Au cours de l'année écoulée, les principaux opérateurs de télécommunications et de téléphonie mobile ont testé et réalisé de multiples essais pilotes du système mobile de cinquième génération, et l'on peut dire que le réseau cellulaire 5G de prochaine génération est sur les rails et qu'il progresse même à un rythme phénoménal. Même si l'adoption de la 5G est restée limitée en 2018, un certain nombre d'opérateurs de téléphonie mobile devraient proposer des abonnements 5G en 2019. Le géant des télécoms Ericsson prévoit d'importants déploiements de réseaux 5G à partir de 2020 et estime qu'il y aura 1,5 milliard d'abonnements 5G au haut débit mobile amélioré d'ici la fin 2024. On peut également s'attendre à un développement accru de l'infrastructure et de l'offre de smartphones compatibles. Selon Deloitte Global, environ 1 million de smartphones 5G seront livrés d'ici la fin 2019.
Une année de tests et de preuve de concept
« Malgré les premiers déploiements 5G et le lancement des premiers appareils compatibles cette année, les effets de l'implementation de la 5G ne seront pas immédiats », a déclaré Andrew Fray, directeur général d'Interxion. « Par contre, pendant cette année, de nombreuses entreprises vont soutenir leurs investissements et se concentrer sur la réorganisation des réseaux existants et de l'infrastructure pour les préparer à accueillir les réseaux 5G ». Étant donné que la 5G devient la norme de facto, les fabricants vont sans doute profiter de l'année 2019 pour tester et mettre leurs appareils au niveau de la nouvelle norme pour profiter des nouveaux usages dans l'internet industriel, l'IoT et pour envoyer et recevoir des données à des vitesses beaucoup plus élevées. « L'année 2019 sera surtout consacrée à la standardisation, au test de la technologie et des divers appareils afin de s'assurer qu'ils fonctionneront quand la 5G sera plus largement disponible et que l'Europe deviendra la société du Gigabit telle que l'a défini la Commission européenne », a déclaré Dave Russell, VP de la stratégie produit chez Veeam.
Déjà, de gros acteurs comme Qualcomm et Intel auraient commencé à travailler sur des modems 5G pour smartphones, véhicules connectés et appareils domestiques intelligents. De plus, des opérateurs de téléphonie mobile comme Orange, Deutsch Telecom, Telefonica, Vodafone, EE et Three ont déjà lancé un certain nombre de tests et planifié des déploiements cette année. L'opérateur français mène actuellement des tests 5G en Europe (Lille/Roubaix en France, et Gliwice en Pologne) et entend monter en puissance en 2019 avec 17 villes en Europe avant une commercialisation en 2020.
Vodafone prétend qu'il est le premier opérateur à lancer des tests 5G complets au Royaume-Uni, à Londres, Birmingham et ailleurs. En 2019, l'opérateur EE devrait aussi lancer son réseau 5G dans 16 villes du Royaume-Uni, et s'est associé à de multiples constructeurs pour soutenir son déploiement. Ce ne sont là que quelques exemples, mais un grand nombre d'autres fournisseurs et opérateurs mobiles devraient également arriver sur le marché cette année. Des entreprises comme Ericsson et Huawei sont déjà bien placées pour fournir la technologie sous-jacente des réseaux 5G. Filiale de Deutsche Telekom, T-Mobile Pologne pose les bases de la 5G commerciale à Varsovie avec le concours technique de l'équipementier chinois. Selon IDC, en 2019, la 5G jouera un rôle clé dans la transformation de l'entreprise, et d'ici 2024, plus de 70 % de toutes les connexions 5G concerneront des usages commerciaux.
Les leaders du marché
Pour l'instant, le nombre croissant d'acteurs ayant adopté ou envisageant d'adopter la 5G ne permet pas encore d'identifier clairement les leaders du marché, car les consommateurs attendent avec impatience le déploiement du sans-fil fixe avant de se prononcer. Malgré tout, un certain nombre d'opérateurs de téléphonie mobile se sont positionnés « 5G d'abord » et préparent leur bataille sur le terrain des abonnements. Selon Ericsson, le véritable décollage de la 5G aura lieu en 2019, l'un des premiers cas d'usage étant l'accès sans fil fixe (FWA - Fixed Wireless Access). « L'objectif initial de la 5G est différent selon les marchés », a expliqué Stewart Lacey, expert 5G d'Ericsson pour l'Europe et l'Amérique latine. « Les États-Unis vont certainement se concentrer sur l'accès sans fil fixe pour connecter 38 millions de citoyens américains mal desservis. Ce sera moins le cas en Europe, qui a misé dès le départ sur le haut débit mobile ».
Ericsson déclare par ailleurs qu'il est le premier fournisseur de matériel d'infrastructure pour la 5G. Ses partenariats, annoncés en 2018 pour la plupart, vont de Juniper Networks à Swisscom et plus encore. « Il y aura beaucoup de tests 5G et de demandes de « 5G First » cette année, mais l'offre de mobiles 5G ne sera pas encore déterminante et le nombre d'abonnés sera très restreint, s'il y en a », a ajouté William Webb, CEO de Weightless SIG. « Il y aura peut-être des abonnés au sans-fil fixe aux États-Unis, mais son déploiement devrait prendre plus de temps que prévu ». Par contre, CCS Insights signale que la Chine et la Corée du Sud sont en tête pour l'adoption de la technologie 5G. L'Europe de l'Ouest, très à la traîne, devrait dépasser les 100 millions de connexions en 2023, contre 1 milliard de connexions attendues en Chine d'ici 2025. « Le Royaume-Uni est en retard par rapport à ses homologues internationaux en matière de déploiement de la fibre optique et seulement 3 % de tous les abonnements haut débit bénéficient actuellement de services de fibre optique. Le haut débit domestique sans fil 5G va permettre à Three d'offrir rapidement un accès Internet ultra rapide à un plus grand nombre d'abonnés », a déclaré l'opérateur. La France fait beaucoup mieux. Selon les derniers chiffres de l'Arcep, la part des accès très haut débit (THD) a été portée par les abonnements fibre optique (70% en 2017), en passant de 5,4 à 7 millions de lignes, soit un bon en un an de près de 30% (de 2016 à 2017).
Une demande croissante de SD-WAN
L'adoption fulgurante de la 5G devrait également accélérer la demande de SD-WAN cette année. Selon IDC, d'ici 2020, 80 % des entreprises auront implémenté le SD-WAN sur certains sites avec des architectures Edge sécurisées et virtualisées. « En 2019, beaucoup d'entreprises vont se lancer dans la transformation numérique et tirer parti de la technologie et des processus qui leur permettront cette transformation. Un développement rapide de l'offre de services cloud et d'applications SaaS va obliger la majorité d'entre elles à repenser leur approche des réseaux et à supprimer leur matériel obsolète », a déclaré Yogi Chandiramani, directeur technique EMEA chez Zscaler. Le SD-WAN devrait favoriser la mise en oeuvre des connexions réseau 5G. « Les principaux acteurs impliqués dans la mise en oeuvre du SD-WAN vont reconnaître que le SD-WAN ne revient pas à déployer un Internet léger et bon marché et à supprimer les coûteux réseaux privés, mais qu'il SD-WAN permet d'aller vers un réseau plus intelligent », a déclaré Paul Fawcett, responsable des produits de mobilité chez Maintel.
Les villes connectées
La tendance pour les « smart cities », dont le bien-fondé s'est affirmé en 2018, devrait continuer à croître, et l'année 2019 devrait être marquée par une série de développements intelligents prometteurs. Selon IoT Analytics, les projets de villes connectées représentent le plus gros segment de l'IoT, du fait des centaines d'initiatives de villes connectées lancées récemment par des fournisseurs et des gouvernements partout dans le monde. IDC prévoit que d'ici 2020 plus de 30 % des projets de villes connectées concerneront des villes de moins de 200 000 habitants. Le déploiement des technologies IoT devrait croitre à mesure que les projets de « smart cities » gagneront en maturité. iScoop prévoit un boom dans les services publics, les transports, la sécurité, la durabilité, les infrastructures et les fonctions connectées intégrées. Dans un rapport, le concepteur de puces ARM a déclaré que « dans les villes connectées, les usages ne seront plus guidés par le simple objectif de la réduction des coûts, mais ils seront plus orientés sur la participation des citoyens ou l'augmentation des ressources (par exemple, la détection des infractions aux feux rouges, le développement des points d'accès WiFi, des services 5G, des tours connectées, la détection et l'analyse criminelle, la diffusion d'information) grâce à des technologies avancées comme la vision artificielle et la l'apprentissage machine ».
Les villes leaders
Selon une étude du McKinsey Global Institute, les pays d'Amérique du Nord, d'Asie-Pacifique et d'Europe montrent la voie dans le déploiement des villes connectées. Au cours de l'année écoulée, plusieurs tests de projets pilotes et de développements d'infrastructure ont été réalisés dans ces régions. L'Eden Strategy Institute a même déjà distingué Londres comme « ville la plus connectée du monde » pour l'année 2018/19. IDC prévoit également que d'ici 2022, les investissements dans les cas d'usages pour les villes connectées atteindront 158 milliards de dollars. Ce sont, selon IDC, les villes américaines qui connaitront la croissance globale la plus rapide. Dans l'ensemble, les études de marché prédisent que dans les villes connectées matures, on passera d'une phase de validation et de pilotage à une phase d'élaboration de projets en vue d'améliorer la vie des habitants. Toujours selon IDC, d'ici la fin de l'année 2019, 40 % des collectivités locales et régionales devraient utiliser l'IoT pour transformer les infrastructures comme les routes, les réverbères et les feux de circulation en actifs.
Écosystème urbain
Le Gartner définit les villes connectées comme « des zones combinant communautés d'affaires, résidentielles et industrielles conçues comme des écosystèmes urbains intelligents, ayant chacune accès à des services de collaboration sociale et communautaire ». Autrement dit, les villes connectées mettent en oeuvre des projets technologiques pour améliorer l'environnement urbain. Selon IDC, au cours des cinq prochaines années, les grandes évolutions de l'espace urbain intelligent auront un impact sur les zones urbaines. Cela signifie que d'ici 2025, les villes pourront déployer une série d'applications de mobilité qui permettront, par exemple, de réduire de 15 à 20 % les temps de trajet moyens, comme le prédit McKinsey Global. Les projets intelligents concernent également la santé, les transports et la sécurité. Au cours de la prochaine décennie, l'adoption à grande échelle de technologies connectées devrait contribuer à mieux sécuriser les environnements urbains. « Nos résultats montrent que le déploiement de technologies connectées pourrait contribuer à réduire de 8 à 10 % le nombre de décès et de 30 à 40 % le nombre d'actes criminels », prédit également McKinsey Global dans son rapport.
Prochaine étape
D'après les prévisions ci-dessus, on peut voir que la montée en puissance de la 5G et les villes connectées sont étroitement liées au déploiement de l'IoT. En fait, c'est dans les infrastructures urbaines connectées et les tests de réseaux 5G que l'adoption des technologies IoT va croître le plus rapidement dans les dix ans à venir. « Les réseaux 5G, sur lesquels l'industrie compte beaucoup, vont faire basculer l'IoT dans un nouveau monde de plus en plus interconnecté qui fera progresser l'innovation dans ce domaine », a indiqué DataArt dans un rapport. On ne peut pas dire à coup sûr que la 5G sera commercialisée en 2019. Mais un bon nombre d'éléments sont en place, y compris l'attribution du spectre 5G, mis aux enchères en 2018. Ce qui est sûr, c'est qu'au cours de l'année 2019, certaines régions réaliseront beaucoup plus de tests et se lanceront dans des développements intelligents.
Commentaire