Huawei, géant chinois des télécoms, et sa directrice financière Meng Wanzhou, viennent d’être officiellement inculpés par des procureurs américains pour fraude bancaire et vol de secrets commerciaux auprès d’un rival des Etats-Unis. Le tort de l’entreprise technologique serait d’avoir fait affaire avec l’Iran, avec qui les tensions sont ravivées depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir.
L'acte d'accusation allègue que Huawei aurait commis, avec sa directrice financière et deux sociétés affiliées, des fraudes bancaires et électroniques dans le cadre de leurs transactions commerciales en Iran. De plus, l'entreprise a été accusée d'avoir volé la technologie de T-Mobile USA et d'avoir offert des primes aux employés qui pouvaient le faire avec succès. La technologie en question est un robot conçu en 2012 pour reproduire un doigt humain et tester ainsi les appareils cellulaires, « Tappy ».
La directrice financière de Huawei en liberté surveillée
Ces événements interviennent dans un contexte de tensions croissantes entre Pékin et Washington. L'arrestation de Meng Wanzhou au Canada le 1er décembre à la suite d'allégations de fraude qu'elle aurait commises afin d'aider Huawei à éviter les sanctions contre l'Iran, était la dernière étape de cette escalade. La directrice financière de Huawei est actuellement en liberté surveillée à Vancouver et tente d’éviter une extradition vers les États-Unis. Cette affaire a même valu à l'ambassadeur du Canada en Chine d'être limogé le 25 janvier dernier pour avoir sous-entendu une action cachée de Donald Trump dans cette arrestation.
Une potentielle stratégie d’espionnage global basée sur les technologies de l’entreprise par le gouvernement chinois est au cœur du conflit. De ce fait, Huawei est la cible de plusieurs offensives occidentales depuis plusieurs semaines. « Ces inculpations mettent au jour les actions éhontées et persistantes de Huawei pour exploiter les sociétés et institutions financières américaines et pour menacer la concurrence mondiale libre et équitable », a déclaré le directeur du FBI Christopher Wray.
La Chine dénonce des « manipulations politiques »
Le ministère chinois des affaires étrangères a réagi avec colère, dénonçant des « manipulations politiques ». Dans un communiqué rédigé par ses avocats, Huawei a déclaré avoir « cherché l'occasion de discuter de l'enquête avec le ministère de la justice américain, mais la demande a été rejetée sans explication », avant de poursuivre : « La société nie qu'elle-même ou sa filiale ait commis l'une ou l'autre des violations énoncées dans chacun des actes d'accusation, n'a connaissance d'aucun acte répréhensible commis par Mme Meng et croit que les tribunaux américains en arriveront finalement à la même conclusion. »
Huawei avait déjà nié tout acte répréhensible lorsque ces allégations avaient fait surface pour la première fois, bien qu'elle ait admis que deux de ses employés avaient mal agi. T-Mobile avait réclamé 500 millions de dollars en dommages et intérêts après avoir intenté une action civile contre le géant chinois, mais n'a finalement obtenu que 4,8 millions de dollars à l'issue de l'affaire en mai 2017.
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