Un tournant dans les stratégies de transformation numérique ? C'est en tout cas la manière dont certains commentateurs accueillent la décision du constructeur automobile américain General Motors (GM) de licencier plus d'un millier de salariés de sa division logiciels et services. Plus de 600 de ces postes sont situés dans son centre technique de Warren (Michigan).
Dans un courriel envoyé lundi aux employés, message dévoilé par le Detroit Free Press, Baris Cetinok, le vice-président du groupe en charge des produits logiciels et des services, de la gestion des programmes et de la conception, explique que GM est confronté à une concurrence accrue aux États-Unis et à l'étranger, et qu'il doit donc réorienter ses ressources vers les domaines les plus prioritaires et simplifier les structures des équipes, notamment en « aplatissant les hiérarchies » afin d'éviter les doublons. Le groupe automobile a également été récemment confronté à des problèmes de qualité de ses logiciels embarqués, l'obligeant à stopper provisoirement la vente de deux de ses modèles.
Plusieurs observateurs du secteur expliquent que cette décision reflète presque certainement une volonté d'externaliser ces activités de développement logiciel à des partenaires technologiques. « Nous avons examiné de près les ressources et ce sur quoi les gens travaillaient et nous avons réalisé que nous devions procéder à un ajustement », explique un porte-parole du constructeur au Detroit Free Press.
La voie de l'externalisation ?
La décision de GM est loin d'être isolée. Les exigences de retour sur investissement des directeurs financiers et des Pdg, ainsi que des membres du conseil d'administration, sont à l'origine d'un grand nombre de reculs en matière de développement logiciel internalisé, souligne Steve Taplin, Pdg de la société spécialisée dans le développement Sonatafy Technologies. « Les initiatives en matière de développement logiciel ne sont plus aussi prioritaires qu'auparavant, car les entreprises sont tout simplement moins patientes dans l'obtention des résultats », dit-il.
Selon Steve Taplin, « les licenciements de GM sont plus qu'une simple mesure de réduction des coûts. Ils indiquent clairement que le paysage des entreprises en transition vers des modèles centrés sur les logiciels est en train de changer. Si GM et d'autres ont toujours l'ambition de devenir des géants du logiciel, ils commencent à réaliser que la mise en place d'équipes internes massives n'est peut-être pas la meilleure voie à suivre ». D'où, selon lui, un recours plus franc à l'externalisation et à la délocalisation pour combler les lacunes internes. « Cette démarche permet aux entreprises de rester souples, de réduire leurs frais généraux et de bénéficier d'une expertise spécialisée sans un engagement à long terme inhérent à l'embauche d'une importante main-d'oeuvre interne. »
Sous pression dans les véhicules électriques
« Lorsque le logiciel n'est pas votre compétence principale, la culture logicielle n'existe tout simplement pas en interne », remarque de son côté Ritesh Seth, Pdg de la société de conseil RH Empathy Employer, qui rappelle que GM a écarté tout association avec RIM ou Tesla pour développer ses logiciels et a préféré lancer sa propre initiative. « Ce mouvement reflète les pressions plus générales que connaît l'industrie et souligne les difficultés à trouver le bon équilibre entre développement de logiciels et opérations classiques de production », ajoute-t-il.
En fin de compte, GM a découvert que la mise en oeuvre d'une usine logicielle de qualité est assez coûteuse, note Sandeep Mukunda, directeur de recherche au sein du cabinet IDC. Selon l'analyste, la décision du groupe automobile de Detroit, qui emploie 76 000 personnes (dont 53 000 aux Etats-Unis), reflète aussi l'évolution du marché des véhicules électriques, où GM est confronté tant à une baisse de la demande sur le marché américain qu'à la concurrence de nouveaux entrants, notamment asiatiques. « Il est très difficile de rivaliser avec des fabricants de véhicules électriques à bas prix alors que GM a standardisé tous ses véhicules électriques sur une plateforme SUV », ajoute Sandeep Mukunda.
« En outre, Tesla et les fabricants asiatiques tels que BYD sont bien plus avancés sur la voie de l'intégration verticale et de la maturité de leurs plateformes logicielles, ce qui leur confère un avantage en termes de prix. Avec la récession prévue en 2025 et la menace imminente de changements dans les subventions, les financements et les politiques fédérales liés aux véhicules électriques lors des prochaines élections (en raison de l'éventuelle réélection de Donald Trump qui a promis de les couper, NDLR), GM pourrait prévoir de réduire les risques et de s'appuyer davantage sur des fournisseurs externes pour le développement de ses SDV [software defined vehicle] plutôt que d'étendre et développer ses capacités internes. »
General Motors licencie dans sa division développement et services
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Le constructeur de Detroit dégraisse son entité spécialisée dans le développement de logiciels et services. Un virage stratégique révélateur d'une réorientation des stratégies de transformation numérique ?
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