Créée en 2015 sous l'impulsion du président de la République François Hollande, la Grande école du numérique (GEN) s’était donnée une double ambition : répondre aux besoins croissants en compétences numériques sur le marché de l’emploi et promouvoir l’inclusion sociale en permettant à des publics diversifiés d’accéder à des formations techniques qualifiantes. Sa mission est désormais terminée. En effet, le gouvernement a décidé de dissoudre ce groupement d’intérêt public et de passer le relais à ses ministères de tutelle et à France Travail. Dix ans après, le dispositif laisse derrière lui un héritage solide avec plus de 1 000 parcours d’apprentissage amorcés dans l’IT et près de 45 000 apprenants issus de milieux précaires formés aux technologies. 

Dès 2016, la GEN a lancé quatre appels à labellisation, mettant en place un réseau de formations à l'informatique inclusives. Dans ce cadre, une subvention d’amorçage a été octroyée aux organismes capables de former des personnes éloignées de l’emploi à l’IT, Public concerné ? Des jeunes de niveau bac ou infra-bac (CAP, BEP), des résidents des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), et des femmes largement sous-représentées dans les technologies. Les efforts de la GEN ont contribué à féminiser les métiers du numérique et à améliorer l’inclusion sociale dans le secteur avec un taux de sorties positives supérieur à 70 % et atteignant même 85 % en 2019. Parmi les organismes de formation labellisés GEN, se trouvent entre autres Ada Tech School, CSB School, Décodeuses, l’Ecole 42, ENI,  Epitech, Holberton, OpenClassrooms, Rocket School, Simplon, Le Wagon, et bien d'autres encore.

Un repositionnement stratégique en 2022

Après la crise sanitaire, les métiers du numérique se sont complexifiés avec l'essor de l'intelligence artificielle, de la cybersécurité, et des besoins grandissants de compétences en langages spécifiques comme Python. Il devenait donc plus difficile de former des personnes sans pré-requis académique. Le gouvernement d’Élisabeth Borne confie alors une nouvelle feuille de route à la GEN afin de rendre l’offre de formation plus accessible et accompagner l’orientation des publics vers ces métiers. C’est chose faite dès 2022. La GEN fait coup double en lançant une cartographie des métiers du numérique et un moteur de recherche qui donne un accès à 20 000 parcours qualifiants dans l’informatique en France.

Plus de 1,8 million de requêtes ont été enregistrées depuis le 1er juin 2024. De plus, la publication de l'observatoire GenScan fournit chaque trimestre un état des lieux des besoins des entreprises et de l’offre de formation dans chaque région. Ainsi, les apprenants ont une meilleure connaissance de l’évolution des besoins localement. De leur côté, les collectivités territoriales peuvent mieux orienter leurs programmes. La GEN a également publié 153 fiches de postes IT détaillées, alignées sur les compétences du répertoire opérationnel des métiers et des emplois (Rome 4) en collaboration avec France Travail avec lequel  la transition se fera en douceur : le portail reste accessible et sera doté d’ici fin janvier d’un outil d’orientation en fonction du CV pour faciliter les reconversions. Les derniers chiffres de son observatoire pourront également être consultés.

Augmenter l'accès aux formations IT en régions  

 « La GEN a permis à des milliers de personnes de découvrir les opportunités offertes par le numérique et de se former à des métiers d’avenir {…] Nous avions imaginé la mission de la Grande Ecole du Numérique comme temporaire, elle aura duré 10 ans et, avec son équipe, nous pouvons être très fiers du travail accompli », a commenté Stéphane Distinguin, président de la GEN, dans un communiqué. Cependant, certains défis devront être relevés dans différents domaines. Le but ? Réduire les inégalités territoriales dans l’accès aux formations techniques, assurer la pérennité financière des dispositifs, souvent dépendants des subventions publiques et accompagner davantage les apprenants vers des emplois stables.

Parmi les pistes d’améliorations, la GEN recommande aussi la création de référentiels de formations pertinents et d’un vivier de formateurs confirmés. Le tout en renforçant les échanges et l’entraide entre ses diplômés du numérique et les entreprises du secteur.