L'industriel londonien DS Smith a réalisé plusieurs acquisitions au fil des années et a par ailleurs, expérimenté le cloud très tôt. Son SI repose ainsi aujourd'hui sur plusieurs plateformes de cloud qu'il a décidé de consolider sur Amazon Web Services, dans le cadre d'un partenariat de cinq ans. Un moyen d'optimiser l'infrastructure, et d'en réduire les coûts, mais aussi de répondre à ses objectifs de réduction de l'impact environnemental d'une activité particulière polluante. DS Smith veut par exemple remplacer autant que possible les matériaux plastiques dans ses produits, rationaliser son empreinte carbone et réduire de façon importante l'utilisation de l'eau dans son processus de fabrication. Or, pour ce faire, elle a en particulier besoin d'alimenter ses systèmes avec des données de qualité, accessibles facilement.
« Historiquement, nous avons davantage fonctionné en multicloud ou en cloud hybride, y compris avec du cloud privé, raconte Claire Dickson, DSI de DS Smith. Mais désormais, la majeure partie de notre feuille de route numérique est centrée sur les données. Nous avions une infrastructure très fragmentée entre différentes technologies de cloud qui ne permettait pas d'y répondre. Le partenariat avec AWS est une démarche bien plus stratégique qui nous conduit à l'utilisation d'un stack logiciel unique. »
Une première phase de modernisation des applications
L'entreprise de 30 000 employés fabrique des emballages à base de fibres et de papier recyclé pour de grands clients, dont Amazon, Unilever et Nestlé, sur plus de 300 sites de production dans le monde, principalement en Europe. Elle dispose également d'une installation à Atlanta, aux Etats-Unis. Sa transformation numérique a commencé par une phase de modernisation de ses applications, au cours de laquelle Claire Dickson et ses équipes ont déterminé quelles solutions devaient être hébergées dans le cloud public ou dans le cloud privé. La migration, qui n'en est encore qu'à ses débuts, est conçue pour bénéficier des sources d'efficacité déjà identifiées, de stratégies de durabilité éprouvées et des fonctions de stockage des données et d'analytiques de la plateforme AWS.
Claire Dickson, DSI de DS Smith, veut s'appuyer sur le cloud pour disposer de la data adéquate pour réduire l'empreinte environnementale de l'entreprise. (Photo DS Smith)
« Du seul point de vue du développement durable, l'utilisation d'un cloud permet de déverrouiller en particulier les données de la chaîne de valeur de bout en bout, explique Jan Burian, analyste IDC basé à Prague. Et la disponibilité en temps réel et la contextualisation des data ont un impact direct sur la baisse des coûts énergétiques, l'empreinte carbone, le volume de déchets de production et l'utilisation des équipements et de la main-d'oeuvre grâce à une planification et à une gestion des opérations basées sur ces données. »
Quatre sources de données majeures
La stratégie numérique de DS Smith repose sur la gestion et l'optimisation de 4 sources de données principales : ses machines industrielles, ses fournisseurs d'énergie, sa supply chain et ses clients. L'industriel appuie donc sa stratégie cloud sur des partenaires SaaS pour automatiser plus de 40 applications qu'elle utilise. Une partie des logiciels migreront directement en lift-and-shift, mais certaines applications historiques propriétaires seront totalement réécrites. Au total, la société dispose de quelque 700 applications.
De futurs LLM en propre
L'activité de DS Smith repose à la fois sur l'industriel historique né en 1940 et sur ses acquisitions récentes. Résultat, une grande partie de sa production reste "manuelle" dans ses centaines d'usines, tandis que sa logistique est organisée dans des entrepôts entièrement automatisés et robotisés. « La cohérence des data sets issus de ces différents sites est au coeur de notre stratégie d'analytiques, tout comme les évolutions technologiques et de business models, insiste Claire Dickson. Une de nos priorités est de regrouper les data venues de nos quatre sources prioritaires dans les mêmes datalakes AWS, pour faciliter le déploiement des outils d'analyse d'Amazon. »
La feuille de route IT de DS Smith reflète celle de la plupart des DSI de la région EMEA, qui désignent les analytiques (30 %), la modernisation des applications (30 %) et le cloud (30 %) comme les trois projets avec les budgets d'investissement 2024 les plus importants, selon l'enquête State of the CIO de Foundry. Pour moderniser ses applications, l'entreprise d'emballage a déjà testé l'IA dans trois cas d'usage qui sont en phase de POC. Claire Dickson a également mis en place une feuille de route pour l'IA générative. La DSI se dit convaincue qu'une fois que l'entreprise aura rationalisé et homogénéisé le stockage de ses données et développé ses propres modèles de machine learning, elle pourra passer à la conception de grands modèles de langage (LLM) sur AWS.
Les data au service du développement durable
DS Smith collecte aussi de nombreuses informations à partir des capteurs de ses machines industrielles : performances, vibrations, température, produits chimiques utilisés, etc. « L'hébergement de ces data dans le cloud et leur injection dans nos pipelines de données est un moyen beaucoup plus efficace de disposer des combinaisons efficaces de ces datasets », poursuit la DSI. L'entreprise a aussi installé des compteurs d'énergie sur ses équipements industriels et envisage d'utiliser AWS pour ses rapports ESG, légèrement différents suivant les régions du monde. « Nous prévoyons d'héberger ces données IoT chez nous, insiste fermement Claire Dickson. Nous ne les donnerons à personne d'autre et nous entraînerons nos modèles d'IA générative avec nos propres data sets IoT. »
DS Smith veut aussi exploiter sa nouvelle infrastructure de données pour réduire son empreinte environnementale. Elle veut par exemple remplacer les "plastiques à problèmes" utilisés dans ses emballages et a mis au point pour ce faire un processus circulaire de 14 jours pour la modélisation, la conception, la fabrication et l'expédition des boîtes à ses clients. L'industriel utilise aussi une technologie d'imagerie vidéo pour identifier les différents plastiques dans les balles d'emballages recyclés et vise à ce que tous ses produits soient recyclés ou réutilisés d'ici à 2030. L'entreprise veut aussi, à cette même échéance, ne plus envoyer aucun déchet à la décharge et décarboner ses opérations et sa chaîne de valeur. Elle prévoit aussi de réduire sa dépendance au gaz naturel de 25 %, soit une économie de 50 000 tonnes de CO2 par an.
L'engagement de DS Smith en faveur de l'ESG est l'une des principales raisons pour lesquelles la DSI a accepté son poste. « Le développement durable est au coeur de nos activités, déclare Claire Dickson, qui ajoute que l'entreprise a annoncé cet automne le lancement de son centre de R&D R8 pour la conception d'emballages durables.
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