Docaposte, filiale numérique du groupe La Poste, rachète les activités de signature électronique et de coffre-fort numérique du français Idemia, spécialisé dans l'identité numérique. Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé mais l’opération est effective depuis le 1er janvier 2022. Les équipes liées à l'activité d'e-signature d’Idemia ont donc rejoint les rangs de Docaposte. La filiale numérique de La Poste s’attaque à un marché en plein essor estimé à 1,2 milliard d’euros en 2025.
Idemia propose des solutions à destination des entreprises mais aussi des gouvernements, notamment la biométrie, l'identification et l’authentification, l’analyse de données et de vidéo. L'entreprise a développé des cartes de paiement biométrique pour les institutions bancaires. Par ailleurs, face à la demande croissante de toutes les sociétés d'utiliser des dispositifs de contrôle d’accès sans contact afin de garantir une méthode de vérification d’identité sécurisée et aussi hygiénique, Idemia propose des terminaux biométriques utilisant la reconnaissance faciale ou permettant la reconnaissance d’empreintes digitales d’un simple geste de la main. Créée en 2017 à la suite du rapprochement d'Oberthur Technologies (OT) et Safran Identity & Security (Morpho), la société est désormais détenue par le fonds de pension américain Advent International.
Docaposte rêve de l’international
Cette acquisition devrait renforcer la présence de la filiale numérique du groupe La Poste sur ses marchés prioritaires de développement, à savoir la banque et l’assurance. « La complémentarité des portefeuilles clients des deux entreprises créera des synergies dans la commercialisation des solutions de signature électronique et des services de confiance numérique de Docaposte (identification, authentification, certificats électroniques, vérification d’identité à distance (PVID), contrôle documentaire, KYC) ».
C’est également une étape de plus vers un développement européen pour Docaposte. « La solution de coffre-fort numérique est aujourd’hui proposée dans 8 pays (Espagne, France, Roumanie, Danemark, Allemagne, Bulgarie, Portugal et Suisse) et est en cours de déploiement au Pays-Bas et prochainement en Grèce ». Depuis 2017, la firme poursuit une politique d’acquisitions accrue pour se faire une place sur le marché européen comme le souligne Olivier Vallet, président directeur général de Docaposte. « Cette acquisition représente une double opération stratégique de consolidation de notre position de référent de la confiance numérique en France et de développement de nos activités à l’international. C’est également l’opportunité pour nous d’enrichir notre savoir-faire grâce à l’expertise des équipes qui nous rejoignent et qui restent dirigées chez Docaposte par Laurent Fournié ».
Une forte concurrence
Malgré sa motivation, le chemin de Docaposte est semé d’embûches. Le marché est déjà gouverné par d’autres acteurs français – à l’exemple de Oodrive (qui a racheté en avril dernier l'application Sell&Sign développée par Calinda Software) – et américains – comme DocuSign ou Adobe. Oodrive compte pour sa part plus de 15 000 entreprises clientes, dont plus de 80 % du CAC 404. La société est engagée dans divers projets d'État pour la promotion d'un cloud souverain et soutient notamment le projet de Campus Cyber ayant pour ambition de faire de la France un leader européen de la cybersécurité, en rassemblant les expertises des industriels, chercheurs français et organismes publics. On peut également évoquer YouSign comme concurrent hexagonal.
De son côté, DocuSign, présent sur le marché de la signature électronique depuis 2003 et coté au NASDAQ, joue dans la cour des grands depuis plusieurs années. Dernier exemple en date : son rapprochement avec Salesforce, permettant une intégration des outils de DocuSign sur Slack. D'autres acteurs internationaux cherchent à se tailler une part de ce marché, comme HelloSign (filiale de Dropbox) ou Adobe. Le rachat d’Idemia montre une volonté de passer à la vitesse supérieure pour Docaposte mais elle est encore loin de la place de leader qu’elle s’octroie aujourd’hui.
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