« Le HPC peut devenir data centric. Nous le savions depuis longtemps, mais c'est aujourd'hui une réalité business. Le HPDA, high performance data analysis, émerge », nous a confirmé Philippe Trautmann, responsable des ventes de HPC et Pods EMEA de Hewlett Packard, sur le Forum Teratec organisé les 23 et 24 juin à l'Ecole Polytechnique (Palaiseau). « Tous les projets que nous devons traiter ont, soit une problématique de big data, soit de données non structurées, en tout cas d'analyse massive de données. » Il s'agit d'une tendance lourde qui a entraîné chez HP la nécessité de restructurer son approche HPC et big data avec la création d'une Global Business Unit, explique le responsable EMEA. Cette GBU a été mise en place il y a quelques mois sous la responsabilité de Bill Mannel, un ancien de SGI qui pilote désormais l'ensemble des ressources : l'ingénierie produits, le marketing produits et l'approche solutions. Dans ce contexte, HP passe clairement d'une stratégie produits à une stratégie de solutions packagées sur l’ensemble de ses canaux de commercialisation (traditionnels, ISV, partenaires), nous a indiqué Philippe Trautman. « Cette approche solutions conduit HP à créer l'ensemble des composantes nécessaires à la fourniture d'infrastructures, de solutions HPC et big data ». Dans le calcul intensif, les clients HP venant du monde industriel ont pris de l’importance par rapport aux clients académiques. « Ils gèrent leurs données sur le cycle de production de leurs produits et toutes les ressources de compute doivent être organisées autour des données ».
Sur le marché des serveurs HPC, Hewlett-Packard occupe une position prépondérante (34,1% de parts selon IDC au 4ème trimestre 2014 devant IBM 23% et Dell 14,8%). Celle-ci a été confortée l’an dernier par la cession des serveurs IBM à Lenovo. En Europe, HP livrait de 300 à 350 systèmes de moyenne puissance (petits et moyens, jusqu’à 5 M€) par an. Cette année, ce sera plutôt entre 400 et 500, selon Philippe Trautmann. Au classement Top 500, qui liste les supercalculateurs les plus puissants au niveau mondial, HP est celui qui compte le plus grand nombre de systèmes, devant Big Blue. « Nous avons 179 ou 180 machines au Top 500 et l'écart avec le 2ème devrait encore s'accroître sur le prochain classement à paraître en juillet », prévoit le responsable EMEA. Sur le terrain de la puissance, depuis le lancement l’an dernier de l’Apollo 8000, un système refroidi par eau conçu pour les besoins traditionnels du calcul haute performance (recherche et climatologie), HP a vendu trois de ces supercalculateurs. Le premier a été installé en Pologne, au Centre académique de calcul de l’Université des Sciences et Technologies AGH de Cracovie. Il s’agit d’un système de 1,7 petaflops qui devrait être prochainement étendu. Le 2ème a été mise en place à l'Université artique de Norvège (UiT), à Tromso. HP ne communique pas sur le 3ème client. Quant à l’Apollo 6000, un modèle refroidi par air qui cible les industriels et les banques, il représente l’essentiel de ses ventes.
Un contrat HPC as a service de 2 Md$ avec Deutsche Bank
Parmi ses références industrielles, HP cite Intel, dans le domaine de l’EDA (Electronic Design Automation), qui utilise 39 000 serveurs pour la conception de ses processeurs et réalise des centaines de milliers de simulations par jour. ARM recourt aussi à des serveurs HP pour le design de ses puces. « L’EDA est un marché qui va évoluer encore et sur lequel nous voyons un besoin de HPC as a service », a indiqué Philippe Trautmann sur Teratec. Car, en dehors du HPDA, une autre tendance progresse fortement, c’est l’émergence d’offres intégrées fournies sur la base d’une location mensuelle, dans lesquelles HP fournit le datacenter, l’infrastructure et l’énergie, le tout inclus dans un contrat de service. Ce sont des offres qui se développent de plus en plus, notamment dans les secteurs du manufacturing et de la banque. « Nous avons signé dans ce domaine des contrats majeurs avec Airbus et Rolls-Royce. Dans le monde bancaire, nous avons annoncé il y a quelques mois la signature d’un contrat de 2 Md$ avec Deutsche Bank qui porte sur de l’outsourcing de ressources HPC dans lesquelles une grande partie reposent sur des serveurs qui sont opérés par HP », cite en exemple Philippe Trautmann.
« Ce business model est très intéressant pour nous parce que nous avons une offre complète sur la partie matériel, logiciel et infrastructure, mais aussi du côté des services, de l’intégration avec les partenaires, de la gestion des ISV et ainsi de suite. C’est une nouvelle manière d’évoquer le HPC et cela veut dire aussi, alors que le matériel se démocratise et s’homogénéise, que la recherche de différentiation est plus forte sur des offres intégrées de HPC as a service ». Sur le marché européen, depuis qu’IBM a abandonné une partie de son activité, le principal concurrent de HP est Atos/Bull qui, de son côté, fait avancer sa stratégie exascale. Sur ce terrain, le constructeur français a notamment livré son supercalculateur SMP Bullx S6000, un système à mémoire partagée de 24 To de mémoire adaptée aux applications de big data.
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