Hier, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, ainsi que la secrétaire d'Etat chargée de l'économie numérique Axelle Lemaire, ont donné rendez-vous à des responsables français et européens des géants du web Google, Facebook, Microsoft, Apple et Twitter, mais également de l'Association Française des Fournisseurs d'Accès Internet. Objectif : se mettre d'accord sur les modalités de la lutte contre le terrorisme sur le web et les réseaux sociaux. Pari gagné ? En grande partie, oui.
Ainsi, il a été décidé de retirer plus rapidement des contenus illicites sur Internet en permettant aux services de l’État de mieux hiérarchiser et organiser leurs demandes de retrait auprès des opérateurs tandis que leur traitement par ces derniers sera simplifié. Dans le détail, les services de police pourront remplir des formulaires de demandes de retrait permettant de caractériser immédiatement les motifs d'illégalité des contenus. Le deuxième pan d'action passe par un renforcement de la formation destinée aux policiers et aux gendarmes sur les questions de la lutte contre les contenus illicites sur le web. Concrètement, les opérateurs vont être amenés à réaliser des sessions de formation à destination des services de police pour leur permettre de connaître parfaitement la façon dont ils travaillent et leur fonctionnement. Enfin, un groupe de contact permanent entre le ministère et les sociétés du web, permettra une réactivité opérationnelle. Il sera animé par M. Jean-Yves Latournerie, Préfet en charge de la lutte contre les cybermenaces. Une première réunion de ce groupe aura lieu dès le début du mois de mai.
L'insertion d'algorithmes de renseignement dans les plateformes mise de côté
La collaboration entre les services de police et les opérateurs du web semble partir sur de bons rails. En début d'année, on se rappelle d'ailleurs que lors de l'attentat qui a frappé en janvier la rédaction de Charlie Hebdo, Microsoft avait transmis en 45 minutes au FBI des données pouvant servir à l'enquête. A l'occasion de cette réunion, Google a par ailleurs eu l'occasion de réaffirmer son engagement à retirer de ses pages tous contenus terroristes et à assister les services d'enquête, et Facebook de marteler que les terroristes n'avaient pas leur place sur le réseau social.
Une ombre au tableau cependant : un des aspects du projet de loi sur le renseignement n'a pas été abordé. Il s'agit de l'insertion dans les plateformes des acteurs du web des algorithmes conçus par les services de renseignement pour identifier les terroristes potentiels sur leurs plateformes. Une décision qui traduit sûrement la volonté du ministère d'afficher pour cette réunion une unité sans faille entre services de police et opérateurs du web mais qui, de fait, a laissé de côté les sujets qui fâchent.
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