On pourrait croire à une rumeur, pourtant Intel et AMD vont vraiment faire équipe pour développer un microprocesseur Intel Core intégrant un noyau graphique personnalisé Radeon d’AMD. Objectif : permettre à des ordinateurs portables minces et légers de faire tourner des jeux haut de gamme. Selon les responsables d'AMD et d'Intel, le design de cette puce conjointe AMD-Intel est basé sur les puces Core de Séries H de 8e génération et elle pourra gérer la dépense d’énergie de l'ensemble du module afin de préserver la vie de la batterie. La livraison est programmée pour le premier trimestre 2018.
Même si les deux entreprises ont contribué à l'ingénierie de la nouvelle puce, le projet et la démarche émanent d'Intel - Intel a approché AMD - comme l’ont confirmé les deux entreprises. Par contre, le travail sur le design du cœur graphique Radeon revient à AMD. C’est un design semi-personnalisé, un peu comme les processeurs que AMD fabrique pour les consoles Xbox One X de Microsoft et PlayStation 4 de Sony. Certains détails sont encore confidentiels, et si Intel évoque un élément graphique unique, la puce pourrait éventuellement être proposée avec des vitesses d'horloge différentes.
Intel a montré un notebook de référence prévu d'être amélioré par le partenariat avec AMD. Le grand espace vide noir est conçu pour être utilisé pour dessiner avec le stylet et pour la création d'autres contenus numériques. (crédit : Mark Hachman)
L'accord Intel-AMD concerne un minuscule morceau de silicium dont Intel a commencé à parler l’an dernier : un pont d'interconnexion multiDIe intégré, ou EMIB (Embedded Multi-die Interconnected Bridge). Les EMIB peuvent connecter les matrices en silicium, en faisant passer les éléments électriques dans le substrat lui-même pour constituer ce qu’Intel appelle un System-in-Package. Dans le cas présent, Intel a créé un module à trois matrices articulé autour de sa puce Core, le cœur Radeon et la mémoire à haute bande passante HBM2 de prochaine génération.
L’activité graphique d’Intel toujours très active
Voilà plusieurs années que des rumeurs circulent sur un rachat possible des activités Radeon d'AMD par Intel, d'autant que le fabricant américain de semi-conducteurs a eu du mal à rendre ce secteur rentable. Mais, au troisième trimestre de cette année, AMD a réalisé un bénéfice exceptionnel de 71 millions de dollars sur un chiffre d'affaires de 1,64 milliard de dollars, grâce aux ventes de processeurs Ryzen et de puces graphiques Vega. La vente de processeurs semi-personnalisés qu'AMD produit généralement pour les consoles de jeux est restée stable d'une année sur l'autre et pourrait augmenter. (AMD a également déclaré, sans donner de détail, avoir bouclé une transaction de licence de brevet « qui a eu un impact positif sur le chiffre d'affaires », mais les responsables ont confirmé que cela ne concernait pas l'accord conclu avec Intel.)
L'accord Core-Radeon (Core-R ?) pourrait éventuellement déboucher sur une relation à plus long terme. Mais à l'heure actuelle, AMD considère ce projet comme ponctuel et pour lui, Intel est un client comme les autres. « AMD recherche en permanence de nouvelles voies, mais dans le cas présent, il s’agit vraiment du projet d'Intel », a déclaré Scott Herkelman, vice-président et directeur général de la division Radeon Gaming d'AMD. « Il entre tout à fait dans la catégorie de la personnalisation… Nous n’exploiterons pas le projet pour nous-mêmes. Encore une fois, il s’agit d’un projet Intel et nous aidons l’entreprise à le réaliser ».
En janvier dernier, des rumeurs sur la signature d’un contrat de licence Radeon entre Intel et AMD se sont faites plus insistantes. Certaines prévoyaient même le démantèlement par Intel de ses propres équipes de développement travaillant sur les éléments graphiques intégrées. Une information que Chris Walker, le vice-président du Client Computing Group d’Intel a tout à fait niée. « Alors que nous apportons aux portables minces et légers la technologie des puces à 15 nm et en deçà, la solution Intel UHD est toujours leader du marché pour le traitement graphique sur PC », a-t-il déclaré. Par ailleurs, Intel n'a pas non plus acheté de licence à AMD pour utiliser la technologie EMIB. Les représentants d'AMD ont même précisé que les deux entreprises n’avaient conclu aucun accord de licence et n’étaient liées par aucun brevet.
Depuis le retour en force de AMD grâce à son architecture Zen, la plateforme mobile Intel fait pâle figure, cependant il ne faut pas sous-estimer la puissance du chantage à la fourniture de pièces Intel aux assembleurs qui malgré la compétitivité des solutions AMD pourraîent simplement se ranger derrière un nom dont le marketing et les pratiques commerciales douteuses ont indéniablement laissés une trace indélébile dans la mémoire collective.
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