On attendait Free au tournant sur le marché entreprise. Le groupe Iliad vient de dévoiler son offre qui prend le nom de Free Pro. Elle est constituée d’une Freebox dédiée et d’un forfait combinant fibre et téléphonie mobile pour 50 euros HT par mois sans engagement. Pour Xavier Niel, « ce type d’offre chez nos concurrents sont en général deux fois plus chers avec des contrats durant 1, 2 voire 3 ans ». L’objectif est donc clair, « déverrouiller » le marché entreprise qui est encore fortement dominé par l’opérateur historique, avec « un choc de simplification et de tarification » souligne le fondateur de Free. Dans ses ambitions, Iliad souhaite obtenir 5% de part de marché et un chiffre d’affaire de 400 à 500 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2024.
Une Freebox Revolution à la mode Pro
Mais rentrons dans les détails des différents éléments de l’offre. Tout d’abord, elle reprend le design de la Freebox Revolution, rectangulaire. La Freebox Pro comprend deux connexions fibre avec la technologie 10G Epon. L’opérateur n’a pas fait le choix d’un débit symétrique, souvent demandés par les entreprises et propose des débits théoriques de 7 Gbt/s en download et 1 Gbt/s en upload. « Nous nous appuyons sur un réseau fibre de point à point que nous maîtrisons. Il a été bâti en partie sur le réseau Jaguar Network [NDLR : Iliad a acquis Jaguar Network en janvier 2019] et sur celui de Free », glisse Xavier Niel. L’abonné disposera nativement d’une adresse en IPv6, mais pourra demander gratuitement une adresse IPv4. Sur la téléphonie fixe, deux lignes sont mises à disposition des clients.
Un module de backup 4G est inclus en cas de rupture de service fibre. Pour les entreprises, la question de la continuité de service est cruciale. Free Pro s’engage sur une GTR de 8 heures. Sur le plan de la connectivité sans fil, le WiFi est présent mais en version 5, « le standard WiFi 6 va rapidement être obsolète et nous avons préféré nous focaliser sur le prochain WiFi 6E », précise Kevin Polizzi, fondateur de Jaguar Networks et patron de l’activité Free Pro. Les entreprises pourront facilement installer un WiFi invité depuis leur console d’administration, ainsi qu’un répéteur (comme dans la Pop) pour assurer une meilleure couverture.
Autre point, la Freebox Pro embarque un NAS (comme sur les Freebox pour les particuliers) équipé par défaut d’un disque dur de 1 To. Il est possible d’ajouter un second disque dur de 1 To monté en Raid 1 (40 € HT). L’opérateur précise que des options seront disponibles pour intégrer des SSD (2 pour 100 € HT). Il ajoute la possibilité de synchroniser les données dans un cloud basé en France, « dans 3 datacenters », précise Thomas Raynaud, directeur général de Free. L’aspect sécurité n’est pas oublié avec un firewall intégré ainsi qu’un VPN. La petite touche de nouveauté réside dans la présence d’un module d’auto-diagnostic de la box qui grâce à l’IA embarqué donne une analyse prédictive de la santé de la box et des risques de panne. Enfin, l’opérateur a écouté les DSI et a taillé sa box pour qu’elle soit rackable dans des armoires de datacenter (un kit pour les baies est disponible à 59 € HT)
Au sein de la Freebox Pro, il est possible de placer 2 disques dur ou SSD pour la fonction NAS. (Crédit Photo: Iliad)
Un forfait mobile 5G intégré
Pour faire la différence avec les autres offres Pro, Free Pro a décidé d’intégrer un forfait mobile 5G. Free revendique un grand nombre d’antennes 5G activées mais dans la bande de fréquence des 700 MHz avec des débits moins élevés que la concurrence (Orange, SFR et Bouygues Télécom s'appuient plutôt sur de la 5G en 3,5 GHz et en 2,1 GHz). Le forfait proposé comprend 150 Go de data, 25 Go en roaming et des appels illimités y compris dans plusieurs pays. Pour les entreprises qui souhaitent acquérir plus de forfaits, il faudra débourser 10€ HT par mois pour une ligne supplémentaire.
Cette offre double play est particulièrement agressive avec une promotion sur la première année à 40 € HT par mois. Il faudra ajouter les frais de raccordement de 50 € HT pour la mise en place de la fibre et de la Freebox Pro. Un support client dédié est accessible 7j/7 de 9h à 18h. Pour souscrire, les entreprises auront le choix de passer soit par le site, par téléphone, par les Free Center ou via des partenaires intégrateurs.
Et la concurrence ?
La proposition de Free Pro est-elle « un choc de tarification » comme Xavier Niel l’affirme ? Chez Orange, le package comprenant fixe, mobile et Internet est nommé Open Pro. Il coûte 47 € HT (+ 5 € HT de location de la box) par mois avec un engagement de 2 ans et un débit descendant et montant jusqu’à 1 Gb/s. A noter aussi que plusieurs forfaits mobiles sont disponibles et que le premier prix est très limité (2 heures de communications et 500 Mo en data). Pour les plus gourmands, il faudra débourser près de 84 € HT par mois.
Chez Bouygues Telecom l’offre de base est à 37,5 € HT par mois sur 1 an pour les mêmes débits que chez Orange. En souscrivant à l’offre plus à 45 € HT, l’abonné disposera d’un meilleur débit théorique, du WiFi 6 et de Microsoft 365 avec 1 To de stockage. Chez SFR, le package Power Pro Box est à 36 € HT par mois sans engagement avec un débit de 1 Gb/s en descendant et 500 Gb/s en montant. Sur SFR et Bouygues Telecom, il faudra ajouter le forfait mobile 5G (entre 37 € HT et 39 € HT) pour atteindre la même offre que Free Pro.
Dans leurs interventions, les responsables de Free ont répété à plusieurs reprises que le forfait Freebox Pro était accessible aux TPE-PME mais à vocation aussi à séduire les grandes entreprises. « Elles sont constituées d’une multitude de filiales », souligne Xavier Niel. Mais certains points pourraient rebuter les entreprises de grandes tailles : l’absence de débit symétrique, une GTR plus rapide (4h), des offres cloud (passerelle avec Scaleway), … Néanmoins, Iliad vient de faire son entrée sur le marché entreprise et comme à son habitude a décidé de casser les prix. A voir si cette stratégie s’avérera payante comme chez les particuliers.
"L'information" est sérieusement erronée au sujet du déploiement 5G chez Free. Certes, ils ont beaucoup d'antennes 700 MHz mais, contrairement à ce que semble indiquer l'article, ils n'ont pas moins d'antennes 3.5 GHz que les autres opérateurs, bien au contraire. Le 700 MHz, c'est en plus, pas à la place. Si on ne prend que le 3.5 GHz, ils sont loin devant Bouygues et SFR (bon dernier) et sont actuellement entrain de rattraper Orange, qui jusqu'à présent était loin devant tout le monde, mais uniquement sur cette fréquence.
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