exemple. Quand vous parlez de corrélation entre le nombre de noyades et le nombre d'apparition de Nicolas Cage dans un film Et qu'un système d'IA probabilistique pourra probable dire qu'il faut empêcher Nicolas Cage d'apparaitre dans des films pour éviter les noyades, ça n'arrive jamais, ce n'est même pas un exemple d'ailleurs. Un domaine de l'ingénieur en ML, la sélection de données ou data engineering, a pour but de chercher et de "travailler" les données pour que l'on est le meilleur modèle pour avoir le plus de précision possible. Dans le cas des noyades on va jamais faire un algorithme qui detect le nombre d'apparition d'une personne dans un film, c'est absurde. Cet exemple discribilise tellement le machine learning vis-à-vis du grand public. Et en plus affirmer que le ML a 70% de précision c'est n'importe quoi, ça depend d'une multitude de facteurs et de l'algorithme que mets en place la personne. Est-ce que le système de reconnaissance vocale de Siri a 30% d'erreur? Non.
L'approche déterministe est de moins en moins utilisé, certains modèles les bas largement comme dans le domaine de la reconnaissance d'image avec les reseaux neuronales convolutif CNN.
Dernier paragraphe : "l'intelligence artificielle dépasse donc largement le "machine learning"", j'ai trouvé ça amusent. Rule bases system, est la forme la plus simple qui existe en matière d'IA.
Bonne journée.
Référence :
Deep learning
Ian Goodfellow Yoshua Bengio Aaron Courville
Machine Learning, Neural and Statistical Classification Editors: D. Michie, D.J. Spiegelhalter, C.C. Taylor February 17, 1994.
Victor
l'intelligence est déterministe, mais la conscience est probabiliste ET aléatoire ?
Signaler un abusLa personnalité est les proportions entre déterminisme,probabilisme,aléatoirisme ?
Ciao
Olivier
certes pas de IA si structure résonnement déterministe rigide faite par l'homme. Mais si mise au point d'une structure déterministe pouvant elle même démontrer de nouvelles règles et les prendre en compte dans la recherche de nouvelles règles déterministes, prise en compte elles même pour nouvelle recherche.... système récursif ! ...exponentiel ? ...intelligence ? ...conscience ?
Signaler un abusBonjour Cédric,
Signaler un abusL’IA est la discipline qui permet de répliquer des capacités propres au comportement humain telles que la compréhension, le raisonnement, le dialogue, l’adaptation, ou encore l’apprentissage. Pour y parvenir l’IA doit posséder un moteur (d’inférences, de règles, etc) qui émule le raisonnement humain. Les deux approches ne sont que les moyens de mettre les règles dans le moteur.
Stefan Ticu
Bonjour,
Signaler un abusj'ai lu votre article et j'ai une petite question concernant l'IA deterministe.
Peut-on vraiment parler d'IA alors que la programmation derrière est deterministe, c'est à dire que les différentes possibilités qui se présentent sont toutes "traitée" dans le programme au cas par cas?
J'ai plutôt l'impression que l'IA relève de méthodes statistiques qui sont génériques et l'ordinateur détecte, lors se son apprentissage, les réponses à fournir en fonction des inputs qui lui sont donnés.
C'est une interrogation que je me pose sur ce qu'est réellement l'IA.
Bien à vous.
Cédric