« La situation a changé : auparavant, les états poussaient [à respecter des contraintes environnementales] via des incitations fiscales ; aujourd'hui, ce sont les citoyens, clients et collaborateurs qui exigent la transition énergétique » a rappelé Yves Le Gélard, directeur général adjoint d'Engie en ouvrant une présentation des initiatives incubées à Engie Digital Paris le 14 octobre 2019. Cet incubateur a été créé il y a trois ans et est désormais accompagné de cinq autres dans le monde. Yves Le Gélard a réaffirmé leur objectif : « accompagner toutes les entités du groupe dans leur transformation digitale ». Quel est le lien entre un incubateur digital créé par un énergéticien et la transition énergétique ? « Il n'y a pas de transition énergétique sans digital » a expliqué le directeur général adjoint.
Olivier Sala, directeur général d'Engie Digital, a complété : « le digital rend possible l'atteinte d'objectifs qui étaient auparavant inenvisageables ». En effet, cette transition énergétique entraîne la décentralisation des décisions, une grande complexité... et un flots de datas, notamment en lien avec l'IoT. Il s'agit donc d'utiliser ces données pour accomplir la transformation énergétique en s'appuyant sur la transformation digitale. « Il faut avoir un chemin concret vers le 0 carbone, l'objectif final, grâce à une meilleure connaissance de la production comme de la consommation d'énergie » a détaillé Olivier Sala. L'ambition d'Engie est de concevoir et déployer mondialement des plates-formes numériques pour créer et suivre ce chemin. Est-ce du greenwashing ? En tous cas, c'est efficace en termes de marque employeur puisque le nombre de candidatures spontanés a été multiplié par huit depuis le lancement du programme.
Olivier Sala, directeur général d'Engie Digital, a expliqué que l'atteinte des objectifs environnementaux était impossible sans le digital.
Certaines initiatives présentées au sein de Engie Digitale semblaient pourtant difficiles à rattacher à cet objectif environnemental générique. Par exemple, le produit Rockside de Blockchain Studio vise à faciliter le déploiement de la technologie des chaînes de blocs dans les entreprises. Cette technologie est pour le moins consommatrices de ressources, bien plus qu'un système centralisé. De la même façon, Siradel vise à mettre en place des « jumeaux numériques » des villes, avec fabrication d'un modèle 3D collaboratif permettant des analyses croisées. Si beaucoup de données intégrées pré-existent, il est au minimum nécessaire de les retravailler pour les intégrer à un plan, notamment en leur donnant une qualification géographique.
D'autres ont au contraire un impact direct indubitable. Par exemple, Darwin est une plate-forme de pilotage des parcs de production d'énergie renouvelable (éolien, hydraulique, biométhane, photovoltaïque...). Darwin est déployé sur 90 % du parc mondial d'Engie pour connaître en temps réel l'état de ce parc. Si une finalité est bien sûr la gestion contractuelle et le reporting de fonctionnement, Darwin sert aussi à l'optimisation de la production (par exemple détecter une mauvaise orientation des éoliennes par rapport au vent) ou à détecter les débuts de dysfonctionnements pour réaliser des opérations de maintenance et de maintenance préventive.
Une dizaine de start-ups internes ont été présentées en interne au groupe et à la presse le 14 octobre 2019.
Des solutions logicielles proposées visent clairement des clients extérieurs. C'est le cas d'Evron, une start-up interne proposant une gestion de bornes de recharge de véhicules électriques, tant du point de vue de l'énergie que de la gestion des abonnés. L'outil est destiné aux municipalités comme aux gestionnaires de flottes. Engie se voit également en éditeur de logiciels et de solutions numériques avec une initiative comme Smart Institutions, un outil de pilotage et d'optimisation de la consommation d'énergie pour de grandes institutions. L'outil est notamment la base d'un contrat de 50 ans avec l'Université d'État de l'Ohio (Etats-Unis) qui comprend une phase de rénovation des bâtiments d'un campus de 100 000 personnes (dont 60 000 étudiants) avec des logements et des équipements collectifs tels qu'un hôpital, avec déploiement de 12 000 capteurs (pour l'instant). Smart Institutions délivre des indicateurs détaillés autant à chaque étudiant qu'au Président de l'Université. Le contrat prévoie une réduction de 25 % de l'empreinte énergétique en dix ans.
Certaines solutions peuvent sembler plus basiques. Ainsi, Energy Bay est une place de marché destinée à accueillir des échanges entre entités du groupe Engie. Celui-ci est issu de l'intégration d'un grand nombre de sociétés différentes, chacune ayant leur propre gestion de stock. Intégrer directement les différentes gestion de stock est complexe : les références de chaque produit peuvent être différentes et il faudrait les réconcilier. Or certains équipements comprennent des pièces (parfois plus produites) qui peuvent être stockés quelque part inutilement mais nécessaires ailleurs (par exemple une carte électronique utile aux centres de commandement des centrales énergétiques). Le but est d'éviter de commander des pièces coûteuses et complexes à produire, voire de ne pas effectuer une évolution d'un équipement faute de la disponibilité d'une pièce ancienne déficiente.
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