Le moins que l’on puisse dire, c’est que les fonds activistes n’hésitent pas à user de leur pouvoir pour mener Salesforce à la baguette. Début janvier, le spécialiste du CRM a annoncé le licenciement de 10 % de ses salariés – soit environ 7 000 personnes – et la fermeture de certains de ses bureaux. Les annonces ont été faites par le CEO, Marc Benioff, par le biais d’une lettre envoyée aux employés de la société et transmise à la SEC. Il indique notamment : « Nous avons pris la décision très difficile de réduire nos effectifs d'environ 10 %, principalement au cours des prochaines semaines ». Pour expliquer cette décision, le dirigeant souligne que « l'environnement reste difficile et nos clients adoptent une approche plus mesurée dans leurs décisions d'achat ». Il pointe aussi le fait « d’avoir trop embauché » pendant la pandémie. La nouvelle aurait dû ravir les investisseurs historiques, mais l’histoire en a décidé autrement.
Fin janvier, les fonds activistes Elliott Management et Inclusive Capital ont investi dans l'éditeur de logiciels d'entreprise à hauteur de plusieurs milliards de dollars. La semaine dernière, c’est au tour du fonds spéculatif Third Point de rentrer dans l’arène, rapporte CNBC, portant le nombre de fonds activistes à cinq, avec Starboard Value, ValueAct Capital Partners. Dans le même temps, Salesforce a indiqué que le PDG de ValueAct Capital, Mason Morfit, rejoindrait son conseil d’administration à compter du 1er mars. « Nous avons aimé travailler avec Marc et l’équipe et nous sommes impatients de les aider à générer une croissance rentable et des rendements pour les actionnaires », avait déclaré ce dernier après sa nomination. Le message est clair : Marc Benioff, seul aux commandes depuis le départ de Bret Taylor, doit insuffler un vent nouveau dans le sens des investisseurs. Résultat : la pression a été accentuée sur les performances, notamment au niveau des ingénieurs.
Des mesures à contre-courant de l’image de la firme
Insider révèle que l'entreprise prévoit d'introduire de nouvelles mesures de performance pour les ingénieurs et a déjà obligé certains commerciaux à choisir entre un plan d'amélioration des performances (PIP) de 30 jours ou une option d'indemnité de départ appelée « Prompt Exit Package », selon plusieurs employés actuels et anciens de Salesforce. L’utilisation du PIP, vu comme une mesure corrective est souvent le signe avant-coureur d’un licenciement. Le PEP, en revanche, correspond à une démission volontaire. Concernant l’évaluation des performances et la productivité des employés, Salesforce pourrait utiliser une mesure radicale : l'enregistrement du code. Cette pratique controversée encourage la quantité par rapport à la qualité, et, in fine, réduit la confiance entre les équipes.
Dans le même temps, Salesforce a demandé à ses employés de revenir au bureau. Les managers d’équipes devront donc décider quelles personnes doivent être au bureau ou à distance. Une annonce quelque peu surprenante après les annonces produits faites en septembre dernier, à l’occasion de l’événement annuel Dreamforce. Salesforce avait en effet fait la promotion de Slack comme d’un « Digital HQ », un « QG numérique » adopté par de nombreuses entreprises, y compris la firme elle-même. Bret Taylor, alors co-CEO, avait même indiqué que « les niveaux d'occupation des bureaux de la ville [San Francisco] sont encore inférieurs à 50 % » et estime que Slack est devenu d'autant plus pertinent en cette période de crise.
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