En juin dernier, lors de l’Apple Worldwide Developers Conference, la marque à la pomme dévoilait une bibliothèque JavaScript dédiée à la cartographie en ligne : MapKit JS. L’annonce est passée relativement inaperçue, mais l’outil vient déjà de se trouver un utilisateur de taille : DuckDuckGo.
Le moteur de recherche vient d’annoncer qu'il utilisera MapKit JS pour tous ses résultats de recherche basés sur la localisation, aussi bien sur mobile que sur ordinateur. Auparavant, il utilisait OpenStreetMap, avec un menu déroulant permettant d'accéder à Bing, Google ou Here maps, quand on avez besoin d’un itinéraire.
DuckDuckGo affirme être l'une des premières entreprises à utiliser cette bibliothèque. Cela semble crédible : on ne voit presque jamais Apple Maps (Plans en français sur iOS et macOS) sur le Web. Apple n'a mystérieusement pas de portail cartographique propre (pas de maps.apple.com), et la grande majorité des autres sites et services utilisent Google ou Bing.
L’accent mis sur la confidentialité
Le moteur a choisi de s'associer à Apple en raison de la position de la firme de Tim Cook en matière de confidentialité. Pour rappel, le but de DuckDuckGo est de ne collecter et de ne stocker que le strict minimum d'informations nécessaires sur ses utilisateurs. Il ne sait pas qui ou où vous êtes et ne tient pas d'historique de recherche.
« Nous n'envoyons aucune information personnelle identifiable telle que l'adresse IP à Apple ou à d'autres tiers », a précisé l’entreprise dans un communiqué. « Pour les recherches locales, lorsque votre navigateur nous envoie des informations approximatives sur votre emplacement, nous les jetons immédiatement après utilisation. Vous restez anonyme lorsque vous effectuez des recherches par carte et par adresse sur DuckDuckGo. »
Les termes de l'accord « sont confidentiels », a ajouté l’entreprise sur le site The Verge. Impossible de savoir si DuckDuckGo est limité par la même limite journalière de 250 000 vues de cartes et 25 000 appels de service qu'Apple impose aux entreprises qui intègrent ses cartes sur le Web gratuitement.
Un service qui reste à peaufiner
Les cartes d'Apple sont plus soignées et utiles que celles d’OpenStreetMap, mais l'implémentation sur DuckDuckGo semble encore un peu rude sur les bords. Pour commencer, l'interface pourrait être améliorée. La molette de la souris n'effectue pas de zoom avant ou arrière, et le panoramique n'est pas aussi fluide qu'il devrait l'être. Pire, selon nos tests, le service semble avoir quelques difficultés à fonctionner sur le navigateur Firefox, où les boutons de défilements et de zoom sont indisponibles.
Les données cartographiques d'Apple sont encore assez approximatives dans la plupart des pays du monde. L’entreprise a annoncé une vaste refonte de ses données cartographiques dans le cadre de l'iOS 12, mais cela a surtout affecté le nord de la Californie. Les nouvelles cartes se déploient encore lentement dans le reste du pays.
Des services tiers nécessaires
Peut-être plus important encore, les cartes DuckDuckGo dépendent toujours d'autres services tiers pour des fonctions importantes. Yelp fournit des détails sur les lieux d'implantation des entreprises, tout comme dans Apple Maps sur iOS. Il est donc difficile pour les personnes qui n'ont pas et ne souhaitent pas avoir de compte Yelp de participer pleinement à la fourniture de commentaires, d'heures d'ouverture ou de photos de l'entreprise. Sur mobile, Yelp ne fournit qu'un minimum d'informations à moins que vous ne téléchargiez l'application.
Si vous demandez un itinéraire à partir de Windows, Linux ou ChromeOS, vous serez toujours dirigé vers Bing, Google, Here ou OpenStreetMap via un menu déroulant, où vous devrez entrer votre emplacement de départ précis car DuckDuckGo ne peut vous géolocaliser. Sous iOS ou macOS, il ouvre l'application Maps d'Apple. MapKit JS est capable de donner des indications pour se déplacer à pied ou en voiture. Peut-être que cette fonction finira par arriver chez DuckDuckGo.
En poursuivant sa démarche d’élaboration d’une boîte à outils de cartographie Web, tout en améliorant la précision ses données géographiques, Apple pourrait attirer davantage de services Web qui veulent des alternatives aux cartes Google et Bing.
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