Si la Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur l'Internet avait depuis le mois de juillet dans ses labs un volet sur le streaming, le Président de la République a un peu accéléré le mouvement en évoquant une loi Hadopi 3 qui serait étendue au streaming. L'autorité s'est donc saisie du dossier streaming étendu au téléchargement direct de contenus illicites. Marie-Françoise Marais, présidente de l'Hadopi, a demandé à Mme Mireille Imbert-Quaretta, présidente de la Commission de protection des droits, de prendre en charge une mission de 3 mois. Elle se penchera sur 3 sujets : une évaluation des phénomènes, un dialogue avec les plateformes et les sites concernés ainsi que tous les intermédiaires « établissements bancaires, intermédiaires de paiement ou de micro-paiement et régies publicitaires, évaluation des limites des outils juridiques existants et proposition d'adaptation de toute nature y compris législative ». Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, devrait proposer au 1er trimestre 2012, son plan de bataille pour lutter contre le streaming.
Quelles méthodes choisir ?
Dans l'arsenal pour lutter contre les sites de streaming ou de téléchargement direct de contenus illicites, il existe plusieurs options. La première est la fermeture des sites incriminés. Cela peut se faire via une décision de justice, mais cette solution prend du temps et de l'argent. Autre moyen envisagé s'en prendre à l'argent collecté par ces sites, comme cela a été le cas avec Wikileaks. Le problème de cette méthode est la probable non-coopération des établissements bancaires ou de micro-paiement sans avoir une décision de justice préalable. On retombe alors dans l'impasse de la fermeture des sites. Il reste donc deux autres solutions techniques, la censure des sites via une liste noire des sites et le filtrage des internautes sur leurs usages. Dans ce dernier cas, c'est l'utilisation de la technologie dite de DPI (Deep Packet Inspection) qui permet de scanner les flux des internautes et ainsi de vérifier quels sites ils consultent. Cette technique se heurte à trois écueils : le premier sur le respect de la vie privée et la liberté d'expression sur le Net. Le second est financier, qui va payer pour installer cette technologie, les FAI craignent déjà qu'on leur demande d'assumer cette intégration. Enfin dernier obstacle, la récente jurisprudence de la Cour de Justice de l'Union européenne interdit l'imposition d'un outil de filtrage généralisé à l'ensemble des internautes d'un FAI. La Hadopi avait fait savoir qu'elle n'était pas favorable au filtrage, mais plutôt à la riposte graduée.
Pour terminer sur cet arsenal, il reste la censure des sites incriminés en les blacklistants. L'arrêt de la juridiction communautaire cité précédemment précise que les sites utilisant des protocoles de type P2P peuvent avoir des contenus légaux et donc ne pas tomber sous le coup du filtrage. Par ailleurs, le bloggeur Korben, rappelle que le développement des sites miroirs ou la création de nouveaux sites pourrait contourner cette censure. Par ailleurs, les sites de streaming s'adapteront en proposant des accès via une connexion sécurisée VPN ou en HTTPS.
Frédéric Mitterrand a déclaré lors d'une interview sur Canal+,« c'est une question qui est effectivement assez compliquée à résoudre, mais heureusement nous disposons d'un outil qui est assez formidable, Hadopi, qui va faire l'expertise nécessaire pour savoir comment s'y prendre ». Certains observateurs estiment qu'en pleine période présidentielle des mesures législatives seront difficiles à mettre en place. A suivre...
Hadopi va s'attaquer au téléchargement direct et au streaming
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Réaction
En réponse au propos de Nicolas Sarkozy sur Hadopi 3 portant sur les sites de streaming, le ministre de la Culture a donné 3 mois à la Haute Autorité pour proposer des mesures. Certains s'inquiètent déjà d'une extension du filtrage des internautes et évoquent les difficultés juridiques et économiques de sa mise en oeuvre.
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Le blocage de sites ou serveurs devrait être la seule et unique méthode si lutte anti piratage, sans parti dans des seuls principes valides:
Signaler un abus1) concentrée sur les centres et non utilisateurs finaux (il y a toujours des centres du fait du besoin de catalogues, "peer to peer" aussi vaste hypocrisie dans les termes et tout le monde le sait)
2) Aucun besoin de monitorer/superviser les flux utilisateurs finaux.
3) besoin de procédures légales et publiques pour le filtrage/blocage des sites:
http://iiscn.wordpress.com/2011/05/15/piratage-hadopi-etc/
Et la vraie priorité devrait être aussi la mise en place d'une vraie alternative non monopolistique de publication sur internet avec achat à l'œuvre offrant une vraie plus value à acheter par rapport à pirater (j'ai acheté ça ça marche et puis c'est tout, je ne m'occupe d'aucun fichier, copies, backups, etc, concept atawad), ce qui quoi qu'on en dise à plus ou autant à voir avec le besoin d'une nouvelle fonction et séparation des rôles qu'avec des questions techniques :
http://iiscn.wordpress.com/2011/05/15/concepts-economie-numerique-draft/
D'autre part en ce qui concerne, bloquer du licite etc, voir discussion ci dessous :
http://www.pcinpact.com/news/67215-sabam-cour-justice-filtrage-blocage.htm?vc=1&_page=3#top_commentaire
Zorbax à écrit :
Sauf que s'attaquer à ce que tu appelles les "centres", c'est tout à fait vain du fait du fonctionnement intrinsèque d'Internet. Si on te suit, on bloque RapidShare, Megaupload, les sites de torrents et autres sites recensant des liens, et hop c'est réglé (la question du p2p mise à part). Ça méconnaît deux points essentiels :
Faux à mon avis, certes cela ne serait pas parfait, mais la perfection on s’en fout comme du piratage zéro d’ailleurs. D’autre par si cela était aussi vain, il faudrait aussi expliquer pourquoi cette décision ou orientation est vue comme une grande victoire..
Et puis je connais quand même un peu internet pour travailler dedans (enfin en partie et plus hyper technique), et il ne faut pas oublier que les «darknets» et compagnie, cela reste quand même des «overlays» n’ayant à priori pas vocation à poser des câbles transatlantiques. Donc un «centre» cela reste aussi un serveur avec une adresse IP branché sur internet, avec un abonnement ou service chez un FAI ou telco. Donc si le «centre» est dans un pays appliquant une certaine liste illicite, le VPN ou proxy ça ne marche pas, si dans un «paradis du piratage», oui ça marche.
Sinon à propos de :
ZorBaX a écrit :
- d'autre part il y a tout de même un fort risque de blocage complet de sites qui n'avaient pas pour vocation d'encourager/permettre le téléchargement illicite. Imaginons par exemple un service de blogs comme Blogspot ou de forums comme Aceboard. Si des utilisateurs publient des conneries, on bannit purement et simplement le domaine complet ? Pareil pour MegaUpload, qui est malgré tout utilisé aussi pour des usages licites (distribution de firmwares, de manuels par des fabricants de matériel, envois privés de fichiers entre personnes privées etc.). MU doit drainer peut-être 99% d'utilisation illicite dans son trafic, mais certains sites dont ça ne représente que quelques pourcents à peine de l'audience, on les bannit aussi ?
Oui il y a là bien sûr un vrai problème, et c’est pour cela que l’aspect «procédures légales et publiques sur dépots de plaintes» est essentiel, et non simples opérations de police comme plus ou moins le cas d’hadopi.
Mais il y a aussi l’hypocrisie consistant à dire «je peux poster un lien torrent sur «the pirates bay» pour une distrib linux, donc the pirates bay n’a pas vocation au piratage», ou excuses technico procédurières du genre «on a que des liens on a pas les données nananère». Alors que comme tu le dis il y a quand même des «centres» se positionnant clairement sur le marché du piratage (et c’est bien un marché, voir abonnement MU ou toutes les pubs sur ces sites, s’achetant ou cachant éventuellement leurs vertus derrière forums de partage de liens t411 ou autres), et centres ou services sur le partage licite et fichiers personnels (dropbox et autres) d’autre part. Et puis les services ou protocoles de distribution de licite sont de toute manière là.
Et puis ne pas oublier aussi que derrière tout cela il y aussi les quelques «monstres» se positionnant de manière plus ou moins «verticale» (contenu lié à machine, fabriquant de machines, magasins en ligne, les deux ou autres), approche consistant à lier contenu et tuyaux (ou infrastructure technique en général terminaux y compris) qui était déjà celle d’un J2M par exemple. Avec tout ce que cela veut dire en termes de positions dominantes (propres règles de censure(apple), pourcentages obligés vis à vis des créateurs/éditeurs(apple, amazon), gg se positionnant sur le contenu payant et commencant à retirer les liens MU et autres des résultats de recherche, compte facebook obligatoire pour service spotify, etc, etc).
Alors qu’il me semble que l’important devrait aussi être la mise en place d’un environnement non monopolistique de publication sur internet, offrant une vraie plus-value à acheter par rapport à pirater, en particulier en terme d’expérience utilisateur (j’ai acheter quelque chose, ça marche et puis c’est tout, pas besoin de s’occuper de fichiers, copies, backup, transfert, synchro, etc), et que cela nécessite autant si ce n’est plus que des aspects techniques, une nouvelle fonction «tenanciers de bibliothèques personnelles»(que des références, pas de copies dans ces bibliothèques), et séparation claire entre cette fonction/organisations associées d’une part, et créateurs/éditeurs/diffuseurs de contenu d’autre part.
Cela permettrait aussi certainement de vrais nouveaux entrants, et donc rééquilibrage de certains pourcentages, quand les taxes sur copies privés par exemple, ne viennent que faire grossir le revenus des pourcentages définis par les passages radios/télés.
A la fin la question est «on fout toute notion de droits d’auteurs à la poubelle ou pas ?»
Notion de droits d’auteurs qui rappelons le est apparue à la révolution française, alors qu’il n’y avait auparavant que des «privilèges», à ce sujet par exemple :
http://iiscn.wordpress.com/2011/06/07/diderot-lettre-sur-le-commerce-des-livres/
Le contenu c’est important aussi quand même, et voir dans le «dogme du tout gratuit» un grand élan de liberté est assez inquiétant, dogme s’apparentant aussi souvent à une sorte de censure par étouffement, et en plus associé en permanence à une confusion entre ce qu’est la censure et le fait de faire des copies. Et bien évidemment le vrai gratuit (wikipedia, blogs autres) aucun problème et là pour rester, mais quand on y pense le contenu sur le web par exemple est assez loin de ce que cela pourrait être potentiellement, et le dogme a certainement à voir là dedans, sans oublier qu’acheter un «droit d’accés à vie» à un site cela correspond aussi à du contenu et forme de publication, forme aussi quasi indépendante des machines ou appareils.
Et ne pas oublier encore une fois, que laisser le monitoring des flux utilisateurs comme seule voie légale (jusqu’aux délires soft obligatoire sur terminaux par ex), cela correspond à banaliser l’approche surveillance permanente (et des contenus associés en particulier), alors que l’approche vers les centres permettrait justement d’interdire le monitoring des flux utilisateurs (ou sous demande expresse etc)
Note : la photo récupérée sur mon site/blog ? Même numéro de décision en tous cas.