LMI. Monsieur Dridi, tout d'abord félicitations pour le projet Coccon de BeeLife, présenté avec le concours de CIP paca, qui a reçu le Grand Prix France Entreprise Digital 2019 organisé par la rédaction du Monde Informatique. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Naoufel Dridi. Bonjour je suis docteur vétérinaire et chef de projet apicole depuis 6 ans en Tunisie. J'ai bénéficié d'un programme French Tech Visa Passeport Talent qui m'a permis de venir en France et créer la société Bee Life. La société est fondée par 8 associés issus de 5 entreprises Cleentech implantées à la technopole de l'Arbois.
A quoi répond votre projet de ruche connectée, Cocoom ?
Suite au phénomène de mortalité des abeilles nous avons imaginé la nouvelle génération de ruche connectée qui permet non seulement d'aider l'apiculteur à mieux gérer son cheptel avec les données de surveillance température, humidité et poids de la ruche mais aussi de traiter les principales causes de mortalité d'abeille tel que les variations de température et le varroa qui est un facteur majeur d'affaiblissement des colonies responsables de 50% de mortalité.
Jusqu'à présent pour surveiller les abeilles, il n'existait aucune solution automatisée de surveillance ?
Surveiller les abeilles n'est pas suffisant. Il faut vraiment traiter ce qui cause leur mortalité et le faire de manière écologique parce qu'actuellement on traite le varroa avec un recours avec un produit chimique qui nuit à la santé des abeilles à long terme et laisse des traces de pesticide dans le miel. On s'est inspirée de mère nature : les abeilles à l'état sauvage lutte contre leurs ennemis avec la chaleur en augmentant la température de leur corps jusqu'à 48 degrés et se débarrassent de varroa, frelons asiatiques, etc. On a emmené cette technologie au sein de la ruche grâce à notre panneau photovoltaïque hybride. La chaleur se cumule au sein du panneau avec un brassage au sein de la ruche, il s'agit d'une chaleur maîtrisée par notre système ne causant aucun problème pour les abeilles mais traite le varroa et autre.
Combien de ruches connectées proposez-vous ?
On a fait les tests depuis l'été dernier et on continue aujourd'hui. Cette année on a commencé la fabrication de pré-série, à la technopole de l'Arbois Méditerranée (à Aix-en-Provence) et les sociétés autour, les apiculteurs qui vont continuer avec nous. On va installer une vingtaine de ruches à la technopole de l'Arbois ce qui représente à 50 à 60 000 abeilles par ruche.
Quelles sont les technologies qui caractérisent vos ruches connectées ?
On communiquera les détails après l'obtention de brevets. Pour l'instant le choix de la connectivité des ruches a été portée sur LoRA. Il y a un système de localisation de la ruche, un système d'alerte en cas de déplacement de ruche, des capteurs gyroscopiques, des sondes de mesure de température et d'humidité et une balance pour peser la récolte.
Vos ruches ne protègent pas seulement les abeilles mais elles sont également un vecteur de productivité pour elles et donc l'apiculteur ?
Exact. Avec notre système on débarrasse ce qui gène les abeilles et on créé un habitat sein. Cela va permettre de réduire les efforts pour chauffer en hiver, et ventiler, refroidir en été, économiser l'énergie, plus de récoltes et une colonie saine, etc, comestible par les enfants de moins d'un an.
Quel est le tarif d'une ruche connectée ? N'est-il pas conséquent par rapport à une ruche traditionnelle ?
Les ruches existantes constituent un problème pour les apiculteurs. Avec seulement 2,5 cm de bois massif on ne peut ni protéger les abeilles de la chaleur ni du froid. En plus si on calcule 50% de perte d'essaim, de sa récolte et un an de travail c'est beaucoup de pertes. On a choisi des matériaux haut de gamme pour la ruche avec de la fibre de bois, c'est léger. On utilise pour le fond de la ruche et le support du bois noble en chataignier, fongique et anti-parasitaire. Chaque composant à une garantie fabricant comme 25 ans pour les panneaux, 10 ans pour la batterie, etc. Mais l'ensemble c'est plus qu'une ruche traditionnelle.
Avez-vous été incubé dans un accélérateur local en PACA ?
On a le soutien de la région, de la French Tech mais l'implantation est au technopole à la pépinière Cleentech de l'Arbois. Au niveau financement, on a eu le soutien de la French Tech via le programme Passeport Talent, et celui de Bpifrance pour le prototypage. Ils ont financé 70% des dépenses sur ce point ce qui nous a permis d'avancer et de briller. Et également des crédits d'honneur avec l'initiative Pays d'Aix et le Crédit Agricole Capinov avec un crédit et une présence au CES.
Quelles évolutions attendre pour la société pour les mois qui viennent ?
On prépare le recrutement de personnel pour la R&D, la communication, etc. On est en pleine phase d'industrialisation de produit et d'après nos calculs on va commencer à l'automne 2019. Vu le combat que l'on a fait pour que le produit soit français ou de l'union européenne, cela nous a pris un peu de temps mais on a réussi et nous sommes fiers que le produit soit 100% français, fabriqué dans la région avec du personnel locale.
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