En direct de Las Vegas - Il y a un an, EMC avait annoncé ViPR, une plate-forme de virtualisation et de gestion du stockage conçue dès l'origine pour supporter le matériel maison et d'autres fournisseurs. Cette année, EMC veut aller encore plus loin avec sa plate-forme en mettant en avant le concept de stockage défini par logiciel (Software Defined Storage) même si elle continue encore de s'appuyer sur les systèmes matériels dédiés (VNX, Isilon, VMax...) comme piliers de son activité. La firme de Boston travaille aujourd'hui à l'extension de son périmètre de stockage afin de prendre le pas sur ses concurrents avec des solutions flash et virtualisées.

Si EMC a grandi en fournissant à ses clients des solutions de stockage sans compromis quant aux performances - au prix fort il est vrai - sa vision de l'avenir est plus axé sur le logiciel que sur les baies. David Goulden, CEO d'EMC II (Information Infrastructure), a ainsi expliqué sur la scène de la grande salle du Venitian, que la firme de Boston s'engage aujourd'hui dans la mise en place de la « troisième plate-forme » de l'informatique construite autour du cloud, de la mobilité, du big data et des réseaux sociaux. Dans ce monde où la donnée numérique est reine, les ressources de stockage peuvent être réparties dans différents endroits et la véritable plus-value réside dans le logiciel qui contrôle l'ensemble.

ViPR enfin disponible pour les clients

Plusieurs développements et acquisitions l'année dernière année, en plus de l'annonce ViPR, vont dans ce sens. En septembre 2013, ViPR 1.0 est devenu disponible pour un usage non - commercial. Dans le même temps, EMC avait annoncé le projet Nile, une plate-forme de cloud privée, et l'amélioration de sa suite logicielle de gestion des ressources de stockage. Nile, attendue avant l'été, a été présentée dans sa version finale sous l'appellation Elastic Cloud Storage (ECS). Une appliance et non pas un service en ligne comme l'a souligné Jeremy Burton, en charge du marketing et des produits chez EMC, qui ambitionne toutefois de concurrencer Amazon S3 avec le support des modes bloc et objet/HDFS. M. Burton garantit que sur une période de 4 ans l'appliance serait au final moins chère (dans un savant calcul du TCO) que des solutions cloud avec 11.5 Po de données brutes dont 5,7 utilisés en mode objet.

Disponible en tant que contrôleur ou services, ViPR 2.0 sépare le plan de contrôle (la capacité de gérer de manière centralisée les diverses fonctions d'un réseau de stockage, y compris la découverte, l'approvisionnement et de rapports avec le contrôleur ViPR) du plan de données (les services avancés qui fonctionnent au dessus des baies de stockage avec ViPR Data Services). En conséquence, ViPR simplifie la gestion des réseaux de stockage tout en profitant des ressources sous-jacentes d'une manière entièrement automatisée. En outre, ViPR se branche désormais aux outils d'orchestration de VMware, OpenStack (Cinder), et Microsoft.



David Goulden, CEO d'EMC II, mise sur le logiciel pour transformer la société d'ici 2020.

En plus des capacités de gestion, les services ViPR 2.0 ont également été nettement améliorés. Le mode objet/HDFS est en effet complété par le support du mode bloc, qui repose en fait sur les technologies issues du rachat de la start-up ScaleIO par EMC l'année dernière. ViPR 2.0 apporte également la réplication multi-sites grâce à des capacités de stockage géolocalisé. En conséquence, les services de stockage en mode objet de ViPR peuvent maintenant s'étendre sur plusieurs endroits tout en garantissant les mêmes niveaux d'efficacité et de performances. En outre, ViPR Object Services ajoute des capacités de mise en conformité supplémentaires pour garantir les besoins de certains métiers dans la santé, le secteur public ou l'industrie avec le support de l'API Centera CAS (Content Addressable Storage). Cela donne aux clients EMC Centera, la possibilité de maintenir les fonctions de conservation et de conformité fournies par leurs applications sur n'importe quelle plate-forme supportée par ViPR - le tout sans aucune modification logicielle. Mais aujourd'hui la liste des plates-formes certifiées par EMC est très courte. La firme ne va pas simplement donner un CD avec ViPR à installer sur les baies de ses concurrents. Voilà pourquoi aujourd'hui seul deux serveurs (le HP SL 4500 notamment) sont certifiés pour ViPR 2.0. EMC ne risque pas de valider une plate-forme sans savoir à quoi ressemblera la performance.

EMC s'est engagée sur un futur axé sur les logiciels, mais elle n'y arrivera pas du jour au lendemain, selon les analystes rencontrés lors de cette EMC World. En interne comme chez les clients, il y a encore une grande confiance dans les systèmes traditionnels même si les ventes faiblissent dans certaines familles. Au premier trimestre de cette année, les revenus issus de la gamme VMax ont par exemple chuté de 22% par rapport à l'année précédente.