En direct de San Francisco. La keynote de Marc Benioff n’a pas été un long fleuve tranquille pour cette 17e édition de Dreamforce. Par trois fois durant la grand messe de l’éditeur de CRM, son fondateur-gourou a été interrompu par des gens contestant le contrat que Salesforce entretient avec la Customs and Border Protection (CBP), le service de douanes américain. La première personne a eu trente secondes pour s’exprimer, malheureusement sans micro dans une salle rassemblant plusieurs milliers de personnes, avant d’être poussé vers la sortie. Des cris se sont fait entendre ensuite au fond de la salle. Ce n’est pas la première fois que ce contrat est décrié pendant Dreamforce. L’an dernier, une douzaine de personnes avaient défilé, en marge de l’événement contre ce contrat, signé en mars 2018.
Quelques minutes après avoir commencé son intervention, Marc Benioff a été interrompu par une personne. Bien que ce moment ne semblait pas prévu, le fondateur de Salesforce a laissé 30 secondes à la personne pour s'exprimer, sans micro pendant que le temps imparti défilait sur les écrans géants... (Crédit : Nicolas Certes)
Une autre surprise est la moindre place accordée à Tableau en termes d’annonces. Quelques minutes ont été accordées aux exécutifs de l’éditeur de solutions BI pour présenter leur produit et de potentiels cas d’usage suivant l’intégration à Salesforce et le reste des plateformes de l’écosystème. Le rachat a été finalisé il y a peu et Salesforce ne savait pas s’il pourrait beaucoup communiquer sur ce rachat pendant Dreamforce. Cela s’est senti. « Il y a une semaine nous ne pouvions même pas parler ensemble », confient même Olivier Derrien, directeur général France et Europe du Sud de Salesforce et son homologue chez Tableau, Edouard Beaucourt.
Si les deux entreprises n’ont pas pu rentrer dans les détails du futur de cette intégration Tableau sera visiblement imbriqué avec Datorama, racheté il y a un an, tout en intégrant la puissance de l’intelligence artificielle de Salesforce, Einstein. Selon Mark Jewett, en charge du marketing produit de Tableau, les trois instances agiront en complémentarité pour fournir des services de datavisualisation plus précis possibles. Einstein fournissant la connaissance CRM, Datorama l’intelligence marketing et Tableau des analyses à l’échelle de l’entreprise. Mais on peut imaginer qu’au terme de l’intégration de ces trois briques, qui prendra cinq à dix ans selon le responsable France de Salesforce, l’éditeur CRM vendra ces technologies sous une même marque.
Prudence est mère de sûreté
Toujours est-il que les clients prennent pour l’instant leurs précautions à l’idée d’intégrer les solutions de Tableau à leurs systèmes d’information.Autre raison de cette frilosité à se mettre pour le moment à Tableau est la prépondérance du concurrent Power BI. Les clients Office 365 peuvent y accéder via la licence E1, donc cela reste plus simple à mettre en œuvre même si les fonctionnalités sont limitées.
Les démonstrations présentées par Tableau durant la keynote d'ouverture de Dreamforce ne sont que des prédictions de ce que pourront fournir les deux entreprises une fois leurs technologies mutualisées. (Crédit : Nicolas Certes)
Si son entreprise « est plus Power BI » pour l’instant, Olivier Blanc, DSI et CDO d’Acteon, a été impressionné par la démonstration de Tableau pendant la keynote. On y voyait comment l’outil pourrait fonctionner une fois l’intégration technologique avec Salesforce réalisée. Avec l’appui d’Einstein, il sera par exemple possible d’interroger une base de données en langage naturel pour faire ressortir une donnée précise. « La partie prédictive et analyse est très intéressante car elle manque à beaucoup d’entreprises aujourd’hui. Nous avons tous des façons de regarder notre business qui n’ont pas vraiment bougées depuis quelques temps. Nous avons des axes d’analyses très définis, comme regarder les ventes des produits par pays par exemple. Mais nous n’avons pas cette capacité à s’extraire de tout ça et regarder notre activité d’un œil neuf pour trouver les variables qui font vraiment que ça bouge : ma marge bouge-t-elle parce que j’ai fait des progrès en réduisant les coûts dans mes usines ? mes vendeurs vendent-ils mieux ? sur des produits différents ? C’est là où l’IA viendra nous aider, pour aller analyser les données en profondeur » explique Olivier Blanc. Son point de vue semble donc pouvoir se généraliser : pour l’instant Tableau n’est pas un sujet pour les clients Salesforce, mais quand l’intégration sera effective avec le CRM, Microsoft n’aura qu’à bien se tenir.
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