Quelques mois après son arrivée à la tête de HPE France, Gilles Thiebaut s’est prêté au petit jeu des questions-réponses avec la presse spécialisée. L’occasion de revenir sur la stratégie du fournisseur américain qui pointe toujours à la première place sur le marché des serveurs en France (1 machine vendue toutes les 30 secondes selon le dirigeant), mais a considérablement réduit la voilure en cédant une partie de ses activités. Les services d’infogérance sont partis chez CSC, avec lequel HPE a créé une entité baptisée DXC Technologies (26 milliards de dollars chiffre d’affaires), les logiciels (Autonomy, Vertica, ArcSight…) vers MicroFocus (4,5 Md$ de CA) et enfin les actifs Helion et Cloud Foundry ont été vendus à Suse.
Mais à en croire Eric Pradier, vice-président EMEA en charge des services chez HPE, l’activité conseil aux entreprises est toujours vivace via l’entité baptisée Pointnext. Pour la partie cloud par exemple, un accord à long terme avec Suse sur la roadmap de Helion avec des choix stratégiques garantit l’avenir de la plate-forme basée sur OpenStack, assure le dirigeant. « Mais nous travaillons aussi sur Azure ou AWS avec les clients qui ont leurs propres contrats cloud ». Et sur les relations avec les Capgemini, Atos et autre Accenture – qui sont à la fois des partenaires et des concurrents – c’est le client qui décide au final de prendre un engagement direct avec un fournisseur. « Le conseil peut être de type optimisation ou transformation. Data management, big data, edge… On ne vise pas toutes ces transformations chez le client. Nous travaillons également avec des partenaires qui nous accompagnent sur ces sujets. »
Le cloud fait toujours vendre du matériel
Interrogé sur l’arrivée des géants du cloud en France - Microsoft Azure et AWS – Gilles Thiebaut s’est montré confiant puisque HPE n’a plus aucun datacenter en propre. Les derniers à l’Isle-D’abeau et Grenoble sont en effet partis dans l’entité DXC Technologies. « Et si Azure et AWS s’installent en France, ce sera toujours du business à faire dans l’Hexagone même si les contrats avec les géants du cloud sont signés au niveau mondial […] Tous ces acteurs se développent aujourd’hui dans plusieurs pays en fonction des contraintes réglementaires ». A propos du commentaire fait par Meg Whitman après la publication des derniers résultats de l’entreprise, le DG France a refusé d’indiquer s’il s’agissait bien de Microsoft qui avait réduit ses commandes de serveurs HP pour se fournir chez un concurrent moins cher.
Pour développer son activité cloud en France, HPE compte sur ses partenaires locaux et notamment Cheops, qui affiche de très bons résultats selon Gilles Thiebaut. « Nous travaillons aussi avec de nouveaux partenaires dont les noms seront bientôt dévoilés ». Comme le rapporte le dirigeant, « il n’y a pas eu de tsunami du cloud comme attendu, cette notion a fortement évolué avec un cloud public important, mais des applications resteront sur site chez les clients dans un cloud privé ou managé ».
Des clients rassurés par HPE
Questionné sur les derniers rachats de l’entreprise, à savoir SGI, Niara, Simplivity, Cloud Cruiser, un investissement dans Hedvig (via le fond maison Pathfinder) et bientôt Nimble Storage, le responsable de la filiale française a répondu que HPE a la capacité d’accélérer sa stratégie en augmentant son avantage compétitif afin de mieux répondre aux besoins des clients, en innovant sur le plan organique mais également externe. « Les 10 milliards de dollars attendus avec nos dernières cessions vont permettre d’accélérer les acquisitions pour renforcer nos différentes divisions […] Depuis que nous réinvestissons, les clients sont rassurés ». Pour les prochains rachats, on pense bien sûr à un mouvement dans le domaine du stockage objet et une transaction avec un acteur comme Cloudian ou Scality, qui est déjà un partenaire de HPE. « Nous sommes très satisfaits de notre collaboration avec Scality, qui répond bien aux besoins des clients. Ça marche, il suffit de 2 à 3 mois pour finaliser un projet ». Même écho pour Simplivity. « Nos clients hésitaient sur Simplivity, peu rassurés par le coté start-up. Maintenant avec HP, ils y vont ».
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