Le CEO sortant d'Intel, Bob Swan, a déclaré précédemment à notre confrère PCWorld (le 11 janvier dernier) qu'il craignait que, lorsque la pandémie frapperait, les ventes de PC ne chutent en flèche. Comme l'ont révélé les résultats du quatrième trimestre d'Intel, c'est exactement le contraire qui s'est produit. Le fondeur de Santa Clara a fait état de 5,9 milliards de dollars de bénéfices (en baisse de 15%) et de 20 milliards de dollars de revenus (pratiquement inchangés) pour le quatrième trimestre 2020. Mais ces chiffres ont largement dépassé les attentes des analystes, et le PC en a été la cause principale.

"Les revenus du quatrième trimestre ont dépassé de 2,6 milliards de dollars les prévisions antérieures, grâce à des revenus records pour les PC, avec des volumes de PC en hausse de 33 % par rapport à l'année précédente, grâce à des ventes record de laptops", a indiqué la firme dans une déclaration avant la conférence téléphonique avec les analystes jeudi après-midi. Dans une présentation connexe pour les analystes de Wall Street, Intel a encore plus détaillé le succès du PC : alors que le volume des PC a augmenté de 33 %, les revenus des ordinateurs portables ont grimpé de 30 %. Les prix de vente des laptops ont cependant chuté de 15 %, tandis que les prix de vente des ordinateurs de bureau n'ont augmenté que de 1 %. Le message ? Les consommateurs ont acheté une tonne de PC (et de Chromebook) mais ils ne se sont pas tournés vers les modèles haut de gamme. En fait, peut-être inquiets de la pandémie et de l'impact économique qui l'accompagne, ils étaient prêts à payer encore moins que la normale.

Les marges ont été confortables pour les actionnaires d' Intel en 2020.

Les analystes avaient précédemment prédit une forte croissance des PC au quatrième trimestre. IDC a indiqué que les expéditions mondiales de PC ont augmenté de 26,1 % par rapport à l'année précédente, pour atteindre 91,6 millions d'unités, grâce au travail à domicile, à l'apprentissage à distance et à la reprise de la demande des consommateurs. La dernière fois que le marché des PC a connu une croissance annuelle de cette ampleur remonte à 2010, avec une croissance de 13,7 %, selon IDC.

Les autres segments d'Intel n'ont pas été aussi florissants. Le groupe datacenter d'Intel, principalement basé sur les puces Xeon, a fait état de ventes d’un montant de 6,1 milliards de dollars, soit une baisse de 16 %. Les ventes de processeurs AMD Epyc et d'autres concurrents sur base ARM à destination des cloud providers ont eu un effet, faisant baisser les prix de vente et les ventes elles-mêmes. Le groupe FPGA a réalisé 422 millions de dollars au quatrième trimestre, soit une baisse de 16%, et a reculé de 7% pour l'année à 1,9 milliard de dollars. L’activité mémoire non volatile a fait état de ventes stables avec 1,2 milliard de dollars. Mobileye, l'entreprise de voitures particulières de la société, a fait bonne figure : elle a rapporté 333 millions de dollars, soit une hausse de 39% par rapport à l’an dernier. Enfin, le groupe IoT a collecté 777 millions de dollars pour le dernier trimestre, soit une baisse de 16%, et 3 milliards de dollars pour l'année, en baisse de 21%.

Une baisse des ventes attendue en 2021

Intel s'attend à ce que le marché des PC revienne à la réalité. Le fondeur s'attend en effet à un chiffre d'affaires de 17,5 milliards de dollars au cours du premier trimestre, avec une hausse des revenus centrés sur les PC à un chiffre près. C'est une bonne nouvelle, bien sûr : la croissance devrait se poursuivre, mais pas de façon aussi spectaculaire.

Lors d’un point téléphonique, le directeur général sortant, Bob Swan, ainsi que le nouveau CEO, Pat Gelsinger, ont confirmé qu’Intel va externaliser au moins une partie de sa production de puces à des fonderies extérieures pour respecter ses délais. Pat Gelsinger a toutefois précisé que la plupart des composants d'Intel seront fabriqués dans ses propres usines d'ici 2023. Les problèmes de fabrication avec le passage au 7 nm auraient été résolus, apparemment.  «Sur la base des évaluations initiales, je suis satisfait de la santé et de la reprise du programme 7 nm», a déclaré M. Gelsinger aux analystes. Cependant, la résolution des problèmes de rendement de la gravure en 7 nm a coûté de l'argent et, en tant que telle, l'entreprise s'attend à ce que ses marges brutes en pâtissent à l'avenir. La firme continue de fabriquer certaines puces en 14 nm, les récentes Rocket Lake par exemple, alors que les derniers processeurs pour PC portables – les Tiger Lake S – ont déjà adopté le 10 nm Superfin. La feuille de route semble s’éclaircir avec des puces 10 nm pour les PC de bureau et des 7 nm pour les laptops. Mais avant d’en arriver là, Intel doit augmenter la cadence de fabrication des séries 10 nm.

Pour conclure, Pat Gelsinger a indiqué qu'il était ravi de revenir chez Intel en tant que CEO, et l'a décrit comme son « travail de rêve». Il est entré chez le fondeur à 18 ans en poursuivant ses études supérieures avec le soutien financier de la société. « Intel a traversé de nombreux cycles auparavant, il y avait des périodes où il était en avance et des périodes où il était derrière ». Le CEO a rappelé que dans les années 2000, Intel était en retard dans pour le multicoeur – une belle initiative d’AMD avec les instructions x86-64 -  et a réussi à rebondir malgré tout. «Les grandes entreprises peuvent rebondir. Je pense que l'entreprise a ses meilleurs jours devant elle », a-t-il conclu.