Face à une pénurie mondiale en semiconducteurs dont on est loin de voir encore la fin, mettre les bouchées double pour accroitre leurs productions pourrait s'avérer salvateur. Mais cela nécessite bien sûr des investissements conséquents et des reins financiers très solides. Pour le CEO d'Intel, Pat Gelsinger (ex VMware), le temps semble en tout cas venu de passer à l'offensive. Le dirigeant, qui a engagé un vaste plan de réorganisation de l'entreprise dès sa prise de fonction début 2021, a ainsi évoqué à l'occasion de sa venue sur le salon IAA Mobility de Munich, un plan d'investissement de 80 milliards d'euros pour doper les capacités de production du groupe tout spécialement en Europe. Il est à noter que cela ne se fera cependant pas du jour au lendemain, puisque étalé sur les dix prochaines années.
Depuis plusieurs mois, Pat Gelsinger a engagé des contacts et rencontré des personnalités politiques de premier plan dont le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel ou encore le premier ministre italien Mario Draghi. La Belgique, les Pays-Bas ou encore la Pologne font aussi partie des points de chute potentiels pour les prochaines usines du fondeur - a priori deux - sur le vieux continent. Le choix d'Intel n'est pas encore fait, mais trois pays tiendrait la corde : l'Allemagne, la Belgique et la France. Outre ces nouveaux sites, Intel prévoit également de renforcer les capacités de sites existants, comme en Irlande, où il a dépensé 15 milliards de dollars depuis 1989. Dernièrement, la société avait indiqué investir en Arizona dans deux usines, mais les montants étaient beaucoup moins importants de l'ordre de 20 milliards de dollars. L'extension d'une usine existante au Nouveau Mexique pour 3,5 milliards de dollars avait aussi été indiquée.
Intel pas le seul dans la course aux usines
Le plan d'investissement décennal d'Intel intervient dans un contexte où la demande en puces est particulièrement tendu et frappe de plein fouet de très nombreux secteurs dont notamment celui de l'automobile. Des groupes comme Toyota, Volkswagen ou encore Nissan avaient annoncé jusqu'à 40% de baisse de production. Pour autant, les besoins devraient exploser : ainsi, le marché global des puces pour ce secteur automobiles pourrait bien atteindre 115 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie -deux fois sa taille actuelle - d'après le CEO d'Intel.
D'autres clients attendraient également beaucoup des nouvelles capacités de production du fondeur de Santa Clara : AWS et Qualcomm pour commencer dont les besoins en termes de semiconducteurs sont exponentiels. Intel n'est bien entendu pas le seul groupe a vouloir investir massivement dans la production de puces. Le leader du secteur, TSMC, avait ainsi annoncé 100 milliards de dollars d'investissement dans les trois prochaines années, tandis que Samsung compte aussi, dans le cadre d'un plan de 205 milliards dans des industries stratégiques, mettre la main au porte-monnaie. Mais sur les trois, seul Intel s'est toutefois engagé à établir une présence en Europe.
L'Allemagne est bien sur la mieux placée avec Dresde et la "Saxony Valley" qui ne compte pas moins de 3 Fabs 300 mm (Infineon , GlobalFoundries et Bosch) sans compter les fabs 200 mm (X-Fab). La Bavière a aussi proposé une ancienne base aérienne comme site pour cette nouvelle Fab Intel.
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