Le plan de relance de 100 milliards d’euros de l’Etat français, sur fond de crise sanitaire et économique, a été présenté cet après-midi par le Premier Ministre Jean Castex. Il se décline en 3 volets : Ecologie, Compétitivité et Cohésion. Si les technologies informatiques viendront sans doute infuser une partie des efforts de transition écologique, c’est sur les axes Compétitivé et Cohésion de ce plan « France Relance » qu'elles sont directement citées. Ainsi, l’axe Compétitivité prévoit une « mise à niveau numérique » de l’Etat et des territoires, à hauteur de 1,5 Md€, mais aussi des TPE, PME et ETI, pour 385 millions d’euros.
La France est classée 15ème sur les 28 Etats membres de l’UE sur la compétitivité numérique et 11ème sur l’intégration de ces technologies par les entreprises, selon l’index Digital Economy and Society 2020. L’action de l’Etat passe par 3 dispositifs distincts : d’abord un accompagnement à la numérisation des TPE/PME (cf www.francenum.gouv.fr), ensuite un audit pour les PME et ETI ayant un 1er niveau de maturité numérique avec la mise en place de solutions d’intelligence artificielle (via IA Booster) pour moderniser l’outil de production (quel que soit le secteur) et, enfin, pour les PMI et ETI industrielles, un soutien pour investir dans l’industrie du futur. Cette dernière aide se fera sous forme de subvention opérée par l’ASP, en se substituant au mécanisme de suramortissement fiscal. Elle complètera les prêts French Fab de Bpifrance qui cofinancent des projets de modernisation technologique entre 100 K€ et 5 M€. Cela pourra concerner des outils de robotisation ou de fabrication additive, par exemple. Par ailleurs, une enveloppe de 3 Md€ sera consacré au renforcement des fonds propres des TPE/PME et ETI. « Le plan de relance apporte une garantie publique à des fonds d’investissement responsables labellisés « France Relance» et à des prêts participatifs de long terme, expose le document disponible sur le site economie.gouv.fr. La mise à niveau numérique de l’Etat portera pour sa part sur l’identité numérique et la numérisation des écoles, de la justice et de la culture.
Informatique quantique, edtech et santé digitale
Toujours sur l'axe Compétitivité, le soutien au développement des marchés clés, au rang desquels figure le numérique, s’élève à 2,6 Md€. Dans ce domaine, le plan inclut le cloud, l'informatique quantique (avec comme principal acteur le constructeur national Atos, cité par Bruno Le Maire pendant la conférence de presse), les edtech, la 2ème phase de la stratégie IA, ainsi que la santé digitale. Les aides à l’innovation et aux projets d’innovation des filières stratégiques se montent à 1,95 Md€. C’est notamment la mission du nouveau PIA (programme d’investissements d’avenir), dénommé PIA4, qui aura une forte dimension territoriale.
Sur le 3ème volet qui regroupe les actions dites de « Cohésion », le numérique est fortement présent dans le secteur de la santé. Dans le cadre du Ségur de la Santé, 2,1 Md€ seront investis sur 5 ans pour « la transformation, la rénovation, l’équipement et le rattrapage numérique des établissements médico-sociaux ». L’objectif est de rénover 65 000 places d’ehpad d’ici 2025 et d’arriver à plus de 30 000 places en 2030. Toujours dans la santé, 1,4 Md€ seront engagés sur 3 ans pour moderniser les outils numériques et rattraper le retard dans l’interopérabilité du système d’information entre les acteurs de santé. L’objectif est cette fois de pouvoir transférer le dossier médical d’un patient tout au long de son parcours de soin.
Formation aux métiers d'avenir et THD sur les territoires
La formation des jeunes aux métiers d’avenir est bien évidemment intégrée dans ce volet Cohésion. L’enveloppe s’élève à 1,6 Md€. Au milieu de différentes mesures, elle comprend 15000 actions d’évaluation et de formations certifiantes aux savoirs numériques via un abondement du compte personnel de formation. Concernant le maintien dans l’emploi, le FNE Formation sera abondé à hauteur de 1 Md€ sur 2020-2021. Il vient financer des formations qui favorise l’employabilité : les certifications en cybersécurité en font partie. Enfin, au chapitre de la cohésion territoriale, 500 M€ sont prévus pour le développement du numérique sur tout le territoire via le très haut débit et les actions d’inclusion numérique.
Lors de son intervention, le Premier Ministre a par ailleurs insisté sur la territorialisation du plan dans son ensemble - Jean Castex réunira les présidents de région la semaine prochaine - et sur le suivi de son exécution pour qu’il produise « ses effets dans les délais attendus ». S’il y a des lenteurs, les crédits correspondants seront redéployés sur d’autres projets, a-t-il averti en rappelant par ailleurs que sur les 100 Md€ du plan, 40% sont financés par l’Union européenne suite à l’accord signé cet été entre le Président Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel.
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