En direct de Barcelone. La conférence américaine Explore 2023 de VMware en août dernier était particulièrement riche en annonces avec un gros focus sur l'IA, en particulier sa déclinaison générative avec un partenariat remarqué avec Nvidia. Pour la déclinaison européenne de son événement toujours dans la capitale catalane (6-9 novembre 2023), le spécialiste de la virtualisation n'a - sans surprise - pas changé de mantra. Avec toutefois un angle bien plus serré sur les aspects autour de la protection, de la confidentialité et de la régulation des données utilisées et/ou stockées servant au « voyage des entreprises vers le multicloud IA » mis en avant par Raghu Raghuram, CEO de VMware. Pour l'édition européenne, une surprise : la (courte) montée en scène de du CEO de Broadcom Hock Tan qui a profité de l'occasion pour pousser les engagements de son groupe en vue « d'accélérer les innovations », « investir dans l'écosystème VMware et la valeur des revendeurs, des OEM et intégrateurs », et pousser « des systèmes plus faciles à déployer et à consommer ». En attendant la validation officielle du rachat annoncé en 2022 (pour 61 Md$) et encore à ce stade bloquée par la Chine.

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Contrairement à la précédente édition de VMware Explore, le CEO de Broadcom Hock Tan est monté cette fois sur scène. (crédit : D.F.)

Un chemin vers la privacy semé d'embûches

A l'occasion de cette session du VMware Explore 2023 Europe, nous avons notamment pu nous entretenir avec Frédéric Grange, directeur senior EMEA de l'offre VMware Cloud afin d'en savoir plus sur l'évolution de cette offre et son rôle pour soutenir la montée en puissance des projets en intelligence artificielle dans les entreprises. Il constate des changements de mentalité sur la migration vers le cloud. « Des clients étaient partis sur une stratégie cloud a tout prix et se sont rendu compte que le rythme pour passer à l'échelle leurs applications cloud et trouver les économies associées n'étaient pas là », nous a indiqué le dirigeant. « VMware Cloud a pris 6 ans pour en arriver là et nous voyons une vraie accélération de la demande dans un contexte de prise de conscience que la situation actuelle est plus grave qu'auparavant du point de vue de la sécurité que géopolitique ».

Pour développer son offre, VMware s'est appuyé sur les fournisseurs cloud qui ont proposé leur propre plan comme cela a été le cas pour AWS puis Microsoft, Google, Alibaba, Oracle... Non sans cacher sous le tapis la confidentialité des données : « nous devons aider nos clients à faire un choix éclairé, et derrière le terme souveraineté il y a beaucoup de flou dans les offres ». Pour cela, l'éditeur a ainsi créé en 2022 un rapport détaillant 20 critères permettant aux clients de se rendre compte si leur offre répond à cet enjeu : « sur ces critères nous pensons que 55 partenaires sont souverains mais cette liste ne comprend pas les hyperscalers », explique Frédéric Grange. « L'un de nos critères c'est la localisation des données mais aussi des métadonnées, pour savoir qui y accède, quand les data ont été créées, par qui... ». Pour l'éditeur, les hyperscalers ont donc deux principaux choix : soit nouer partenariat avec ceux qui le seront comme Bleu, ou opter pour une approche différente comme celle d'Oracle consistant à créer en Europe des datacenters opérés, gérés et situés en Europe (Allemagne Espagne et France) afin de répondre « non pas à un enjeu de souveraineté territoriale mais européenne ». Une aventure qui pourrait tourner au chemin de croix... 

Frédéric Grangé

« Avec Private AI, nous nous assurerons de la scalabilité et de la non publication des modèles et des données », assure Frédéric Grange, directeur senior EMEA de l'offre VMware Cloud. (crédit : D.F.)

Le futur de VMware Cloud forcément teinté d'IA

Pour ce qui est d'accompagner les entreprises vers l'IA, le fournisseur a adapté son offre VMware Cloud avec la brique Private AI. Elle va « assurer la scalabilité et la non publication des modèles et des données en proposant plus de capacités GPU et un stockage différent », avoue Frédéric Grange. Sur la partie GPU, c'est donc vers Nvidia que l'éditeur s'est tourné pour « traiter des quantité de données astronomiques », mais aussi en faisant évoluer son architecture de stockage interne vers ESA (Express Storage Architecture) couplée à vSAN Max. Pour rappel, vSAN Max alimenté par vSAN ESA propose un stockage partagé centralisé à l'échelle du pétaoctet pour les clusters vSphere. Larchitecture ESA permet de doper les performances et a cette capacité à débloquer des espaces de stockage. 

Toute cette puissance IA ne serait pas l'apanage exclusif des grands comptes puisque l'éditeur espère bien aussi que les plus petits s'en serviront. « Les premiers retours clients vSAN Max sont très positifs », annonce le dirigeant. Tout ne se fera cependant pas du jour au lendemain : « Oui cela va prendre du temps mais des clients peuvent déjà en profiter avec la génération actuelle de VCF 5.0 qui apporte vSAN Max et de la puissance de traitement IA pour des petits environnements sur des GPU Nvidia performants même si ce ne sont pas les plus rapides et récents annoncés », avoue Frédéric Grange.

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Chris Wolf, directeur de la recherche et de l'innovation de VMware a annoncé le support dans son offre Private AI de Google AlloyDB Omni et de MinIO Object Store. (crédit : D.F.)

Private AI dopé à la base de données PostgreSQL Google AlloyDB et au stockage objet MinIO

Si peu de produits inédits ont été annoncés lors de la conférence de VMware, on retiendra toutefois deux renforts de poids pour l'offre cloud de l'éditeur, à savoir Google AlloyDB Omni pour apporter de la performance dans le traitement du requêtage des données (une multiplication par 10 est annoncée) et également le support du stockage objet de MinIO. « L'extension de notre partenariat avec VMware permet de délivrer une base de données on premise PosgreSQL pour moderniser les bases de données legacy et les applications vers l'IA générative pour accélérer la transformation des entreprises », a lancé - dans une vidéo - Thomas Kurian, CEO de Google Cloud.

La base de données autogérée AlloyDB Omni combine les avantages du logiciel open source PostgreSQL et de l'architecture de Google Cloud Platform. Fin août, la firme de Mountain View a d'ailleurs présenté une version on prem de sa base de données entièrement managée AlloyDB (Database-as-a-Service, DBaaS), compatible avec PostgreSQL qui s'avère idéale pour les workloads transactionnels et les données d'entraînement à l'IA en particulier en gérant les embbeding vector (des représentations numériques de mots ou de phrases dans le cadre du NLP). Quant à MinIO, on n'oubliera pas non plus d'indiquer que VMware est déjà familier de cet éditeur, au travers de son plug-in Kubernetes Operator supportant Tanzu pour encapsuler toutes les tâches devops critiques dans des logiciels qui peuvent facilement être consommés par le service IT d’une entreprise afin de créer et gérer une infrastructure de stockage objets indépendamment du matériel sous-jacent.