Les initiatives qui mettent les start-ups en contact avec de grandes entreprises se pratiquent déjà couramment dans l’Hexagone et l’engouement créé autour des projets innovants a suscité nombre de pépinières et d’accélérateurs. Pourtant, il est parfois difficile de dépasser le stade du Proof of concept, a rappelé Nicolas Sekkaki, président d’IBM France, lors de l’inauguration - au siège social de la filiale à Bois-Colombes - d’un espace consacré cette fois à l’industrialisation de projets menés entre des start-ups et des grands comptes. En accueillant dans ses locaux 11 jeunes pousses investies dans l’Internet des objets, avec le parrainage de Sigfox, IBM France veut les aider à changer d’échelle sur le déploiement des solutions, en France, en Europe ou à l’international. D’où le nom choisi pour le lieu créé : Scale Zone, hardiment surnommé Scalerateur par IBM France (l’enjeu vaut bien un petit barbarisme).
Ludovic Le Moan, co-fondateur de Sigfox, parrain de cette 1ère saison de start-ups IBM Scale Zone. (crédit : MG)
La filiale de big blue va aider les start-ups « à penser business », a expliqué son président, en faisant intervenir deux coaches, respectivement chargés des aspects techniques et commerciaux du projet, et en appliquant une méthodologie. Les premières à en bénéficier seront donc Step AT (capteurs de contrôle industriels), M2M solution (intégrateur de solutions machine-to-machine), Green CityZEN (surveillance des zones vertes), Chain Orchestra (opérateur de blockchains privées), Hxperience (gestion des bâtiments connectés), SaveCode (apps mobiles pour collecter les données de conduite automobile), Synox (développement de projets IoT), Skiply (gestion d’alertes en temps réel), Hostabee (service connecté pour les apiculteurs), My blue Ship (échange de contenus à travers des capteurs NFC) et Intesens (optimisation des opérations de maintenance). Cet encadrement s’ajoute aux ressources technologiques qu’IBM propose déjà à travers son PaaS Bluemix, celui-ci donnant accès dans le cloud à ses nombreux outils de développement et aux API d’apprentissage machine de Watson.
6 mois pour se préparer à des déploiements
Chaque « saison » de jeunes pousses retenue pour la Scale Zone sera accueillie 6 mois environ pour se préparer à des déploiements dans les entreprises. Pour suivre la promotion IoT, IBM voulait un parrain « qui ait une vision », a pointé Nicolas Sekkaki. Sur ce terrain, Sigfox a sans conteste fait ses preuves dans le passage à l’échelle de sa technologie. La société fondée en 2010 a déjà déployé dans 26 pays son réseau basse consommation pour relier les objets connectés. Ce dernier doit s’étendre à 60 pays d’ici 2018 pour s’adresser à 397 millions de personnes. « Il faut penser big, scale et sans arrogance », a exposé Ludovic Le Moan, co-fondateur et CEO de Sigfox lors de l’inauguration du « Scalerateur » d’IBM France. « Il faut pousser les start-ups à vouloir devenir des leaders mondiaux ».
Une partie des start-ups de la 1ère saison à investir la Scale Zone. Au micro, Najette Kadri-Marouard, Vice-Présidente Global Business Partner d'IBM France. (crédit : MG)
Pour autant, le dirigeant n’a pas caché l’ampleur de la tâche, rappelant au passage le parcours du combattant mené par sa société pour réunir les 300 M€ de ses différentes levées de fonds (dont la dernière en novembre). Le CEO de Sigfox a également insisté sur la valorisation de données, fondamentale, et sur le retour sur investissement auquel il faut penser avant tout. « Le problème du PoC aujourd’hui, c’est qu’on ne sait pas où on va », a-t-il pointé. On peut s’apercevoir après coup qu’ajouter la connectivité à un projet peut coûter trop cher, explique-t-il. Devant certaines impasses, « il faut mieux tuer sa start-up », assure Ludovic Le Moan, avant d’exposer l’un des principaux intérêts de la Scale Zone. « Le rationnel d’être là, c’est de pouvoir utiliser la puissance d’IBM, le réseau ».
A proximité des espaces Solutions métiers et Design thinking
Concrètement, l’espace réservé aux start-ups par IBM France jouxte son centre international de solutions métiers Nice-Paris, installé au siège de Bois-Colombes. Celui-ci permet de démontrer quelque 170 scénarios à partir de prototypes, dans les secteurs de la distribution en boutique, de la banque/assurance, des villes connectées, de l’énergie, de la santé ou du manufacturing. « Dans le parcours de transformation digitale, il est extrêmement important que les entreprises puissent voir l’apport des technologies appliquées à leurs métiers », a rappelé Nicolas Sekkaki en ajoutant que le centre avait déjà reçu la visite de 200 comités exécutifs d’entreprises françaises.
L'Industry Solutions Center d'IBM France à Bois-Colombes. (crédit : MG)
Dans le prolongement immédiat de l’Industry Solutions Center, IBM a réservé un espace à l’approche Design thinking. Celle-ci propose aux entreprises des compétences pluridisciplinaires pour les aider à transformer « leurs idées innovantes en solutions industrialisables », explique big blue sur son site IBM Studios Paris, notamment en faisant évoluer l’expérience utilisateurs proposée autour de leurs produits. La Scale Zone s’insère ainsi dans un environnement qui conjugue déjà solutions métiers et Design Thinking vers lequel confluent de grandes entreprises à la recherche d’innovation. Un lieu propice à des rencontres susceptibles d’ouvrir d’autres perspectives.
La méthodologie concoctée par IBM prévoit quatre axes : la valeur (en veillant au bon ROI tout au long du cycle de vie du produit ou du service), la scalabilité proprement dite (s'assurant de la capacité à monter en puissance sur un périmètre à forte volumétrie d'utilisateurs), la sécurité (mise en place de règles souvent complexes, certifications, qualifications) et, enfin, l'accompagnement du changement. IBM rappelle en effet que la mise en production d’une solution innovante entraîne souvent des besoins en compétences nouvelles et des modifications dans l’organisation des entreprises.
La Scale Zone aménagée par IBM France au siège social de Bois-Colombes. (crédit : IBM/agrandir l'image)
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