Sans surprise, l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) a retenu la candidature de Free Mobile, une filiale d'Iliad, en tant que quatrième opérateur mobile en France au coté de Bouygues Telecom, d'Orange et de SFR. L'autorisation d'utilisation des fréquences sera délivrée par l'Arcep à compter du 1er janvier 2010. A compter de cette date, Free Mobile s'engage "à ouvrir commercialement son réseau mobile au plus tard deux ans après la délivrance de l'autorisation, soit en 2012. Autre engagement de la part du nouvel opérateur, il devra couvrir au moins 90% de la population par son réseau 3G dans les huit ans. Comme les trois autres opérateurs mobiles, Free Mobile devra ouvrir son réseau à des opérateurs mobiles virtuels (MVNO).
Selon l'Arcep, Free Mobile "envisage de proposer au consommateur des offres claires et innovantes à des tarifs compétitifs de nature notamment à faciliter l'accès à l'Internet mobile". Un nouvel appel à candidatures concernant le reliquat de la bande passante 2,1 GHz sera lancé au cours du premier semestre 2010. Et au second, ce seront des "procédures d'attribution des bandes 800 MHz et 2,6 GHz permettant le déploiement des réseaux mobiles de nouvelle génération à très haut débit".
Interview : "Free devra innover " selon E.Barreiro d'UFC-Que choisir L'Arcep, gendarme français des télécoms, doit annoncer vendredi le résultat de la procédure d'appel à candidatures pour l'attribution de la 4e licence mobile. Sauf surprise de dernière minute, le fournisseur d'accès à Internet Free, candidat unique, devrait être désigné 4e opérateur mobile français. Edouard Barreiro, chargé de mission à l'UFC-Que Choisir, attend du nouvel entrant d'être innovant pour changer la manière de consommer la téléphonie mobile, et agressif dans les tarifs.
Rédaction : Faut-il se réjouir ou redouter la très probable arrivée de Free sur le marché de la téléphonie mobile ?
Edouard Barreiro : Les consommateurs doivent s'en réjouir. C'est pour eux une très bonne nouvelle car le marché de la téléphonie mobile est figé depuis de nombreuses années. Dans cette affaire, le consommateur à tout à gagner, rien à perdre. Free devrait stimuler la concurrence et bousculer un secteur qui est aujourd'hui en mauvais état, mais à condition d'être innovant, au risque de disparaître.
R. : Qu'attendez-vous du quatrième opérateur mobile ?
E. B. : Qu'il soit avant tout innovant dans la manière de consommer la téléphonie mobile. Il pourrait par exemple lancer des offres familiales où chaque membre piocherait les minutes dont il a besoin pour sa consommation personnelle, comme cela se fait déjà aux Etats-Unis. Il faut qu'il soit également très agressif en termes de tarifs et proposer des prix très intéressants. Enfin, ce nouvel opérateur doit se montrer respectueux des droits des consommateurs.
R. : L'UFC a justement lancé deux plaintes contre Free. Faut-il craindre des abus de sa part ?
E. B. : Nous avons effectivement lancé deux procédures contre Free. L'une concerne la surtaxation des appels à sa hotline, et l'autre pour pratique commerciale déloyale et clauses abusives. Nous estimons en effet que Free contourne la loi Chatel qui interdit pourtant les numéros surtaxés pour les hotlines. Et il y a aussi par exemple le cas où un client s'abonne via Internet. Une option, facturée 9,99 euros par mois, est automatiquement précochée alors que le coût total de l'abonnement reste affiché à 29,99 euros par mois. Cette manoeuvre permet de cacher au client le coût total réel de sa facture. Il faudra donc que cette société tire des leçons de son expérience dans le marché de l'ADSL pour se montrer exemplaire sur celui de la téléphonie mobile.
R. : Free est-il plus ou moins respectueux des droits des consommateurs que les autres opérateurs ?
E. B. : A un moment ou un autre, chaque fournisseur d'accès à Internet est épinglé pour des contrats qui ne respectent pas les droits des consommateurs. Mais à la différence de ses concurrents, Free a la fâcheuse habitude de ne pas se plier aux décisions de justice, comme la loi Chatel, qu'elle contourne depuis 2008.
R. : En termes de prix, Free aura-t-il la capacité de se montrer aussi agressif que sur le marché de l'ADSL ?
E. B. : Free va devoir investir des sommes conséquentes pour décrocher sa licence et installer ses infrastructures. Pour rentabiliser la construction de son réseau, il devra rapidement atteindre une part de marché suffisante. Pour y parvenir, il n'aura pas d'autre choix que de proposer des offres agressives afin de recruter un maximum d'abonnés. Comme pour le marché de l'ADSL, la percée de Free devrait causer un effet en cascades. Les autres acteurs devront suivre derrière, à commencer par Bouygues Telecom, le plus petit des trois opérateurs actuels, et qui sera le plus impacté par l'arrivée d'un nouvel entrant.
R. : Quelles ont été les conséquences de l'arrivée d'un nouvel opérateur mobile dans les autres pays européens ?
E. B. : En Grande-Bretagne comme dans les pays d'Europe du nord, les petits opérateurs arrivés tardivement se sont faits rachetés par les plus grands. La tendance est à la concentration. Cela dit, mieux vaut avoir quatre opérateurs, avec un ou deux petits acteurs qui lancent des offres innovantes pour faire face à la concurrence, que quatre gros opérateurs qui se partagent des parts de marché équivalentes.
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