Pour sa journée business connect 2015 au Carrousel du Louvre, IBM a mis l’accent sur la transformation numérique. Un sujet devenu clef dans les entreprises. Et parmi les technologies mises en avant par Big blue durant cette matinée, la plate-forme Watson était particulièrement à l’honneur. Lors d’un point presse, Nicolas Sekkaki, PDG d’IBM France, a précisé que la version française arriverait en 2016 grâce à un développement réalisé avec le concours d’entreprises françaises désirant utiliser les services cognitifs de Watson avec leur propre vocabulaire. Notamment dans le domaine de la traduction automatique pointue pour mieux suivre les contraintes réglementaires de certaines professions (banque, santé…). « Plusieurs millions d’euros ont été investis pour adapter Watson », a indiqué le dirigeant. Il ne s’agit pas d’une simple traduction mais d’une adaptation des différents moteurs cognitifs de Watson – des algorithmes en fait - comme nous l’a précisé un chercheur d’IBM. « La plate-forme devient très vaste et certains ponts sont déjà en français sur Bluemix. Beaucoup de choses arrivent et il faut raisonner en termes de services cloud avec des API pour analyser des échanges entre un client et un opérateur dans un centre d’appels. Analyser le texte non structuré pour définir les sentiments dans une conversation avec Watson puis collecter les données pour alimenter un profil client dans une base de données ». La finesse sémantique impose une adaptation totale dans la langue française pour bien exploiter certaines corrélations dans les titres de tables : London est différent de Londres par exemple. « C’est beaucoup moins compliqué avec des chiffres pour créer des rapprochements », nous a dit le chercheur.
Dans la banque, IBM France compte par exemple reproduire le programme développé avec Bank of Singapour pour aider les conseillers financiers à mieux choisir les clients à relancer. « Chaque matin, une liste de clients est proposée aux chargés de clientèle de Bank of Singapour avec des commentaires indiquant pourquoi un client doit être rappelé », nous a redit M. Sekkaki. Une sélection et un argumentaire réalisés par le système Watson en analysant les échanges du conseiller financier et les avoirs des clients. Dans le cadre d’un centre d’appels, le système peut directement répondre - par voix ou par texte en chat - à un client en adaptant son discours sans que la personne en ligne sache qu’elle a affaire à une machine. Si on est encore très loin d’avoir affaire à une intelligence artificielle, Watson utilise des fonctions artificielles pour un ensemble de choses que l’homme fait naturellement de manière fluide et rapide : traduction de textes, vocalisation ; vision artificielle avec analyse des photos et reconnaissance des objets, des personnes et même de situations (sport par exemple) ; apprentissage automatique et enfin questions/réponses. « Tout n’est pas encore éligible à un apprentissage automatique mais nous progressons », nous a indiqué le chercheur.
Des projets Watson à plusieurs dizaines de M€
Aujourd’hui, l’équipe Watson rassemble une dizaine de personnes en France. « On a des commerciaux, des technologues, des datascientists […] à Paris et à Nice Méridia », a indiqué le dirigeant. « Aujourd’hui, les projets Watson vont d’une centaine de K à quelques dizaines de millions d’euros avec les banques. 90 start-ups utilisent déjà les services Watson en France avec le renfort de mentors Watson ». Le lien se fait également avec les initiatives jeunes pousses de BNP Paribas ou du Crédit Agricole. « Quelques dizaines de clients travaillent déjà avec Watson en France. On sait que l’on peut révolutionner les systèmes informatiques comme on l’a déjà fait avec le mainframe », a affirmé le PDG. Si IBM n’est pas le seul à pousser les systèmes cognitifs – Microsoft, Google et Amazon proposent aussi des plates-formes de ce type – Big blue a pris une petite avance sur le sujet, notamment avec l’adaptation en langue française, bientôt suivi par l’espagnol et le chinois.
Watson a aujourd’hui trois objectifs commerciaux : la santé avec IBM (une division Healthcare vient d’être dans la division Watson créé à New York), des produits vendus sur le cloud et une troisième proposition avec les API disponibles sur le PaaS Bluemix qui s’appuie sur Softlayer. Avec Watson, Big blue a recrée un écosystème à la mainframe mais à une échelle beaucoup plus vaste grâce au cloud. Une stratégie qui s'inscrit dans la volonté de la firme d'Armonk de passer de 27% en 2014 à 40% en 2020 les revenus de ses activités CAMS (Cloud, Analytique, Mobilité et Social/Sécurité). Aujourd'hui, Big blue emploie 9000 personnes en France, dont 700 chercheurs avec la ventilation suivante pour son chiffre d'affaires : 10% en matériel, 28% en logiciels et le reste en services.
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