Pour accompagner ses ambitions dans le domaine du stockage d’entreprise (primaire et secondaire), Huawei développe et fabrique à l’abri des regards les logiciels et matériels (contrôleurs Ascend sur base Arm et cartes NAND flash U.2 TLC et QLC avec des capacités montant à 30, 50 et bientôt 128 To) équipant ses solutions : les baies OceanStor Dorado (fullflash en mode scale-up) et Pacific (hybride et fullflash en mode scale-out) pour le big data pour commencer. Ces deux lignes de produits fonctionnent comme des produits de stockage unifiés prenant en charge les blocs, les fichiers, les objets et même HDFS. Viennent ensuite les OceanStor hybride flash, OceanStor série A (NAS haute performance pour l’IA), OceanDisk (diskless architecture pour le cloud), OceanProtect (appliance de sauvegarde dédupliquée), sans oublier le HCI avec FusionCube. Qu'il s'agisse de NAS, de SAN ou de cloud, les systèmes de stockage du fournisseur chinois reposent sur des logiciels maison pour la partie protocole et système de fichiers (OceanFS, Cloud Managed Network et NFS+), protection et gestion des données (OceanStor BCManager et Data management Engine).
Fautes de composants américains, pour cause d'embargo, Huawei a développé ses propres contrôleurs (sur base Arm) et SSD au format U.2 pour ses baies de stockage Ocean. (Crédit Huawei)
Au coeur de toutes ces solutions de stockage, on retrouve OceanFS, un système de fichiers combinant les avantages d’un accès parallèle (fichiers découpés en plusieurs morceaux et stockés sur différents lecteurs) et, en option, d’un GFS (Global File System) : le fournisseur chinois pousse son architecture de fichiers parallèle concurrent des GFS, Ceph, GlusterFS, SaunaFS, Lustre sans oublier GPFS pour les tâches gourmandes en données telles que le stockage cloud, le HPC ou le streaming multimédia. Pour la partie NAS en mode parallélisé, Huawei mise toutefois sur NFS+ et non pas sur pNFS – une partie de NFS 4.1 - comme certains concurrents (Hammerspace par exemple). Interrogé sur ce protocole NFS+, Tony Tang, chief architect & senior director chez Huawei, nous a indiqué qu’il résultait d’un développement interne avec d’un côté des serveurs pour les metadata et d’autres serveurs pour les données, une architecture similaire à pNFS donc, mais à la sauce Huawei. Ce dernier est coutumier du fait puisque la plateforme HCI FusionCube repose également sur des développements internes. Pour le support de S3 sur les baies Dorado, le chinois passe toutefois par la case open source avec Minio.
Au coeur des baies de stockage Huawei, on retrouve le système de fichiers maison OceanFS. (Crédit S.L.)
Un moteur GFS
En complément, Huawei a développé un système fichiers global pour offrir une approche multisite :“ Nous avons conçu notre système de stockage de manière à ce que les données puissent être partagées entre les zones qui ont besoin d'être alimentées en contrôlant qui a accès à quel type de données. Deuxièmement, j'ai besoin de savoir où se trouvent les données. Parce que ces dernières sont dans des silos partout dans l'organisation. Nous avons donc conçu ce que l'on appelle un système de fichiers global (GFS). Ainsi, qu'il s'agisse d'un autre centre de données, d'un autre pays ou d'une grande entreprise, il est toujours possible de suivre les données”, nous a expliqué Tony Tang. Précisons que GFS est aujourd’hui limité à 12 sites. L’autre brique clef dans la gamme Ocean repose sur Data Management Engine (DME), qui automatise le stockage tout au long de son cycle de vie. DME ouvre des API, des scripts et des plug-ins qui s'intègrent aux plateformes cloud les plus couramment utilisées et fonctionne avec des plateformes tierces, telles que les systèmes de gestion des services informatiques (ITSM).
OceanStor BCManager vient assurer la sauvegarde et la reprise après sinistre (Disaster Recovery). Capable de gérer de manière centralisée diverses solutions de reprise après sinistre grâce au module propriétaire BCManager eReplication, ce logiciel peut fournir des solutions de reprise après sinistre actives-passives, actives-actives et géo-redondantes. OceanStore BCManager permet aux utilisateurs de visualiser en temps réel l'état de fonctionnement des services DR grâce à des tableaux de bord visuels, ce qui leur permet de s'engager rapidement dans la récupération des données ou les tests DR. Les données sont sauvegardées grâce au module BCManager eBackup, qui utilise des machines virtuelles (VM), y compris les plateformes FusionSphere et VMware vSphere, ainsi que celles basées sur le cloud. Précisons encore que le chinois travaille également avec Atempo pour la gestion des données avec des fonctions spéciales telles que la migration. Enfin, Cloud Managed Network Service est utilisé pour la gestion du cloud, depuis la planification, le déploiement, l'optimisation et l'inspection jusqu'aux réseaux multibranches. Compatible avec les services de gestion des clouds publics ou privés, via une centaine d’API ouvertes, CampusInsight assure une visibilité globale ainsi que la prédiction des défaillances.
Selon IDC, Huawei a connu une progression remarquée ces dernières années.
Interrogé sur le support de CXL, pour l’informatique composable, Tony Tang nous a déclaré que ce protocole basé sur PCI avait beaucoup de limitations, mais que le fournisseur surveillait la technologie et notamment l’augmentation du débit. Du côté de NVMe, le fournisseur de Shenzhen supporte NVMe/FC et RoCE v2 et compte rajouter NVMe-over-TCP. En ce qui concerne la protection des données, ces baies exploitent le RAID en mode triple parité et plus globalement l'erasure coding avec 24 unités capables de supporter des combinaisons tels que 20+4 ou 22+2. Tous ces développements ont fini par porté leurs fruits, Huawei a en effet connu une progression fulgurante sur le marché du stockage. Selon les chiffres d'IDC compilés par notre confrère Chris Mellor de Block & Files Huawei, qui ne vend pas ses solutions aux USA, est désormais au niveau de HPE et IBM sur ce marché très convoité.
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