Si la principale faiblesse de FranceConnect est son manque de notoriété (un Français sur deux seulement en a déjà entendu parler), l'amendement de la sénatrice du groupe Les Républicains Marie Mercier, adopté par le Sénat dans la nuit de mardi à mercredi 10 juin 2020, est peut-être une publicité dont la Dinum (Direction interministérielle du numérique) se serait passée. Cet amendement prévoit en effet que la connexion à un site pornographique nécessite un contrôle strict de l'âge. L'exposé des motifs, largement relayé et raillé, cite parmi les moyens pour ce faire FranceConnect. Pour l'heure, ce fédérateur d'identités de la Dinum reste d'un usage réglementairement restreint, même s'il poursuit son extension et accroît son niveau de service.
S'inscrivant dans TECH.GOUV, le programme d'accélération de la transformation numérique de l'Etat conduit par la Dinum, FranceConnect agrège différents fournisseurs d'identités qualifiées. Les fournisseurs peuvent être publics (impots.gouv.fr, ameli.fr, msa.fr et Alicem) ou privés (L'Identité numérique La Poste, MobileConnect et moi). L'utilisateur FranceConnect peut utiliser son compte pour se connecter à tous les services partenaires, exactement comme certains sites proposent une connexion avec les comptes Facebook ou Google. « 67% des Français ont confiance dans FranceConnect, 33% dans Facebook ou Google, selon un sondage réalisé par l'ACSEL » relève Christine Balian, cheffe de mission IDNUM du programme TECH.GOUV à la Dinum. Construit au départ, en 2015, pour la connexion aux services de l'État ou des collectivités locales, FranceConnect s'étend régulièrement à des usages non-régaliens voire privés.
Des usages en forte croissance
Ainsi, en novembre 2018, FranceConnect a été étendu aux services privés lorsqu'un contrôle de l'identité est obligatoire. La Dinum indique qu'une trentaine de services bénéficient aujourd'hui de cette possibilité (banques, mutuelles, site de jeux en ligne Winamax...), notamment, pour l'ouverture de comptes, les néobanques Boursorama et HelloBank. Christine Balian observe : « nous nous étions aperçus que certains secteurs étaient demandeurs, comme la santé. » Une expérimentation a donc été lancée en mai 2020 avec une possibilité de test par une centaine d'entreprises d'une série de secteurs. « A ce jour, nous avons reçu six demandes formelles, toutes du secteur de la santé » indique Christine Balian. Dans un an, un bilan sera tiré et l'arrêté pris pour cette expérimentation sera adapté selon ses conclusions.
A ce jour, 16,4 millions de citoyens ont utilisé un jour ou l'autre FranceConnect. Ce chiffre n'était que de 1 million mi-2017, 8 millions en 2018. 2,8 millions d'internautes utilisent aujourd'hui FranceConnect au moins 11 fois par an et 5 millions au moins trois fois par an. Or les services comme Ameli et Impots.gouv.fr disposent chacun de quarante millions de comptes : il y a donc encore une large marge de progression dans les usages. 740 services en ligne ont intégré la possibilité de se connecter avec FranceConnect « pour faciliter la vie des usagers » selon Christine Balian. Il s'agit surtout de services publics : les téléservices « carte grise », « passeport » et autres documents officiels représentent plus du tiers des connexions, la retraite presque un autre tiers. Dans les autres services, il s'agit pour l'essentiel de services publics : Mon Compte Formation, Ameli, Impots.gouv.fr...
Délivrer des identités qualifiées de niveau élevé
Même si l'identité fournie par La Poste est, selon les termes du règlement européen eIDAS (electronic identification and trust services), qualifiée de niveau « substantiel » (avec contrôle face-à-face), FranceConnect reste un fédérateur d'identité reconnu uniquement comme fournissant des identités de niveau faible. Ce niveau correspond aux identités fournies par Ameli, impots.gouv.fr, etc.
La prochaine grande évolution de FranceConnect sera donc d'obtenir une certification de l'Anssi lui permettant de référencer des identités qualifiées de niveaux « substantiels » et « élevés ». La Dinum travaille ainsi avec le ministère de l'Intérieur pour intégrer à FranceConnect la future carte d'identité numérique. Celle-ci sera une identité qualifiée de niveau « élevé » (le plus haut). « Nous espérons atteindre ce niveau de certification d'ici la fin de l'année 2020 » note Christine Balian.
Voilà encore un bon moyen de renforcer la surveillance de masse, un seul accès donnant quantité d'informations sur un individu, sponsorisé par la dgsi
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