Salesforce.com n'a pas encore de datacenter en Europe et, même si cela fait toujours partie de ses plans, l'éditeur de logiciels de CRM dans le cloud pense que le souhait des utilisateurs européens d'avoir leurs données près de chez eux ne relève pas de préoccupations techniques. C'est tout du moins la réponse faite par JP Rangaswami, Chief Scientist de la société, interpellé la semaine dernière sur ce point par un client britannique, dans le cadre de la conférence Dreamforce (à San Francisco). Pour lui, les demandes de cette nature sont surtout liées aux aspects légaux de la question, plutôt qu'à des préoccupations de sécurité ou de temps d'accès. Phil Shoesmith, le directeur informatique de l'association ASUK (Alzheimer's Society UK), avait regretté que le datacenter européen promis il y a plusieurs années par l'éditeur californien ne se soit pas encore matérialisé, rapportent nos confères de Computerworld UK.  

ASUK déploie l'application de gestion de la relation client (CRM) de Salesforce.com à travers son organisation afin de centraliser et standardiser les données dispersées existant sur les soins aux patients. Le directeur informatique a expliqué à nos confrères que le projet était important et qu'il avait coûté à ce jour des centaines de milliers de Livres Sterling. Pour lui, la protection des données du Royaume-Uni et de l'Union européenne est une question cruciale. « Dans les ministères, en particulier, il y a beaucoup d'inquiétude sur l'utilisation de clouds basés aux Etats-Unis pour gérer les données clients », a-t-il rappelé. « ll y a une certaine frustration car il a été annoncé il y a deux ou trois ans qu'il y aurait un datacenter dans l'Union européenne et il n'est toujours pas là. Nous aimerions en avoir un pour limiter les risques ».

Le choix de l'emplacement s'est précisé

Computerworld UK a demandé à JP Rangaswami si sa société prenait en considération le fait que les entreprises européennes, en particulier les associations à but non lucratif et les organisations gouvernementales, s'inquiétaient d'avoir leurs données sur des serveurs aux Etats-Unis. Salesforce.com prévoit toujours d'installer un datacenter au sein de l'UE. « Nous l'avons dit publiquement et nous nous sommes engagés à le faire, mais nous le ferons au bon moment », a indiqué le chief scientist. « Ces préoccupations surviennent de temps à autre, mais cela concerne environ un client sur dix, plutôt que un sur deux comme c'était le cas il y a cinq ans », selon lui. Il estime que la perception des problèmes de sécurité dépasse la réalité des faits. « Je peux comprendre que les gens soient déçus, mais je pense que leur attente a une dimension plus légale que pratique ».

Selon un porte-parole de Salesforce.com, la société a toujours l'intention de construire un datacenter au Royaume-Uni et le choix de l'emplacement s'est précisé. « Nous n'avons pas de date précise à fournir, mais nous préviendrons en cas d'avancement significatif ».

Pas toujours facile de calculer le coût des licences

ASUK a réalisé 20% de son projet qui porte sur 2 000 utilisateurs et prévoit la mise en oeuvre de Salesforce pour créer un système d'enregistrement informatisé (Computerised Record System, CRS). A terme, celui-ci doit regrouper les données et les utilisateurs de 200 réseaux répartis à travers le Royaume-Uni. En 2010, l'organisation avait plus de 250 systèmes de récupération des données, la plupart s'appuyant sur les logiciels Excel et Access, de Microsoft. ASUK importe actuellement les informations des différents systèmes. Les autres solutions en lice pour ce projet étaient proposées par Microsoft, IRIS et IBM (Lotus Notes). Salesforce a été retenu. Phil Shoesmith signale tout de même qu'il n'est pas toujours facile de s'y retrouver au niveau des options de licences sur ce qu'il faut payer ou non. « Cela change tout le temps, il est quelquefois assez difficile de calculer ce que cela va coûter ». 

Le directeur informatique rappelle aussi la récente interruption de service subie par le cloud de Salesforce. Les clients n'ont pas pu accéder au logiciel en ligne pendant cinq heures. Pendant les trois années précédentes, il n'y avait eu aucune panne. « Si la prochaine n'arrive que dans trois ans, cela m'ira, mais si elle se produit dans trois mois, cela me souciera davantage ». ASUK pourrait aussi utiliser Salesforce pour son application de collecte de fond que Phil Shoesmith qualifie de « critique ». L'organisation aide chaque année 100 000 personnes, dans un pays où le coût des soins consacrés à la démence précoce s'élève à 20 milliards de livres par an, rappelle Computerworld UK.