Dire que les temps sont durs pour Huawei est un euphémisme. Le fabricant chinois traverse en effet une grave zone de tension commerciale avec les Etats-Unis l'empêchant depuis son inscription sur la fameuse liste noire Entity List - du gouvernement US, tout contact commercial avec les entreprises et organisations outre Atlantique. Alors que l'administration Trump tente également de lui couper l'herbe sous le pied en favorisant ses concurrents, le chinois tente de garder la tête haute. « L'inscription sur l'Entity List a été un choc mais on se porte bien », a lancé Yan Lida, directeur du conseil d'administration et président de l'entité Enterprise Business Group de Huawei, lors de son intervention à Paris ce 5 novembre à l'occasion de son événement Eco-Connect Europe 2019. « On ne survivra pas seuls, on remercie nos clients, fournisseurs et partenaires de rester avec nous ».
Pour traverser cette crise de confiance, Huawei met d'ailleurs un point d'honneur à ne pas (plus ?) parler des sujets qui fâchent et pour lesquels de nombreuses portes se ferment. Au premier rang desquels la 5G : « Nous ne parlerons pas de 5G aujourd'hui », s'est exclamé Yan Lida - un leitmotiv repris un peu plus tard par un autre responsable du groupe chinois, Ernest Zhay (président Huawei Western Europe Enterprise BG) - non sans provoquer quelques remous amusés dans le public clairsemé du Palais des Congrès en séance plénière. Pour son événement parisien, Huawei a ainsi mis clairement le cap sur ses dernières technologies dans le domaine de l'intelligence artificielle, dans la droite ligne de ce qui a été présenté deux mois plus tôt à Shangai. Et ce avec un seul objectif : convaincre son écosystème partenaires (intégrateurs, revendeurs...) de soutenir ses offres et services.
Jiang Tao, vice-président de la business unit Intelligent Computing de Huawei a livré une présentation des technologies et usages de l'IA « made in Huawei » sur la scène du Palais des Congrès dont ce robot trieur de déchets. (crédit : D.F.)
L'IA pour inspecter les lignes électriques, trier les déchets et identifier les fruits
Lors de la matinée, de nombreux cas d'usage ont été (rapidement) passés en revue. Le premier a avoir été évoqué est celui de l'Université chinoise de Soochow dans la province de Jiangsu, dont l'organisation et les infrastructures ont été entièrement repensées vers plus de « connectivité, d'intelligence artificielle et de digital platform ». Cela est notamment passé par la mise en place de technologies réseaux 5G, WiFi 6 ou encore de la réalité augmentée et virtuelle au service de l'apprentissage. Pour porter les innovations (IoT, big data...), l'université a par ailleurs choisi d'orienter ses développements dans une logique DevOps. Parmi les autres cas d'usages évoqués cette fois plus spécifiquement centrés sur l'IA, Huawei a notamment présenté un cas d'inspection de lignes électriques pilotés par des drones permettant l'analyse de données d'images couplée à de l'apprentissage pour détecter les anomalies et réaliser de la maintenance prédictive, des robots capables d'apprendre à trier des déchets de différente nature ou encore la reconnaissance automatisée de fruits en environnement supermarché qui n'est pas sans rappeler le projet de Compass pour fluidifier les passages en caisse.
Outre les cas d'usage, Huawei a profité de sa venue à Paris pour sensibiliser ses partenaires et clients à ses dernières technologies IA. A commencer par sa gamme de processeurs Ascend dont le 310 optimisé pour le tensor processing (architecture Da Vinci, 6 Teraflops, 16Teraops, decodeur vidéo full HD 16 canaux, encodeur vidéo full HD pour une consommation de 8 watts), et le 910 qui couplé avec le cluster Atlas 900 peut atteindre une puissance comprise entre 256 et 1024 pflops. « Notre stratégie IA est basée sur 4 piliers : l'investissement dans la recherche fondamentale, la construction de scénarios full stack AI, le renforcement de notre portefeuille d'offres et le développement de notre écosystème », a expliqué Jiang Tao, vice-président de la business unit Intelligent Computing de Huawei. Les années qui viennent s'annoncent décisives pour Huawei qui compte fortement sur l'Europe pour sortir de l'impasse. Cela va notamment commencer au deuxième trimestre 2020 avec la disponibilité d'une offre de services cloud IA commercialisée via des partenaires revendeurs, mais également une politique massive de formations et d'investissement avec 100 millions d'euros injectés sur les 5 prochaines années pour construire un écosystème IA en Europe prévoyant d'embarquer 500 partenaires ISV, 50 universités et pas moins de 200 000 développeurs.
Huawei a déplacé un véritable datacenter de démonstration dans la salle consacrée aux exposants qui n'a pas manqué de susciter la curiosité de nombreux participants. (crédit : D.F.)
Il se pourrait que la Chine fasse de l'espionnage au travers de Huawei, mais se dont nous sommes sur c'est que les états Unis le font déjà
Signaler un abusAlors les leçons !!!!!!!