Optimisation et maîtrise des coûts remontent dans les priorités des DSI, mais l'équilibre à trouver est délicat, car il ne faut pas venir briser les efforts en matière de la transformation digitale des métiers, ni, évidemment, menacer la continuité des opérations. La pression n'en est que plus intense dans les DSI, qui doivent continuer d'améliorer les services IT tout en composant, pour beaucoup, avec des budgets plus contraints. Alors comment rendre les services IT plus efficaces ? Comment mieux piloter la dépense IT ? Avec les témoignages de Framatome et du DSI de transition Sébastien Thouvenin, notre seconde webconférence de juillet fait le point sur les leviers à la disposition des DSI pour améliorer l'efficacité de la dépense IT et contrôler les coûts de la DSI.

Se déplaçant de mission en mission, Sébastien Thouvenin, DSI de transition, avec 25 ans d'expérience, dont 5 en tant qu'indépendant via la société qu'il a fondée (Parteam), a dû mettre en place une méthodologie pour analyser rapidement le budget IT des sociétés qui font appel à ses services. « Car la gestion des coûts IT s'inscrit en filigrane de toutes les missions d'un DSI de transition », dit-il.

Construire une vision opérationnelle des coûts

Objectif : identifier les poches de sur-investissement, mais aussi de sous-investissement. « Un premier travail doit être mené avec les directions financières, pour récupérer sur deux ou trois ans ce qui a été dépensé, ressources humaines y compris, souligne le DSI. Puis, il faut analyser les lignes de coûts une par une, les catégoriser pour avoir une vision opérationnelle, afin de mettre en évidence ce qui nous étonne. »

Pour le DSI de transition, le premier niveau de lecture d'un budget IT doit passer par sa décomposition en trois tranches : « les dépenses qui vont permettre à l'entreprise de dégager des revenus, celles qui vont lui permettre de dégager des économies et, enfin, celles qui vont la mettre en danger si elles ne sont pas réalisées ». Passé cette étape, le DSI de transition va se pencher sur les engagements : « ce qui a été signé ou s'apprête à l'être. C'est d'ailleurs le premier levier : analyser ce qui est prêt à être engagé et réaliser des arbitrages. »


Sébastien Thouvenin, DSI de transition : « le premier levier consiste à analyser ce qui est prêt à être engagé et réaliser des arbitrages. »

Cette première phase d'analyse débouche alors sur une sorte de chasse au gaspi, « en interrogeant les dépenses existantes pour isoler ce qui est strictement nécessaire de ce qui l'est moins. C'est finalement une approche de bon père de famille. » Avec des cibles toutes désignées comme l'optimisation de licences. Avec, sur ce seul poste, jusqu'à 30% d'économies dans certains cas.

Les méthodes de l'industrie importées dans la DSI

En charge du développement des solutions et de la performance digitale et de l'IT chez Framatome (environ 20 000 salariés), Vincent Champain gère, lui, un SI assez spécifique, « avec des composantes peu courantes, comme un supercalculateur (Cronos). Nous avons aussi une cybersécurité plus poussée que la moyenne. Malgré ces éléments de coûts supplémentaires, nous voulons être en dessous de la moyenne du benchmark en termes de coûts IT », dit-il.

Pour ce faire, Vincent Champain mise notamment sur le développement des méthodes Lean à l'intérieur même de la DSI. « Par ailleurs, nous utilisons des leviers classiques comme la standardisation applicative. Nous avons lancé des revues des portefeuilles applicatifs pour réduire leur nombre et nous avons mis en place des procédures pour répondre aux besoins des métiers, soit via des standards, soit via des mutualisations avec d'autres entités ou d'autres pays. Si cette démarche pas n'existe pas au démarrage des projets, il sera très difficile de standardiser a posteriori. »

Le principe général qu'il applique ? Répliquer les méthodes industrielles au sein de l'informatique. « Nous avons ainsi transformé la façon de réaliser des projets digitaux. D'une posture où il s'agissait avant tout de développer des applications sur mesure à la demande, nous sommes passés à un mode piloté par des profils industriels, qui travaillent sur la combinaison entre le bon processus et le bon outil. Avec une vraie rigueur sur le retour sur investissement. » D'une centaine d'applications digitales, Framatome est passé à une dizaine, en s'obligeant à sélectionner des standards capables de monter à l'échelle et privilégiant une logique de ROI.

« 15 fois Proust, sauf que ce n'est pas du Proust »

Pour une entreprise comme Framatome, l'IT est aussi un levier de réduction des coûts de fabrication. Vincent Champain cite notamment le cas du générateur de vapeur, un élément clef d'une centrale nucléaire mesurant 30 mètres de haut et pesant jusqu'à 300 tonnes. « Sa documentation technique fait l'équivalent de 15 fois la longueur de 'A la recherche du temps perdu' de Proust, le plus gros roman de la langue française. Et, précisément, ce n'est pas du Proust ! Le premier enjeu est la suppression de la documentation papier. » Le numérique permet aussi de réduire les temps d'arrêt et de simplifier la gestion des exigences. « Sur chaque composant, la gestion des exigences consiste à démontrer que tout a été fait pour résister à tous les scénarios de risques. Et elle est en passe d'être prise en charge via un PLM. »

Dans notre espace grand théma, vous pourrez également retrouver la vision d'un analyste du cabinet Forrester, un entretien avec un avocat spécialisé, ainsi que les résultats de l'étude CIO sur le sujet ou des cahiers des charges prêts à l'emploi. Ainsi que la première émission des rédactions du Monde Informatique et de CIO dédiée à la maîtrise des coûts logiciels et cloud, avec les témoignages de Louis Goffaux, le DSI de Labeyrie Fine Foods et d'Alexandre Fedi, chez de projet IT et Lead FinOps chez Orange Bank.

Visionnez l'émission des rédactions du Monde Informatique et de CIO avec les témoignages de Framatome et Parteam (DSI de transition) : (vidéo, 44 min.).