Les digital natives, issus des générations Y (nés entre 1981 et 1996) et Z (après 1997), représentent désormais la majeure partie des actifs au niveau mondial. Nourris aux technologies numériques dès leur plus jeune âge, ces jeunes travailleurs pourraient représenter de l’or pour leurs employeurs. Dans une étude consacrée à ce sujet, Citrix Systems estime que les Millenials pourraient générer des gains substantiels de 1 900 milliards de dollars pour les entreprises. Mais pour arriver à ce résultat, leurs employeurs devront les accompagner et s’adapter à leurs pratiques de travail, ce qui est loin d’être le cas. Le rapport « The Born Digital Effect », réalisé par le fournisseur auprès de 1 000 chefs d’entreprise et 2 000 employés dans dix pays dont la France (et également en Allemagne, Pays-Bas, Royaume Uni, Mexique, Etats-Unis, Emirats Arabes Unis, Chine, Inde et Japon) a donc pour objectif de comprendre les attentes des jeunes générations vis à vis du travail et d’élaborer une stratégie à destination des entreprises et de l’économie au sens large. Les résultats montrent en effet que les dirigeants sont complètement déconnectés des aspirations profondes des natifs du numérique.
Les divergences portent sur divers aspects de la vie au bureau, dont un bon équilibre entre la vie professionnelle/privée souhaitée par 87 % des Millenials dans le monde et 88% en France. Cette demande est mal comprise par les dirigeants, qui pensent à l’inverse que cette génération doit valoriser l’accès aux dernières technologies sur le lieu de travail ainsi que les opportunités de formation. Autre point de discordance : le télétravail. En France, 34% des natifs Y et Z souhaiteraient travailler tout le temps depuis chez eux (contre 29% dans le monde). Ils sont également 27 % à prôner un modèle de travail hybride avec plus de temps à la maison qu’au bureau. 20 % souhaiteraient un modèle de travail hybride avec une répartition égale du temps entre le domicile et le bureau. Seuls 7% des jeunes français aimeraient être au bureau à plein temps (contre 10% dans le monde).
Des exigences en termes de flexibilité
« À mesure que les entreprises progressent dans la mise en place du travail à distance, elles devront offrir aux collaborateurs la possibilité de se réunir à la fois physiquement dans les bureaux et virtuellement depuis leur domicile, afin qu’ils restent connectés, engagés et préparés à l’avenir du travail », considère Donna Kimmel, vice-présidente exécutive et directrice des ressources humaines chez Citrix, dans un communiqué. Sur le plan du temps de travail, 16% des digital natives français pensent qu’ils devraient avoir la possibilité de travailler quatre jours par semaine s’ils le souhaitent. Du côté de leur emploi du temps, une importante proportion (20%) souhaitent également pouvoir décider du début et de la fin de leur journée de travail. En France, 10% sont pour des horaires non structurés ou basés sur les résultats.
Pour ceux qui recherchent un emploi, les trois aspects les plus importants de la culture d’entreprise sont l’autonomie, ou la possibilité de travailler dans un environnement où règne la confiance ainsi qu’une rémunération qui reconnaît et récompense les performances (84% des digital natives en France). Suit le fait d’avoir un leadership fort et visible (72% des sondés). L’étude pointe également des différences entre les Millenials et leurs patrons dans l’utilisation des technologies existantes sur le marché. Seuls 21 % des dirigeants d’entreprise utilisent des applications de messagerie instantanée comme Slack ou WhatsApp à des fins professionnelles, contre 81 % d’employés nés avec le numérique De plus, 26 % des décideurs aiment utiliser ces applications pour le travail, contre 82 % de jeunes collaborateurs.
La France, citée parmi les pays qui doivent le plus investir
Interrogés sur leur engagement professionnel, près de 30 % des jeunes actifs français se disent prêts à quitter une entreprise qui n’a pas de sens pour eux, contre 61% de dirigeants. 34% quitteraient un poste s’ils estimaient que la culture de l’entreprise ne reflète pas suffisamment leur personnalité contre 64% de décideurs. Les pays de l’étude dotés de systèmes éducatifs relativement bien développés ou de populations plus jeunes par rapport à leurs pairs, tels que les États-Unis, la Chine, les Émirats arabes unis, le Mexique, le Royaume-Uni et les Pays-Bas, sont ceux qui bénéficient le plus des avantages des digital natives, souligne Citrix dans cette étude.
De leur côté, les pays dont la population est relativement âgée, comme la France, l’Allemagne et le Japon, ou dont le niveau d’enseignement supérieur parmi la population la plus jeune est assez faible, ont la possibilité de récolter de plus grands bénéfices. Toutefois, pour y parvenir, ils devront investir dans l’enseignement supérieur et les infrastructures numériques, recruter activement des populations plus jeunes et adapter leurs lieux et leurs pratiques de travail à ces derniers.
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