Les bonnes pratiques en matières d'achats IT sont loin d'être généralisées, comme le montrent les résultats à l'étude Les pratiques de l'achat IT sont-elles performantes ? réalisée par CIO. Cette étude a été présentée en ouverture de la CIO.conférence « Fournisseurs IT : les liaisons dangereuses - De la stratégie d'achat à la gestion quotidienne ». Celle-ci était organisée en partenariat avec Purestorage, Rimini Street, SDM Conseil et SilverPeak au Centre d'Affaires Paris Trocadéro le 23 janvier 2019.
Premier témoin de la matinée, Philippe Chassaing, Vendor Management & Software Asset Management (SAM) chez Veolia, est aussi co-auteur du livre blanc du Cigref « Software asset & cloud management ». Veolia opère dans la gestion de l'eau, la collecte et la valorisation des déchets ainsi que dans l'énergie, générant 25 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans 50 pays. Le Cigref, quant à lui, réunit les 150 plus grands comptes français, du privé essentiellement mais aussi du public.
Philippe Chassaing, Vendor Management & Software Asset Management (SAM) chez Veolia, a détaillé comment bien gérer son patrimoine applicatif.
Il a d'abord rappelé les bonnes pratiques. « La première est de refuser de se laisser impressionner par des fournisseurs qui n'hésitent pas à recourir au bluff » a-t-il ainsi plaidé. Bien entendu, il faut avoir du répondant et donc une démarche structurée. Et l'arrivée du cloud, notamment du SaaS, oblige à intégrer ces services dans le périmètre géré.
« Le juste prix de vos développements logiciels » a été expliqué par Emmanuel Lalau, associé chez SDM Conseil.
Bien entendu, le premier intérêt d'avoir une relation saine avec ses fournisseurs, c'est de payer le juste prix. Expertiser un travail de développement logiciel et en définir le juste prix est précisément le rôle et le savoir-faire de SDM Conseil. Sa deuxième expertise concerne le rapport valeur/coût des achats récurrents comme de la TMA par exemple, toujours au regard des habitudes du marché. « 30 % des projets sur lesquels nous sommes intervenus avaient un écart significatif de prix et les fournisseurs ont dû revoir leurs devis » a dénoncé Emmanuel Lalau, associé chez SDM Conseil. Définir un simple prix demeure évidemment insuffisant et le cabinet intervient aussi dans le pilotage dans la durée.
« Comment un DSI peut mettre en oeuvre les bonnes pratiques achat » a témoigné Philippe Rouaud, DSI de France Télévisions et président du Club des Relations Fournisseurs du Cigref.
Au delà du prix, l'achat IT doit en effet être réellement piloté. DSI du groupe France Télévisions (France Ô, France 2, France 3 et ses déclinaisons régionales, France 4, France 5, France Info...), Philippe Rouaud est aussi président du Club des Relations Fournisseurs du Cigref. Il est intervenu à ce double titre. Au sein du Cigref, depuis deux ans, les différents groupes de travail consacrés aux relations avec tel ou tel fournisseur se sont réunis en un Club des Relations Fournisseurs car certaines problématiques sont transverses. En particulier, Philippe Rouaud s'est offusqué que « des acteurs internationaux rendent leurs offres très complexes et difficiles à comprendre », bien entendu pour tenter d'augmenter artificiellement leur chiffre d'affaires. SAP, Oracle, Microsoft... il faut souvent être en mesure d'interpeller la direction corporate, d'où la nécessité de se regrouper et de faire poids. La direction française n'est en effet qu'une interface commerciale au pouvoir très limité voire nul.
Parfois, il y a une vraie mauvaise foi. « Un responsable sécurité a ainsi refusé de comprendre une question simple, à savoir s'il y avait ou non remontée de données personnelles dans les rapports de plantage de son logiciel, ce qui posait des soucis de conformité RGPD » a soupiré Philippe Rouaud. Ce genre de réaction est devenu rare mais il peut aussi y avoir des réponses franches autant que désagréables : ainsi est la politique marketing et tarifaire et elle n'est pas négociable.
Gabriel Ferreira, Directeur Technique de Pure Storage, a plaidé pour « Rompre avec les cycles d'achat en réinventant le mode de consommation de l'IT ».
Il arrive que des fournisseurs changent les approches. Pure Storage a ainsi démocratisé le stockage flash dans les entreprises en changeant les modes de commercialisation. « Nous offrons un modèle de consommation différent, proche de celui du cloud finalement » a observé Gabriel Ferreira, Directeur Technique de Pure Storage. Au lieu d'acheter des serveurs complets tous les x années, en jetant les anciens, il vaut mieux changer les composants au fil de la pertinence : changement des CPU tous les deux ou trois ans, des puces mémoires à tel autre rythme, mais conservation ad vitam aeternam des carcasses métalliques. Pour cela, le fournisseur garde la responsabilité du matériel pour changer le bon composant au bon moment. Innovation technique et innovation commerciale sont ainsi réunies dans l'offre Evergreen.
Catherine Savaete - Senior Account Executive, Rimini Street, a expliqué « Comment sortir de l'emprise des éditeurs et baisser vos coûts de maintenance ».
Autre poste important dans le budget IT, la maintenance est le coeur de l'activité de Rimini Street. Alors que, déjà, 90 % du budget IT concerne le fonctionnement de l'existant pour seulement 10 % les projets, Catherine Savaete, Senior Account Executive de Rimini Street, a dénoncé : « la tendance est la baisse du builld car les coûts du run continuent d'augmenter. » A cela s'ajoute la fin du support sur le on premise, les éditeurs incitant massivement à soit à la migration vers le cloud, soit à des montées de version sans justification fonctionnelle mais avec des coûts considérables. Contre une maintenance officielle à un million d'euros à laquelle s'ajoute des coûts cachés, internes, doublant la mise, Rimini Street annonce un contrat global à 500 000 euros.
Stéphane Rousseau, DSI du groupe Eiffage et pilote du groupe de travail du Cigref sur l'Open-Source comme alternative aux grands fournisseurs, a été le Grand Témoin de la matinée.
Le Grand Témoin de la matinée était Stéphane Rousseau, DSI d'Eiffage. Avec 65 000 collaborateurs pour 15 milliards d'euros de chiffre d'affaires, Eiffage est un grand groupe du BTP (infrastructures, immobilier de bureau ou résidentiel...) et et de secteurs connexes telles que les concessions autoroutières ou d'équipements publics, présent dans une trentaine de pays. Il est intervenu régulièrement pour apporter un commentaire ou une synthèse critique. Il a surtout amené sa double expérience de DSI d'un grand groupe et de pilote du groupe de travail du Cigref sur l'open-source comme alternative aux grands fournisseurs ayant débouché sur un livre blanc.
Ce dernier ouvrage fait suite à de nombreux rapports et travaux précédents du Cigref depuis une dizaine d'années sur le sujet de l'open-source. Cette fois, l'idée était bien d'identifier les freins et les motivations d'une migration. L'open-source est une source d'innovation pour échapper aux visions contraintes de certains prestataires. Une des difficultés, par contre, est la certification d'outils par des éditeurs de logiciels propriétaires, comme une base de données telle que PotGreSQL pour stocker les données d'un ERP. « Certifier une base de données open-source sera pour les éditeurs un avantage compétitif » a jugé Stéphane Rousseau. Sur le back office, l'open-source est incontournable à bien des endroits mais demeure en difficulté sur le front-office qu'il s'agisse de la bureautique ou bien de logiciels métiers basiques telle que la comptabilité.
Pierre Langlois, Country Manager de Silver Peak, a défendu « Le SD-WAN : un réseau agile adapté à votre transformation digitale ».
Logiciels, infrastructures de stockage... Il manquait à ce tableau des coûts le réseau. « Il faut redonner leurs lettres de noblesse aux équipes réseaux et télécoms, trop souvent réduites à gérer des contrats » a plaidé Pierre Langlois, Country Manager de Silver Peak. Les offres à haute disponibilité pour entreprises sont bien plus coûteuses que des offres grand public mais, en virtualisant les réseaux au travers du SD-Wan, on peut agréger des offres de technologies variées, plus souples et moins chères. La QoS est ainsi garantie via cette combinaison au lieu qu'elle soit issue d'un SLA. Dans des pays à faibles prix télécoms comme la France, l'agilité résultante peut constituer le vrai ROI.
La table ronde « A quoi servent les clubs d'utilisateurs ? » a réuni, de gauche à droite : Patrick Geai (USF), José Munoz (AUFO) et Didier Artus (Dynsclub).
Enfin, la table ronde concluant la matinée réunissait José Munoz (Administrateur de l'AUFO, Association des Utilisateurs Francophones d'Oracle), Didier Artus (Président du Dynsclub, Club Utilisateurs Microsoft Dynamics France) et Patrick Geai (Administrateur et ancien Président de l'USF, Association des Utilisateurs SAP Francophones). Ils ont expliqué l'intérêt d'appartenir à un club d'utilisateurs. D'un côté, il s'agit d'échanger entre utilisateurs pour mutualiser bonnes pratiques et astuces. De l'autre, se réunir permet de mieux peser sur l'éditeur, que cela soit pour infléchir les politiques commerciales ou influer sur la feuille de route produits.
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