Dans le monde des ERP, le Suédois IFS n’est pas un nouveau venu, mais il reste un challenger face aux poids lourds du secteur. Créé en 1983 et spécialiste de la supply chain, il affiche pourtant 10 000 clients avec 90% de satisfaction, a mis en avant Christophe Ceze, directeur général pour la France, le Benelux, l’Espagne et le Portugal, lors d’un point presse dans les locaux parisiens de l’éditeur, début décembre, sur l'automatisation des fonctions ERP par l'intelligence artificielle. Depuis 2018, une accélération s’est produite dans la croissance d’IFS, après son rachat par le fonds EQT qui « a investi massivement » dans la société, a expliqué Christophe Ceze. Lui-même a rejoint l’éditeur scandinave en janvier dernier, après 12 ans chez SAP (responsable des alliances et partenariats pour la France). Chez IFS, la progression du chiffre d’affaires est passée de 2 à 5% par an au cours des dernières années à 23% en 2018 (en glissement annuel), à 606 M$. L’éditeur suédois a enregistré une croissance générale de 20% sur 6 trimestres de suite avec des ventes de licences en hausse de 47% sur les 9 premiers mois de l’année par rapport à la même période en 2018 et de 61% dans son cloud (hors rachat de WorkWave). Sur le marché français, « nous sommes au-delà », nous a assuré Christophe Ceze.
Les grands éditeurs réalisent en général 20% de leurs ventes sur de nouveaux noms et 80% sur la base installée. « Notre ratio est complètement inversé, nous réalisons 80% sur de nouveaux noms », assure le dirigeant français. Il explique que cette croissance est à la fois portée par des investissements sur le marché historique d’IFS auprès des PME et ETI (des entreprises générant entre 100 M€ et 1 Md€ de chiffre d’affaires), mais aussi par la signature de grands comptes qui se tournent maintenant vers l’éditeur. Celui-ci comptait déjà parmi ses clients des comptes comme Orange (12 000 utilisateurs) ou Technip en France. Il a depuis signé avec Spie France et Spie Pays-Bas un contrat de plusieurs millions d'euros (26 000 utilisateurs), gagné face à SAP, Oracle, Microsoft. Autre dossier remporté récemment de la même façon avec SBM Offshore, dans le secteur des équipements maritimes pour l’industrie pétrolière et gazière. A l’échelle du groupe IFS, des clients comme Maersk, Emirates, Toyota, BMW, John Deere, Pepsi ou la Royal Navy utilisent déjà ses solutions.
Un ERP aux allures de best of breed sur 5 secteurs
Comme d’autres éditeurs de solutions de gestion, IFS surfe sur la vague des projets de remplacement d’ERP. « Les roll-out mondiaux avec des outils formatés partout, certains en reviennent », constate le dirigeant d’IFS en France. « Les entreprises aiment bien avoir une alternance possible et sur les 4 à 5 métiers que nous avons ciblés, nous sommes technologiquement et fonctionnellement très bons », affirme Christophe Ceze. L’éditeur se focalise sur 5 secteurs : aéronautique/défense, énergie/ressources, ingénierie/construction/infrastructure, manufacturing et services/industrie. « Dans ces cinq domaines, notre ERP est presque un best of breed, nous sommes capables d’aller très loin en termes de score fonctionnel » avec des collaborateurs qui connaissent bien ces métiers, ajoute le dirigeant français. Il rappelle que la solution permet aux entreprises de travailler en mode projet et se complète de solutions de gestion des actifs et des services (pièces détachées, tournées, etc.). « Notre ERP permet de déployer un processus de bout en tout sur une architecture unique », ajoute-t-il.
IFS Applications est accessible dans le cloud bâti par son éditeur sur l'infrastructure Azure de Microsoft. Les clients peuvent aussi l'installer on-premise sur leurs serveurs ou dans un autre cloud, ou encore choisir un mode hybride pour les fonctionnalités exigeant une scalabilité des ressources, par exemple le moteur d'IA. La portabilité est assurée, les entreprises peuvent déplacer leur environnement vers le cloud ou le rapatrier. « De plus en plus de clients choisissent le cloud et le SaaS, de toutes tailles », constate Christophe Ceze en insistant sur le fait qu'IFS ne cherche pas à l'imposer.
Un service d'apprentissage machine en 2020
L’an dernier, IFS a revisité son expérience utilisateur avec l’interface Aurena, désormais accessible sur l’ensemble de son portefeuille applicatif. Sa R&D a par ailleurs travaillé sur la mise en API complète de l’ERP. Celui-ci totalise aujourd’hui 15 000 API pour interagir avec des solutions tierces. Lors de son point presse à Paris, IFS a aussi mis l’accent sur l’utilisation de l’IA dans l’ERP, engagé en 2008. « L’IA est un facilitateur pour résoudre des problèmes métiers », a rappelé Bob de Caux, vice-président responsable IA chez IFS, en exposant trois piliers pour le mettre en oeuvre : bâtir la confiance dans les données, se focaliser sur un cas d’usage clairement défini et supprimer la complexité dans son utilisation pour les non-spécialistes. L’automatisation facilitée par l’IA s’applique aux interactions avec le logiciel, permet d’optimiser la planification (différents algorithmes basés sur des règles heuristiques sont mis en oeuvre en fonction des problèmes rencontrés) et les prévisions.
En 2020, un service d’apprentissage machine « facile à utiliser » sera disponible dans le cloud. « Il tirera parti des algorithmes que nous avons développés et d’algorithmes tiers », a indiqué Bob de Caux, « en fournissant des résultats explicables ». Christophe Ceze ajoute que l’objectif est de pouvoir l’intégrer de façon pragmatique, facilement exploitable. Bob de Caux pointe la capacité à pouvoir ainsi résoudre des problèmes métiers de bout en bout à travers une automatisation « intelligente » des processus et des processus capables de s’adapter. L’automatisation se met aussi en oeuvre entre l’ERP et des applications externes, à travers les API Rest d’IFS et des fonctions de RPA. La feuille de route d'IFS prévoit aussi l'extension des capacités de ses solutions dans l'Internet des objets et sur les fonctionnalités de réalité virtuelle et augmentée.
Un chatbot de gestion de notes de frais
Lors du point presse, Bas de Vos, directeur d’IFS Labs, a présenté la démonstration d’un chatbot utilisé en interne par l’éditeur pour la gestion des frais professionnels, capable de retrouver seul des éléments manquants sur les notes de frais numérisées. « Avec un seul bot, on accède à une variété de canaux », a-t-il expliqué. L’entraînement en amont de ce chatbot permettra ensuite à de petites entreprises de l’exploiter alors qu’elles n’auraient elles-mêmes pas suffisamment d’interactions pour l’entraîner.
IFS compte 3 700 collaborateurs dans le monde. Sur la région France, Bénélux, Espagne, Portugal, ses équipes vont s’élargir de façon notable puisque « 50 postes sont ouverts » sur cette market unit qui compte 260 personnes, nous a indiqué Christophe Ceze en précisant que près de 40 personnes l'ont déjà rejointe depuis le début de l’année. En France, 30 postes sont ouverts, l’effectif actuel étant de 130 personnes. Quant à l’écosystème de l'éditeur suédois, il est également en forte croissance avec 4 niveaux de partenariat et 400 partenaires.
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