Après son rachat par Western Digital en mars 2011, HGST (Hitachi Global Storage Technologies) est restée une filiale indépendante suite à la pression des autorités anticoncurrence chinoises. Ce qui n'a pas empêché le spécialiste des disques durs et des SSD professionnels de poursuivre le développement de ses gammes avec des solutions particulièrement innovantes. Face à une concurrence emmenée par Seagate, Toshiba et Samsung, HGST a, par exemple, misé sur l'hélium en lieu et place de l'air pour augmenter la capacité de stockage de ses disques durs pour datacenters. La firme, issue du rapprochement des entités disques durs de Hitachi et IBM en 2003, a commercialisé le premier disque dur d'une capacité de 6 To avec l'aide de ce gaz super léger.

Comme nous l'a expliqué Nicolas Frapard, directeur des ventes EMEA chez HGST, la firme de San José, son disque dur Ultrastar HE6 6 To exploite l'hélium pour apporter 50% d'espace de stockage supplémentaire par rapport à un disque dur de 4 To rempli d'air. Le dirigeant nous a souligné qu'il existe plusieurs autres avantages à tirer en permettant aux plateaux des disques durs de tourner dans l'hélium, deuxième élément le plus léger au monde. En utilisant ce gaz, qui affiche un septième de la densité de l'air, HGST a réussi à réduire la traînée (et donc le frottement) des plateaux, ce qui rend le disque dur plus silencieux, plus frais et moins gourmand en énergie qu'un disque dur de 4 To rempli d'air. La température à l'intérieur des disques durs baisse ainsi de 4 à 5 degrés et la consommation électrique de 50% grâce à l'utilisation d'un moteur de puissance plus faible. Parmi les premiers clients à utiliser ces disques durs à l'hélium, M. Frapard met en avant le Cern, mais aussi HP, Huawei et Netflix.

Plus onéreux à l'achat mais plus économe en énergie
à l'usage

Un disque dur de 4 To coûte généralement 160 € HT, mais l'Ultrastar HE6 est susceptible d'être un peu plus onéreux, car il n'a pas vraiment de concurrent sur le marché. Mais aujourd'hui, le prix d'acquisition ne fait pas tout, souligne Nicolas Frapard. Il est intéressant de calculer le cout global et avec un disque dur à l'hélium, la réduction de TCO atteindrait 20 à 33% sur 5 ans selon le responsable des ventes Europe. A long terme, les produits de stockage exploitant l'hélium permettraient de réaliser de substantiels économies dans les datacenters.


Nicolas Frapard, directeur des ventes EMEA chez HGST

M. Frapard nous a également indiqué que la plate-forme hélium servira de base pour la conception  de nouveaux produits chez HGST. L'utilisation de l'hélium n'empêche en effet absolument pas de recourir à des technologies comme le SMR (Shingled magnetic recording) et le HAMR (Heat-assisted magnetic recording) pour améliorer encore les capacités de stockage des disques durs.

Des rachats significatifs pour accroitre l'offre flash

Mais HGST est loin d'avoir tous ses pieds dans le même sabot. La gamme SSD professionnels, développée avec le concours d'Intel pour les composants Nand flash, mérite également le détour. Le constructeur propose en effet des unités atteignant jusqu'à 2 To avec une interface SAS en 2,5 pouces. Et avec le rachat de Verident en septembre dernier (pour un montant de 685 millions de dollars), HGST met un pied sur le marché des cartes PCIe flash pour serveur. Fondée en 2006 par une équipe issue de plusieurs grands noms de l'IT, Google, Sun Microsystems, Cisco, SGI et Intel, Verident est spécialisée dans la mémoire flash et propose notamment une carte PCIe pour serveur, baptisée FlashMax II qui vient concurrencer les produits de Fusion IO, Texas Memory (désormais dans le giron d'IBM) ou Xtreme IO (aujourd'hui chez EMC). Ce rachat faisait suite à celui de STEC en juin de la même année pour un montant de 340 millions de dollars. La société STEC est quant à elle spécialisée dans les SSD hautes performances en SAS ou PCIe.

Mais malgré tous ces annonces, les disques durs traditionnels ne sont pas prêts de tirer leur révérence. HGST vient de lancer un modèle 15 000 t/m, l'Ultrastar C15K600 d'une capacité de 600 Go en 2,5 pouces (SAS 12 Gbit/s). Les disques durs ne vont pas simplement disparaître parce que les consommateurs et les entreprises achètent plus de flash, ils répondent encore aujourd'hui à de nombreux usages. En fait, la quantité de données conservée sur les disques durs traditionnels devance toujours le stockage flash sous toutes ses formes, y compris les SSD, les cartes PCIe pour serveur et les composants intégrés dans les terminaux mobiles. Mais comme technologie émergente, la flash a plus été sous les spots ces dernières années.

Nicolas Frapard pointe ainsi la pertinence du stockage longue durée sur disques durs en remplacement de la bande pour la sauvegarde. Les disques durs hybrides pour PC, stations de travail et serveur sont également en plein essor comme nous l'a expliqué Philippe Huard, responsable des ventes pour la France chez Seagate, le spécialiste du genre. Les hybrides sont conçus pour combiner la vitesse du flash avec un faible coût par gigaoctet des disques durs. Dans les entreprises, ils peuvent être une alternative moins onéreuse aux SSD. Mais la plupart des nouveaux fournisseurs de solutions de stockage comme Nimble Storage, Nutanix ou encore Coho Data préfèrent combiner des SSD et des disques durs dans une architecture multi-tiers avec des algorithmes de déduplication et de compression. On le voit le disque dur n'est pas mort mais pour survivre, il doit faire preuve d'innovation.