Si pour beaucoup l’archivage de données fait immédiatement penser au stockage sur bande, des alternatives sur disques durs sont également à envisager. Sans remonter jusqu’aux Centera d’EMC, des solutions reposant sur des disques durs sont disponibles depuis plusieurs années chez des fournisseurs traditionnels et des cloud providers. Fondé en 2008 et installé à Reading au Royaume-Uni, Disk Archive a développé une solution d’archivage reposant sur des disques durs pour répondre aux besoins des entreprises désirant conserver sur le long terme de 100 To à 100 Po sur une plateforme éprouvée et plus rapide que les lecteurs à bande. “ Nous avons beaucoup de demandes pour l’archivage et la conservation de films et de séries TV, des fichiers HD très volumineux”, nous a expliqué Alan Hoggarth, CEO et cofondateur de Disk Archive lors d’un IT Press Tour organisé à Madrid début décembre 2023. “ L'upscaling des vidéos en HD pour reproposer des contenus est également en développement. Les cassettes vidéo et les disques optiques disparaissent aussi du marché". Le dirigeant mise également sur le secteur juridique, qui s’annonce très prometteur pour la préservation des preuves juridiques (enregistrements judiciaires) : CCTV, HDTV et reconnaissance faciale, accès à distance des témoins, caméras dans les tribunaux sont devenus essentiels, mais le coût global de conservation doit être maitrisé. Les baies de stockage Alto (Alternative to LTO) de Disk Archive viennent donc se positionner sur ces marchés avec une proposition ouverte (sans verrouillage du format) et sans technologie propriétaire.
Dans la gamme de Disk Archive, le châssis Alto-III peut piloter jusqu'à 10 unités d'extension pour accroitre les capacités d'archivage à 15 Po. (Crédit Disk Archive)
Au format 4U, le châssis Alto-III embarque jusqu'à 60 disques durs SATA (et non pas SAS) de 24 To chacun, ce qui représente une capacité brute exploitable de 1,44 Po. Et comme un appliance maitre Alto-III peut chapeauter jusqu’à 10 unités d’extension - avec 60 DD chacune - dans un seul nœud, la capacité totale peut passer à 15,84 Po. Des disques durs SMR de 26 To peuvent également être utilisés pour augmenter encore la capacité totale. La principale particularité de Disk Archive reste toutefois l’archivage sur disques durs sans recours à des contrôleurs RAID, ce qui permet de désolidariser les disques durs du châssis sans compromettre l’intégrité du volume de stockage grâce au logiciel Alto Manager. Reposant sur Linux CentOS, le système Alto stocke les archives envoyées par un logiciel de sauvegarde sur un seul disque dur/volume formaté en Ext4. Comme les données sont écrites en copie sur deux disques durs identiques, il est possible de conserver un lecteur sur l’appliance et de conserver le second dans une armoire sécurisée. Disk Archive propose un ingénieux système de QR-Code exploitant l’UUID de chaque disque dur pour bien les identifier et les suivre à la trace afin de savoir quelles données sont stockées dans le châssis et dans une armoire forte. Autre option, le stockage des données dans le cloud via une passerelle S3.
Un QR-Code est associé à chaque disque dur pour bien l'identifier quand il est sorti de la baie de stockage. (Crédit Disk Archive)
Plus économe que la bande
Autre avantage mis en avant par le dirigeant, la maitrise de la consommation électrique de sa plateforme avec environ 350 watts par appliance, soit environ 240 Watts par Po avec des disques durs de 24 To. “ Nous parvenons à consommer moins d’électricité qu’une bibliothèque de bandes”, assure le CEO de Disk Archive. Une librairie à bande comme la StorageTek SL150 a une consommation de 338 watts lorsqu’elle est inactive et 751 watts à plein régime. De plus, la librairie STK affiche une vitesse de transfert maximale de 300 Mbit/s (37,5 Mo/s), quand un disque dur SATA sans RAID peut atteindre les 200 Mo/s. “ Si les fournisseurs de stockage sur bande avancent bien qu’une cartouche ne consomme plus rien une fois extraire du lecteur, il faut prendre en compte le travail du robot qui insère les cartouches dans le lecteur et qui, lui, consomme beaucoup ", indique Alan Hoggarth. Et dans les faits, les disques durs ne travaillent en moyenne que 50 heures par an, ce qui prolonge considérablement la durée de vie des lecteurs jusqu'à 15 ans ou plus selon Disk Archive. Et, le recours à des disques durs scellés à l'hélium participe à cette longévité supérieure puisqu’il a moins de vibrations et de frottements et que l'étanchéité du lecteur permet également de réduire l'humidité et bloque d'autres contaminants.
Parmi les 450 clients de Disk Archive, on trouve de grandes chaines de télévision un peu partout dans le monde (Rwanda Broadcasting, National Film Archive of Thailand, TV2 Denmark, Radio & Television Malaysia Media City Project ou encore Super-Scale National Film Archive au Japon). En complément de son haut de gamme Alto-III, le fournisseur britannique commerciale des versions plus modestes de sa baie de disques durs : les Alto ARX (50 à 100 To) et SX (500 To par châssis avec un maximum de quatre unités par nœud). Pour les tarifs, ils vont de 24 000 à 40 000 $, selon les modèles.
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