Après la signature d’une année 2023 en croissance sur l'ensemble de ses segments de marché, IBM France continue de tailler dans sa masse salariale pour réduire ses coûts. La filiale du fournisseur américain a annoncé le 13 mars dernier au comité social et économique central un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) supplémentaire dans l’Hexagone. Selon les syndicats CFDT et Unsa, ce projet entrainera la disparition de 206 emplois, soit 5% des effectifs de l'entité, sans licenciements contraints. « Ce plan de départs volontaires s’articule autour de deux propositions principales : des mesures de fin de carrières et des départs volontaires, les première étant prioritaires par rapport aux secondes », nous indique Marcel Yemsi, secrétaire du CSE et responsable de la communication de la CFDT d’IBM France. Plus de la moitié des suppressions de postes concerne les fonctions de support. IBM France procède également à des réductions d’effectifs dans les activités commerciales, celles de maintenance matérielle et logicielle, ainsi que dans les laboratoires de recherche.
Accélérant sa transformation, l'entreprise explique qu’elle s’attend à des gains de productivité en réduisant très fortement les fonctions support. Ces optimisations seraient permises par l’IA et l’automatisation, ainsi que le recours accru à des centres de services partagés délocalisés dans certains pays étrangers. Evoquant cette stratégie en mai 2023, le CEO d'IBM, Arvind Krishna, avait révélé dans une interview à Bloomberg vouloir remplacer 7 800 emplois par des solutions d'intelligence artificielle ou des logiciels d'automatisation d'ici à 2028. Il avait alors précisé vouloir supprimer 30% des fonctions de back-office, sans contact avec la clientèle. La CFDT s’inquiète pour les salariés qui resteront dans l’entreprise et qui pourraient subir une charge de travail accrue, les automatisations attendues et le rôle de l’intelligence artificielle n’étant pas encore pleinement déployés.
Un comité IA pour protéger les salariés
« La direction du groupe veut rester fidèle à ses propos avec des réductions de postes mises en pratique, mais en France, l’IA n’en est qu’à ses débuts ce qui génère des inquiétudes sur la qualité des prestations et sur la charge de travail », ajoute le représentant CFDT d’IBM France. En réaction, un groupe de travail a été lancé au sein de la section syndicale pour explorer les possibilités offertes par l’IA, mais aussi pour apprendre à défendre efficacement les droits des salariés dans ce contexte. « L’idée est de veiller aux usages de ces technologies et à leur direction pour qu’elles soient socialement acceptables », nous précise le délégué syndical.
En outre, l’appui d’une expertise au niveau du comité d’entreprise européen IBM portera notamment sur la justification économique. La première réunion de négociation se déroulera le 19 mars 2024 dans le but de signer un accord d'entreprise qui améliorerait les conditions de départ proposées, celles-ci n'étant, pour le moment, pas au niveau des PSE précédents de 2021 et 2023, selon les syndicats du groupe. La France n’est pas le seul pays touché par des coupes, le groupe ayant annoncé des réductions de postes au niveau mondial pour l’aider à réaliser trois milliards de dollars d’économies annuelles d’ici la fin de 2024.
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