Une pierre dans le jardin de la préservation de la vie privée des Américains a été détruite. L'outil de surveillance Geofeedia permettant aux forces de police de localiser des manifestants aux Etats-Unis, selon l'union des libertés civiles américaines (ACLU), a été rendu inopérant. Cet outil de surveillance des masses ne bénéficie plus de données issues de Facebook, Twitter et Instagram susceptibles de servir aux forces de police à traquer des individus.
D'après un rapport publié mardi par l'ACLU, Geofeedia n'est d'ailleurs pas seulement utilisé par la police mais par 500 organismes judiciaires et agences gouvernementales aux Etats-Unis. Grâce à des enregistrements effectués dans le cadre d'une requête publique, l'union des libertés civiles américaines a ainsi trouvé que Geofeedia a passé des accords avec Facebook, Twitter et Instagram pour utiliser les données de leurs utilisateurs. Dans des e-mails non révélés au grand public, Geofeedia a indiqué que son outil a été utile pour suivre les manifestants qui se sont réunis à Ferguson dans le Missouri pour protester contre la mort de Mike Brown tué par la police en 2014.
Un outil de surveillance des masses sur les réseaux sociaux
L'ACLU s'inquiète du fait que cet outil peut « impacter de façon disproportionnée les communautés de couleur » en surveillant les activistes environnants. Parmi les fonctions de Geofeedia, on trouve une carte interactive en temps réel des posts Instagram montrant les positions des utilisateurs. « Ces enregistrements révèlent l'expansion rapide de la surveillance des réseaux sociaux sans aucune once de débat ou de recul », fait savoir l'organisme. Après avoir été mis au courant de l'utilisation de Geofeedia à des fins de surveillance des masses, Facebook, Instragram et Twitter ont bloqué l'accès à leurs données pour ce service.
« Ce développeur n'a eu accès qu'aux données que les individus ont choisi de rendre publiques », a précisé Facebook dans un communiqué. L'opérateur de réseau social, qui détient aussi Instagram, a mis en place une règle interdisant que ses données puissent être utilisées dans un moteur de recherche sans sa permission. Twitter a de la même façon indiqué qu'il suspendait immédiatement l'accès de Geofeedia à sa plateforme, ayant également une règle interdisant aux développeurs d'utiliser ses données pour de la surveillance.
Détecter les contrevenants pour les traduire en justice
La société Geofeedia basée à Chicago n'était pas immédiatement joignable pour un commentaire. Mais son CEO a demandé à rencontrer un porte-parole de l'ACLU selon une source proche du dossier. Une étude de cas découverte par l'ACLU montre que Geofeedia a aidé les forces de police à faire face aux émeutes qui ont suivies la mort de Freddie Gray qui a reçu une blessure fatale lors d'une garde à vue à Baltimore. La police se serait ainsi servi de Geofeedia pour être prévenu des émeutiers ciblant leurs véhicules et identifier les élèves séchant les cours pour aller manifester. « Dans certains cas, les officiers de police ont même été capables de faire correspondre des photos trouvées sur les réseaux sociaux à l'aide d'une technologie de reconnaissance faciale afin d'identifier des émeutiers », indique le document. « Nous prévoyons d'utiliser les archives de données des réseaux sociaux provenant de Geofeedia pour poursuivre en justice autant de contrevenants à la loi ayant participé à des émeutes que possible », confirme un enquêteur de la police de Baltimore. De son côté, l'ACLU encourage les médias sociaux à adopter des politiques claires pour empêcher les développeurs d'exploiter les données à des fins de surveillance.
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