Google a fait son entrée mercredi sur le marché convoité de l'écoute de musique en ligne, capitalisant sur le succès de son système d'exploitation pour smartphones et tablettes Android afin de mettre la pression sur des acteurs établis comme le suédois Spotify.

Google a annoncé le lancement d'un service d'écoute de musique sur abonnement, "Plays All Access", lors d'une conférence qu'il organisait à San Francisco pour présenter aux développeurs des améliorations de plusieurs de ses produits. L'événement a aussi été marqué par l'apparition surprise du directeur général, Larry Page, qui avait révélé la veille souffrir d'une paralysie partielle des cordes vocales. "J'aurais dû en parler plus tôt", a-t-il reconnu au sujet de cette défaillance, lors d'une demi-heure de questions-réponses avec les 6 000 personnes présentes.

Destiné aux appareils fonctionnant avec Android, le service musical offrira un accès par abonnement à l'équivalent d'une radio musicale, en combinant le catalogue de musique de Google avec la collection personnelle de l'utilisateur. Il était lancé mercredi aux Etats-Unis pour un tarif fixé à 10 dollars par mois, avec des réductions promises aux premiers abonnés, et serait étendu à d'autres pays "bientôt", a promis un responsable de la division Android du groupe, Chris Yerga.

Google s'invite sur un marché de plus en plus concurrentiel, où plusieurs acteurs sont en train de se lancer aux côtés des sites établis de streaming comme Spotify, numéro un mondial, l'américain Pandora Media ou encore le français Deezer. Le réseau social Twitter avait annoncé il y a quelques semaines un service musical, optant pour une coopération avec Spotify et le magasin de musique en ligne iTunes d'Apple.

Apple attendu sur le créneau

Les médias spécialisés ont aussi spéculé sur le lancement par Apple lui-même d'un service musical (suite au rachat de Lala en en 2010), ainsi que sur des projets en ce domaine d'une autre division de Google, le site de vidéo YouTube. Le marché semble en effet prometteur. Rien qu'aux Etats-Unis, plus de 147 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, écoutent de la musique ou des contenus audio en streaming au moins une fois par mois, d'après des estimations du cabinet eMarketer. Et les redevances versées par les sites de streaming ont représenté environ 15% des revenus de l'industrie musicale américaine l'an passé, selon l'association du secteur RIAA.

Le service de Google aura l'avantage de pouvoir capitaliser dès le départ sur une large base d'appareils compatibles. La firme laisse en effet toute une série de fabricants, à commencer par le sud-coréen Samsung, utiliser gratuitement Android (sous conditions toutefois), avec un succès croissant. Les activations de smartphones et de tablettes fonctionnant avec ce logiciel ont plus que doublé sur l'année passée, à 900 millions, a indiqué mercredi un autre responsable de la division Android, le vice-président Sundar Pichai.

Records en Bourse


Tous fabricants confondus, Android équipe trois smartphones vendus sur quatre, et un peu plus de la moitié des tablettes, selon des estimations de plusieurs cabinets de recherche. A titre de comparaison, Apple et son logiciel rival iOS, installé sur l'iPhone et l'iPad, pesaient sur la même période 17% du marché des smartphones et 40% de celui des tablettes, selon le cabinet IDC. La menace a semblé inquiéter modérément mercredi les actionnaires de Pandora Media, dont l'action a clôturé sur une baisse de 1,07% à 16,57 dollars. Apple a reculé plus nettement, de 3,38% à 428,85 dollars.

Google pour sa part, qui bat record sur record en Bourse ces derniers mois et avait franchi pour la première fois la barre symbolique des 900 dollars en matinée, avant même l'ouverture de sa conférence, a terminé la séance en hausse de 3,25% à 915,89 dollars.