A quelques encâblures de l’aéroport Roissy Charles de Gaulles, Evernex a inauguré son site de collecte, de recyclage et de reconditionnement de matériels pour datacenter (serveur, stockage et réseau). La société, qui fête ses 40 ans cette année, est spécialisée dans trois activités : la maintenance (pour des fournisseurs comme Dell, Netapp, HPE, IBM, Juniper, et pour des grands comptes comme des banques ou des retailers), le reconditionnement et le recyclage.
A l’étroit dans son entrepôt historique d’Aulnay-Sous-Bois, Evernex a donc décidé d’investir 2 millions d’euros dans la création du site basé à Mitry-Compans. Elle gagne 40% d’espace de stockage en plus avec ses 6 000 m² d’espace. Un environnement avec des chiffres qui peuvent donner le tournis : 500 tonnes de pièces informatiques collectées par an (dont 70% sont recyclés pour récupérer les métaux rares et 30% sont réemployés), 160 000 pièces détachées, 6 000 serveurs reconditionnés, 190 personnes...
Un tri optimisé
A l’occasion d’un visite organisée pour la presse, nous avons pu voir les différents flux de ce lieu de collecte et de traitement des équipements IT. La première étape est la plateforme d’arrivée et de départ des camions disposant de 8 quais de chargement. « Nous sommes à côté de l’aéroport et c’est essentiel pour nous de pouvoir récupérer et envoyer du matériel très rapidement à nos clients dans le monde entier via nos transporteurs », souligne Tony Senecal, vice-président Infrastructure et Spaas (service de pièce de rechange) chez Evernex. Effectivement les étiquettes d’expédition font voyager : Argentine, Hollande, Grèce, Israël, Belgique.
Après avoir réceptionné les matériels, « une première étape de tri est mise en place en séparant dans des bacs certains éléments que l’on garde, que l’on va recycler, qui contiennent des métaux rares,…C’est ce que l’on appelle des fractions », précise le dirigeant. Lors de la visite, ce dernier venait de recevoir près d’une dizaine de baies de stockage 3Par de HPE, « dont les composants serviront pour des pièces détachées, les contrôleurs, le serveur de gestion,…», poursuit-il. En amont la collecte, il existe une équipe de commerciaux chargés de guetter et de négocier l’achat de matériels « usagés ». « Nous avons par exemple racheté les équipements des datacenters de Decathlon pour 400 000 euros», souligne Tony Senecal.
Les composants sont triés en fonction des éléments recyclables comme les métaux rares. (Crédit Photo : JC)
Des tests poussés
Une fois décortiqué et trié, les équipements partent en zone de test. « Nous vérifions par exemple la qualité des serveurs, si la mémoire, les processeurs, sont encore fonctionnels », glisse le vice-président devant un banc de test dédié aux serveurs. « L’ergonomie a été particulièrement étudiée lors de la création du site » rappelle Manivong Khammao, vice-président global supply chain et strategy project chez Evernex. Les tables sont coulissantes avec un espace de bac pour ranger les différents composants. Les serveurs sont aussi bloqués pour éviter des chutes et des manipulations lourdes.
L'ergonomie a été étudiée sur les bancs de tests des serveurs. (Crédit Photo: JC)
Les disques durs et les SSD ont leur propre zone de test. Evernex a investi dans une baie capable de tester plusieurs lecteurs à la fois et donner un rapport d’audit en 1h. « Dans certains cas urgent, l’audit de fiabilité peut être réalisé en 10 minutes », affirme Tony Senecal. Il ajoute que 20% des lecteurs sont écartés à la suite des tests. Ces derniers sont capables de mesurer le MTBF, une mesure de maintenance, correspondant au temps moyen entre les pannes d'un système réparable. Par ailleurs, la société est parfois sollicitée pour effacer les données avec des logiciels comme Blancco (certifié Anssi), « mais c’est relativement rare. Cela dépend de l’équation économique où la destruction pure et simple est privilégiée car moins coûteuse », observe le dirigeant.
Avec cette baie de tests de disques durs, Evernex automatise les audits de fiabilité. (Crédit Photo : JC)
Du stockage à grande échelle et des systèmes reconditionnés
Après ces phases de tests, les racks, les blades, la mémoire, les alimentations, les disques durs, SSD, etc. sont étiquetés et stockés dans les différentes allées de l’entrepôt. Là encore les chiffres sont vertigineux : 14 000 bacs, 36 000 références, 6 000 serveurs, 78 000 disques durs en stock. Pour atteindre les références situées dans les parties inaccessibles des rayonnages, un chariot élévateur autonome est utilisé. Après la récupération de la pièce demandée, elle file vers la zone d’empaquetage où elle est orientée en fonction de l’urgence de la demande.
Des blades, des disques durs, des ventilateurs, des alimentations, Evernex dispose d'un catalogue fourni. (Crédit Photo: JC)
En dehors de ces flux classiques de maintenance, le site de Mitry-Compans dispose aussi d’une zone dédiée pour les équipements reconditionnés. Une demande en croissance, « les entreprises commencent à s’intéresser à ce sujet », constate Tony Senecal. Pour cette activité, Evernex a crée une salle machine avec plusieurs infrastructures de tests. Pour les archéologues de l’IT, on retrouve pêle-mêle un Superdome de HP, une des premières baies 3Par, des Vmax de Dell EMC, du StorageTek, de l’IBM TS4500. Environ 1 900 serveurs reconfigurés partent par an des ateliers Evernex. Lors de la visite, une palette de 30 châssis HP Proliant Gen5 reconfigurés étaient en partance pour le Danemark. « Ces serveurs ont été lancés il y a 15 ans », rappelle le responsable. Une manière de vanter les mérites de la démarche du reconditionnement et de la maintenance. « En 2022, nous avons éviter à nos clients d’acheter 360 000 serveurs neufs ».
Le marché du serveur reconditionné est en pleine croissance. (Crédit Photo: JC)
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