Voilà déjà 6 ans que l’éditeur français EasyVista a posé ses valises aux Etats-Unis où il réalise maintenant 25% de ses ventes de logiciels ITSM (IT service management) conçus pour gérer les infrastructures et les services informatiques. Pour accélérer son développement outre-Atlantique et renforcer l’innovation autour de ses solutions SaaS, la société vient de lever 7,5 millions d’euros sous la forme d’obligations convertibles. L’opération se fait en deux tranches, la première d’un montant de 3,07 M€ a été souscrite par le fonds Isatis Développement 3 et Conversion Funding LLC. D’autres fonds gérés par Isatis Capital et Alto Invest souscriront la 2e tranche de 4,43 M€ au plus tard le 31 octobre 2016, « sous la condition suspensive » qu’EasyVista ait d’ici là obtenu le label Entreprise Innovante de Bpifrance. La banque publique d’investissement instruit le dossier en ce moment.
C’est en 1988 sous le nom de Staff & Line que Sylvain Gauthier, PDG, et Jamal Labed, DG, ont créé la société. Celle-ci a été renommée EasyVista début 2012 pour marquer le virage vers la fourniture des logiciels en « software as a service ». Aujourd’hui, le SaaS représente la moitié de son chiffre d’affaires et sur « les bookings de nouveaux clients, cela concerne presque 9 entreprises sur 10 », nous a indiqué Sylvain Gauthier lors d’un entretien téléphonique. L’importante base de clients qui conservent des licences classiques, tout en s’orientant vers le SaaS, génère encore via la maintenance 15% du chiffre d’affaires. Celui-ci s'est établi à 20,2 M€ en 2015.
Un centre de gestion cloud à Noisy et l’autre à Montréal
En Europe, EasyVista dispose de filiales au Royaume-Uni, en Espagne, au Portugal et en Italie. Aux Etats-Unis, son siège est à New-York et son effectif réunit une cinquantaine de personnes, la plupart travaillant chez eux car « il faut être près des clients et donc, un peu partout », rappelle Jamal Labed. « Notre Cloud Management Center est à Montréal », précise-t-il. A Paris, le centre cloud d’EasyVista est situé à Noisy-le-Grand, où se trouve le siège social de la société.
En 2015, Gartner a évalué à 2,2 Md$ le chiffre d’affaires des acteurs de l’ITSM au niveau mondial. Sur ce terrain, « les Etats-Unis sont un très gros marché et nous faisons partie des trois acteurs ITSM qui s’y développent le plus, avec ServiceNow et un 3e acteur local », nous a indiqué Jamal Labed. La levée de fonds va permettre à sa société de passer à la vitesse supérieure, en particulier du côté marketing et des relations avec les analystes sur un marché américain où il est primordial d’être connu. « Nous allons aussi accroître le nombre de commerciaux. Il est important d’avoir un très bon maillage du territoire aux Etats-Unis », souligne le DG français qui connaît bien la problématique d’implantation des éditeurs français outre-Atlantique. C’est un sujet qu’il a suivi de près, notamment ces trois dernières années, en tant que président de l'Afdel devenu Tech In France.
Enfin, l’apport financier va alimenter les efforts d’innovation autour des produits d’EasyVista, soutenir ses autres projets et la prochaine étape de son développement. Il y a deux ans, l’éditeur a lancé Service Apps, une plateforme permettant aux équipes informatiques de créer rapidement de nouveaux services (sans écrire de code, à partir d’une bibliothèque de modèles d’applications) pour que les utilisateurs de terminaux mobiles puissent saisir leurs demandes, y compris pour des services hors IT.
De gros clients aux Etats-Unis, comme le LAPD
EasyVista est coté sur le marché européen Alternext (Euronext) depuis 2005. Mais celui-ci gère très peu de liquidités avec des valorisations qui ne sont pas comparables avec celles qu’offrent les bourses outre-Atlantique. Pour la levée de fonds en obligations convertibles réalisée par EasyVista, les fonds en capital risque engagés ont investi sur un prix cible de 40 euros, alors que le titre est actuellement coté un peu moins de 26 euros sur Alternext. Pour l’éditeur français, les obligations convertibles lui permettent de lever des fonds sans diluer trop fortement la part de ses actionnaires actuels et constituent un mécanisme plus intéressant que l’augmentation de capital. Avoir des investisseurs professionnels qui valorisent le cours à 40 €, indépendamment de la valorisation boursière, c’est très intéressant, souligne Sylvain Gauthier.
Sylvain Gauthier, PDG et co-fondateur d'EasyVista.
Aujourd’hui, EasyVista totalise un millier de clients historiques et en dénombre une centaine aux Etats-Unis. Il s’agit souvent de grosses organisations, insiste Jamal Labed. Les logiciels de l’éditeur français sont par exemple utilisés par la chaîne de télévision sportive ESPN, l’agence de presse Associated Press, l’Etat de Washington ou encore, LAPD, la police de Los Angeles, cite le DG. « Avoir des clients prestigieux vient valider nos choix technologiques et notre stratégie », ajoute le PDG. « Il y a vraiment une très bonne tendance. Nous avons tout le dispositif en place. Il faut maintenant accélérer ».
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