Econocom (*) exerce un métier à part, un double métier, celui de la gestion de parcs informatiques et de la location. Sur le 1er point, la gestion de parcs, elle entre en concurrence avec Computacenter, SCC et RealDolmen (en Belgique). Sur le second, la location, elle affronte les filiales de grands constructeurs et les leasers spécialisés. Mais, de plus en plus, elle se rapproche du monde des SSII comme en témoignent son entrée au Syntec Numérique et ses différents rachats (voir encadré).
Econocom atteint en 2012 1,54 milliard d'euros de CA. Dans son métier historique, elle avait repris ECS il y a deux ans et demi, une opération qui l'a propulsée au-delà du milliard d'euros de chiffre d'affaires annuel. Avec le rachat de la SSII Osiatis (**), 309 ME de CA en 2012, Econocom se hisse à 1,9 milliard d'euros de CA, dont le quart vient des services. Elle réalisait en effet 264 millions d'euros dans les services IT en 2012. Avec Osiatis, elle dépasse les 500 ME, donc le quart de son CA. Econocom a trois autres activités : location, 1003 ME en 2012, distribution, 214 ME et télécoms, 57 ME.
Osiatis à 55% dans l'infogérance
Les deux sociétés, Econocom et Osiatis, se veulent complémentaires. Osiatis étant tournée vers les services aux infrastructures, 85% et les applicatifs 15%. Plus de la moitié de l'activité, 55% relève de l'infogérance. La société, qui a publié ses résultats annuels définitifs il y a un mois, était rentable avec un résultat net part du groupe de 11,7 ME (+6,3%). La marge opérationnelle s'élève à 22,5 ME, soit 7,3% du CA total.
C'est donc une société saine que rachète Econocom. Ce rachat valorise d'ailleurs Osiatis avec une prime de 41% par rapport au dernier cours de bourse et de 51% par rapport à la moyenne des 20 dernières séances. Osiatis ne présente pas d'endettement net. Son bloc majoritaire d'actionnaires est composé de Walter Butler, Robert Aydabirian, le fondateur, Jean-Maurice Fritsch et Bruno Grossi, les dirigeants actuels. Ils détiennent à eux quatre 51,22% du capital. A l'issue des opérations de rachat, Jean-Louis Bouchard, Président d'Econocom serait le premier actionnaire du nouveau groupe avec 42% du capital environ. Walter Butler serait actionnaire de référence avec 6% et devrait entrer au conseil d'administration.
Le calendrier prévoit la finalisation des opérations au début de l'été prochain, une fois achevées les opérations de due diligence (audit d'Osiatis par Econocom), l'avis des autorités de la concurrence, les consultations des représentants du personnel. Osiatis compte en effet 4 600 collaborateurs, Econocom 3 700. Le nouveau groupe dépasse le cap des 8 000. Notons qu'Osiatis est également investie dans une opération de rachat, celle d'ESR, engagée l'automne dernier et qui devrait également se finir à l'été prochain.
Econocom appartient à son fondateur
Econocom avait annoncé un plan stratégique pluri-annuel pour ce mois d'avril. Il portera sur les cinq prochaines années et se nommera « mutations », un signe que le groupe va se porter de plus en plus vers les services informatiques. Le précédent plan, Horizon 2012, s'est traduit par un doublement du CA et un triplement du résultat opérationnel courant en cinq ans. Econocom s'est également engagé ces dernières années dans les objets intelligents. Un parcours d'autant plus singulier que la société appartient toujours à son fondateur, Jean-Louis Bouchard.
Le rachat d'Osiatis est un signe de plus que la croissance externe devrait agiter les mois à venir. Tata consultancy services a repris Alti, après avoir étudié de multiples dossiers. Ce n'est sans doute qu'un premier pas. La taille devient un enjeu stratégique dans le monde des services informatiques. Et la France est marquée par un grand nombre de SSII de taille moyenne entre 100 et 500 ME, avec des chiffres d'affaires en baisse ou en faible progression sur 2012 et des perspectives égales voire plus maussades sur 2013. Et si la croissance externe était la meilleure façon pour les SSII de progresser et pour leurs clients de voir leurs fournisseurs se rationnaliser ?
(*) Econocom a été créée par Jean-Louis Bouchard en 1974, sous le nom d'ECS. En 1985, il la revend à la Société Générale, mais garde les filiales étrangères, qu'il regroupe sous le nom d'Econocom. Il va reprendre Infopoint en 2000, Promodata en 2002, puis les activités entreprises d'Avenir Télécom et de TPH. En octobre 2010, Jean-Louis Bouchard rachète ECS (qu'il avait fondée et revendue !) à la Société Générale et la fusionne avec Econocom, qu'il avait également fondée.
(**) Osiatis a été créée en 1998 à partir des activités de services informatiques de Thomainfor (ex Thomson CSF) par Walter Butler. Dirigée par Robert Aydabirian, ancien directeur général de HP France pendant douze ans, puis directeur de division chez Bull, et ensuite par Jean Maurice Fritsch, Osiatis se développe non seulement par croissance organique mais aussi par croissance externe.
Econocom renforce sa mutation vers les services avec Osiatis
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Après l'indien Tata qui a mis la main sur Alti, Econocom veut racheter Osiatis. Un signe de plus d'une recomposition est en cours dans le monde des SSII (renommées ESN) avec la montée en puissance de sociétés étrangères ou d'un indépendant européen comme Econocom. Ce dernier engage aussi un plan de mutation vers les services.
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