Les datacenters émettent toujours plus de chaleur. Non seulement les entreprises et les hyperscalers construisent ou étendent leurs installations pour répondre à la demande croissante en intelligence artificielle, mais celle-ci consomme de l'énergie et crée donc de la chaleur. Beaucoup de chaleur. En conséquence, les coûts de refroidissement augmentent aussi. En fait, selon l'Agence internationale de l'énergie (International Energy Agency, IEA), d'ici à 2026, l'industrie de l'intelligence artificielle devrait connaître une croissance exponentielle et consommer au moins dix fois le niveau de sa demande d'électricité de 2023.

Pour atténuer ces problèmes, Hewlett Packard Enterprise (HPE) et la société d'ingénierie danoise Danfoss ont créé un module de récupération de chaleur prêt à l'emploi, baptisé HPE IT Sustainability Services - Data Center Heat Recovery. Le module comprend un datacenter modulaire évolutif (Modular Data Center) de HPE. Il est constitué d’un conteneur à haute densité et à faible encombrement, doté d'un système de refroidissement liquide direct qui, selon HPE, peut être déployé presque n'importe où et peut réduire la consommation énergétique globale de 20%. L’ensemble est associé à des modules de réutilisation de la chaleur fournis par Danfoss, qui capturent l'excès de chaleur des modules du datacenter pour fournir un chauffage renouvelable aux bâtiments et industries sur site ou voisins pour divers besoins. Par ailleurs, des compresseurs sans huile Turbocor, également fournis par Danfoss, améliorent l'efficacité du refroidissement jusqu'à 30 %. Ce projet s'inspire de la réutilisation de la chaleur mise en place au siège de Danfoss au Danemark, où l'entreprise réchauffe les bâtiments environnants en utilisant la chaleur récupérée de son centre de données sur site.

Des mégawatts aux négawatts

« Les avantages sont immédiats, puisque l'énergie thermique récupérée du datacenter n'aura pas besoin d'être produite pour chauffer l'usage alternatif », fait remarquer Pascal Lecoq, directeur mondial de la modernisation durable des datacenters chez HPE, dans un billet de blog. L'énergie économisée est appelée « négawatt », car l'électricité nécessaire à cette utilisation n'est pas produite à cette fin. Pour Jeremy Roberts, directeur d'atelier senior chez Info-Tech Research Group, cette technologie a des avantages potentiellement importants. « Parfois, le refroidissement représente jusqu’à 40 % de la consommation totale d'énergie d'un datacenter. Compte tenu de l'énorme quantité d'énergie consommée par les datacenters, une économie de 30 % serait très intéressante pour le climat », a déclaré Jeremy Roberts, auteur d’un rapport pour Info-Tech intitulé « 2020 Infrastructure Priorities Report. »

Cependant, la technologie ne convient pas à tout le monde. « Il existe des limites évidentes : si l’on n’a pas besoin de chauffer les bâtiments environnants parce que l’on est en Arizona, cette technologie sera moins utile, mais en pratique, la volonté d'être plus attentif aux déchets produits dans le cadre d'une poussée technologique est une bonne chose », a-t-il ajouté. « L'idée d'utiliser l'excès de chaleur généré par le refroidissement des datacenters est très séduisante », a poursuivi Jeremy Roberts. « Toute réutilisation est bonne à prendre, même si cette énergie ne provient pas d'une nouvelle source révolutionnaire et qu’elle est plus proche de ce que l’on obtient avec le freinage régénératif d'une voiture électrique ». Et d'ajouter : « en fonction du coût, il sera peut-être difficile de convaincre les chefs d'entreprise de s'intéresser à la question. S'ils constatent de réelles économies, tant mieux, ils iront probablement de l'avant. Mais, malheureusement, en l'absence d'avantages de coûts évidents, la durabilité est parfois reléguée à l'arrière-plan ». HPE IT Sustainability Services - Data Center Heat Recovery est disponible dès maintenant.